

Je veux apprendre ! Tous les mois, retrouvez un exercice conçu pour les élèves et les professeurs de Français Langue Etranger (FLE), en partenariat avec Santillana Français. Ce mois-ci : CINÉ RENCONTRE - Océans : donner la parole à la Nature
CINÉ RENCONTRE - Océans : donner la parole à la Nature
Une baleine bleue dévorant un krill ou le bruit des pattes du crabe contre le sable... Manuel Monzón (production), Eric Börjeson (vidéo) et Stéphane Durand (scénariste) étaient dernièrement en Espagne pour présenter « Océans ». C'est le documentaire le plus cher de l'histoire : 50 millions d'euros ont été dépensés pour produire le dernier film de Jacques Perrin et Jacques Cluzeaux. Après avoir volé aux côtés des oiseaux avec le « Peuple Migrateur », devenez « poisson parmi les poissons » dans ce qui a été voulu un « opéra sauvage ».
Lepetitjournal.com : Comment l'idée d'une plongée sous les océans s'est imposée comme une suite logique à « Microcosmos » et au « Peuple migrateur » ?
SD : En fait, Perrin avait cette envie depuis longtemps, depuis les années 70 au moins. À l'époque, il manquait simplement les moyens techniques. Jacques a gardé son idée de côté pour la réaliser en grand. Un film en perpétuel mouvement sous l'eau, un opéra avec les sons réels, pour l'essentiel. Certains ont été rajoutés en studio quand les micros n'étaient pas assez sensibles, comme par exemple les pattes des crabes dans le sable?
Quatre années de tournage intensif, quatre de plus pour la production? Comment s'organise un projet d'une telle ampleur ?
E.B. : En 2003, on s'est tous retrouvés à Marseille pour une année entière de formation technique. Comme il s'agissait de produire des images de qualité cinématographique, on avait besoin de caméras plus grandes, d'inventer des outils. Par exemple, un système qui permettent d'éviter les bulles sur les lunettes et de rester jusqu'à une heure et demie à filmer sous l'eau.
Perrin a pris cette année entière pour former l'équipe, dans le sens technique mais aussi pour créer des liens. Pendant le tournage, il arrivait que nous soyons répartis en trois endroits différents sur la planète. On communiquait alors beaucoup par Skype !
S.D : Jacques sait se donner le temps de rester sur le terrain. Le cameraman qui devait filmer la baleine bleue mangeant le krill est resté 28 semaines à attendre ! À l'inverse des équipes de télévision, qui te donnent 10 jours pour engranger le maximum d'images, il a dit « tant que tu n'as pas le plan magique, tu ne rentres pas à Paris ».
Pourquoi y a-t-il si peu de commentaires qui accompagnent les images ?
S.D : C'est un parti pris, depuis « Microcosmos » : donner la parole à la Nature, lui tendre le micro pour pénétrer dans son intimité. Ce qui représente un sacré travail des ingénieurs du son !
Ce film est aussi un spectacle, où l'on a envie de se laisser porter et pas de connaître tous les détails techniques. Comme si pendant « Casse-Noisette », quelqu'un nous soufflait le pedigree de la ballerine, ce qu'elle a mangé avant, d'où elle vient? Alors qu'on veut juste admirer ses entrechats et danser avec elle ! L'envie de s'intéresser aux détails vient après l'émerveillement.
Enfin, comme plus de 80 espèces ont été filmées, les commentaires auraient représenté une voix off en continu !
Comment s'écrit le scénario d'un « opéra sauvage » ?
S.D. : Réellement comme une partition de musique. Chaque moment devait correspondre à une émotion dans la séquence écrite qui déroulait suspense, peur, humour? on a ensuite cherché les animaux qui correspondaient le mieux à ces émotions. Par exemple, la tendresse a été incarnée par cette maman morse et son bébé de quelques heures. Cela a représenté 3 ans de tournage dans l'Arctique !
Partout dans le monde, on a pu collecter des images uniques d'un point de vue scientifique et esthétique, comme la baleine bleue allaitant son petit? Cela a été dur de faire des choix.
Quels ont été les moments les plus difficiles du tournage ?
