Débat autour des bateaux de croisière à Barcelone

L'arrivée de nombreux bateaux de croisière au port de Barcelone relance la polémique autour de ce secteur.

Le nombre de paquebots faisant escale à Barcelone se multiplie ces jours-ci avec le début de la saison haute des croisières en Méditerranée. Cette année la fréquentation des passagers de croisière devrait revenir aux niveaux pré-pandémiques de 2019, soit environ 4,1% de l'ensemble des visiteurs de Barcelone. Face à l'arrivée massive de touristes en ville, les habitants et les autorités s'interrogent sur l'équilibre à trouver entre la saturation touristique de Barcelone, l'impact écologique des bateaux de croisière et le bénéfice économique apporté par ce secteur d'activité.

Arrivée massive de touristes

La période des croisières passant par Barcelone débute au mois d'avril et s'étend jusqu'au mois d'octobre. Après deux années de pandémie, Barcelone a vu transiter 2.329.332 passagers de croisière en 2022. En 2023, les spécialistes estiment que l'activité devrait retrouver son plus haut niveau, semblable à celui de l'année 2019. Une tendance qui n'est pas au goût de tous. La mairie de Barcelone souhaite freiner le nombre de bateaux pouvant faire escale dans le port de la ville.

Pour le gouvernement municipal, les bateaux de croisière sont un symbole de massification touristique à éviter. La maire adjointe de l’écologie, de l’urbanisme et des infrastructures Janet Sanz a regretté face à la presse locale l'arrivée de 400.000 touristes de croisière le mois prochain à Barcelone, "un tourisme dont les habitants ne veulent pas, qui ne laisse aucun bénéfice économique, engendre des nuisances et une mauvaise cohabitation".

Miser sur le départ ou l'arrivé des croisiéristes

Du côté de la Generalitat de Catalunya, on ne l'entend pas de cette oreille. Difficile en effet de faire une croix totale sur ce type de tourisme. Les répercussions économiques de ces visiteurs ne semblent pas inintéressantes. Selon une étude menée par l'association portuaire et l'Université de Barcelone, si la ville reçoit cette année le même nombre de passagers de croisière qu’en 2019, la mairie collectera 8 millions d’euros en taxe touristique, six fois plus que l’année précédant la pandémie.

Le gouvernement régional préfère ne pas limiter le nombre de paquebots de croisière, comme le souhaite la mairie, mais propose de mieux les sélectionner. Le président de la Generalitat Pere Aragonés explique que 75% des croisières qui passent par Barcelone doivent avoir la ville comme point de départ ou d’arrivée. Cela permettrait de réduire considérablement le nombre de visiteurs qui ne font escale que pour quelques heures, et de pouvoir ainsi privilégier "des passagers de croisière qui apportent davantage de valeur ajoutée à la ville".

La problématique écologique

Les bateaux de croisière sont pointés du doigt pour leurs néfastes retombées écologiques. Un argument sur lequel s'appuie également la mairie barcelonaise d'Ada Colau afin de faire limiter le nombre de croisières. Le secteur du transport joue un rôle clé dans le Pacte vert européen. L'impact écologique laissé par le secteur maritime y est important. L'association internationale de lignes de croisières (CLIA), qui réunit les plus grands transporteurs au monde, a adopté un paquet de mesures destinées à réduire les émissions polluantes.

De la poudre aux yeux pour la plateforme Stop Creuers Catalunya qui dénonce les "conséquences écologiques insoutenables du transport le plus contaminant par personne et par kilomètre". Cette entité de défense écologiste ne croit pas aux "fausses solutions" avancées par les compagnies. La plateforme convoque une manifestation contre le tourisme de croisière le 7 mai prochain simultanément à Barcelone et à Tarragone.