Tant visés sur les slogans que par des pistolets à eau symboliques, les touristes étaient la cible des manifestants à Barcelone ce 15 juin. Présents lors de la marche anti-tourisme, certains nous racontent leur expérience.
Voies de circulation fermées, rues piétonnes obstruées et pancartes dénonciatrices, mieux valait ne pas se balader dans ce quartier de Barcelone hier après-midi. Ce 15 juin, la nouvelle marche contre le tourisme de masse n'est pas passée inaperçue à Gràcia. Appelés à donner de la voix, des centaines d'habitants, militants et groupes sociaux ont déambulé dès 12 heures dans certains points clé de la ville, tels que le Passeig de Gràcia ou l'Avenida Diagonal.
Sifflé, hué et aspergé d'eau aux côtés d'autres touristes, Johan, un Hollandais, était aux premières loges. "J'ai vu énormément de pancartes anti-Airbnb", commence-t-il, avant de continuer : "À cause du tourisme, la vie est trop chère, les locaux ne peuvent plus acheter de maison". S'intensifiant à l'approche de l'été, la revente de logements était pointée du doigt, aux côtés de l'agrandissement de l'aéroport et des croisières.
Des clients d'un hôtel pris pour cible à Barcelone
Stickers, fumigènes et pétards, les manifestants n'ont pas hésité à s'attaquer à leur principal ennemi : les hôtels. Installé devant le cortège, Paul assiste à la scène : "J'ai vu deux clients se faire mouiller d'eau à l'entrée d'un hôtel. Ils se sont ensuite réfugiés dedans." À ses côtés, les slogans fusent : "Un touriste de plus, un voisin de moins"; "Vous faites passer le capital avant les gens"; "Le tourisme nous vole".
Une lutte contre les prix excessifs que le Français comprend, lui qui avoue être confronté au même problème chez lui : "En Normandie, nous avons aussi du mal à nous loger, comme dans le reste de la France". Alors que la France ne s'est, elle, pas mobilisée, d'autres villes d'Espagne, le Portugal et l'Italie se sont également rassemblés.
Des manifestants en colère, mais toujours aussi accueillants
Assistant lui aussi à la colère des habitants, le Normand explique pourtant être satisfait de l'accueil des Barcelonais : "Je ne suis pas du tout mal à l'aise à Barcelone. Je vois qu'ils ne sont pas anti-touristes car le tourisme est une source de revenu importante pour eux. Ils aimeraient simplement qu'il soit réalisé différemment".
Vacancier habituel, Nicolas a vu de ses propres yeux les dégâts causés par le tourisme. "Ce n'est pas la première fois que je viens à Barcelone. Depuis quelques années, je vois beaucoup plus de déchets par terre. À cause de touristes comme nous, la ville devient sale", décrit le Belge.
Une dégradation que cet habitant de Shangaï a, lui aussi, remarquée : "Le tourisme crée des problèmes pour les locaux, cela se voit et tout le monde en parle". Compréhensif, le touriste chinois avoue pourtant ne pas être habitué à ce genre de manifestation. "Chez nous, quand nous souhaitons nous faire entendre, nous n'allons pas dans la rue, mais nous confrontons directement le gouvernement", conclut-il.
Sur le même sujet
L'annuaire 