E.B. : Avec les animaux, il n'y a jamais eu de problèmes. Aucun ne s'est montré dangereux, et puis nous étions très bien encadrés par des scientifiques expérimentés (certains de l'équipe de Cousteau), des plongeurs, des médecins spécialisés? Perrin s'assurait toujours que la sécurité soit au maximum, quels que soient les moyens financiers mis en ?uvre. Il répondait toujours « oui » à nos demandes. Un budget sans limites, c'est une expérience professionnelle assez unique !
C'est plus la mer et sa puissance qui nous ont mis en danger. Tourner sous la glace ou sous des énormes rouleaux, cela représente aussi des moments techniques difficiles.
S.D. : Au niveau émotionnel, le plus dur a été quand Jacques nous a réunis pour nous annoncer le retour au bercail, après 480 heures de tournage? On s'est tous regardés en se demandant « Comment, c'est fini pour de vrai ? ».
Aucun animal n'a été maltraité pour le tournage. Comment avez-vous pu réaliser la scène du massacre avec les requins ?
S.D. : Les baleines, les orques, les loutres? aujourd'hui sont toutes protégées. Nous voulions réellement interpeler sur le thème des requins. Environ 10.000 meurent chaque jour, pour alimenter les soupes d'ailerons des chinois.
Aucun pêcheur n'aurait accepté de nous laisser filmer une « capture », et nous ne voulions pas tuer nous-mêmes un requin, pour des raisons d'éthique évidentes. Nous avons donc utilisé les artifices du cinéma : l'animal que vous voyez est en latex robotisé, et le résultat est plus vrai que nature.
En plus du contact avec les animaux, cela a dû aussi être une aventure humaine? Comment les autochtones recevaient-ils votre projet ?
E.B. : On a d'abord eu la chance d'aller dans des endroits où les humains ne vont jamais, comme cette réserve dans le nord canadien, inhabitée par les Inuits. Ou encore une île aux Galapagos, pour filmer les iguanes. Dans notre barque en bois, on se sentait transportés dans le temps, sur les traces de Darwin !
S.D : Où que nous allions, nous avons été surpris de voir qu'énormément de gens (scientifiques ou pas) connaissaient « Microcosmos » et le « Peuple migrateur ». Et admiraient ce travail ! Tout le monde se mettait donc en quatre pour nous aider, les portes s'ouvraient facilement.
Un documentaire sur grand écran? Le public espagnol n'est pas très habitué ! Comment pensez-vous qu'il va réagir ?
M.M. : C'est réellement un film, avec les animaux pour personnages. Et puis on pense que quand on fait quelque chose avec honnêteté et passion, les gens répondent !
Propos recueillis par Sarah BOSQUET (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Vendredi 30 avril 2010
Activités
1. Lisez le texte ci-dessus, en silence ou à haute voix, individuellement ou collectivement.
2. Cherchez tous les mots appartenant au champ lexical de l'audiovisuel.
3. Répondez aux questions suivantes. Si nécessaire, citez le texte.
a) L'équipe du film était-elle spécialisée dans ce genre de tournage ?
b) Quelle ambiance y avait-il dans l'équipe ? Citez deux phrases.
c) Ce projet était illimité à deux niveaux. Lesquels ?
d) Avec quoi Stéphane Durand compare-t-il le film ?
e) Que signifie l'expression « opéra sauvage » ?
f) Quelle scène représente la tendresse dans le film ?
g) Tout est-il absolument authentique dans « Océans » ?
h) Quels lieux de tournage sont cités ?
i) Comment l'équipe envisage-t-elle l'accueil du film en Espagne ?
4. Donnez un titre à chaque paragraphe (ne pas inclure l'introduction).
5. Entrez sur le site officiel du film « Océans » : http://oceans-lefilm.com/ et répondez aux questions suivantes :
a) Quelles informations a-t-on sur le thon rouge ?
b) Où trouve-t-on les cachalots ?
c) Quel dispositif l'équipe a-t-elle dû mettre en place pour les besoins du tournage ?
d) Quel est le thème du Manifeste ?
e) Cherchez le message que Sylviane (de France) a laissé sur le site du film et commentez-le.
6. Avez-vous vu « Océans » ? Si oui, qu'en avez-vous pensé ? Et si vous ne l'avez pas vu, avez-vous envie de le voir ? Pourquoi ?
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