La réouverture "d’ambassades catalanes" au mois d’octobre fait partie de la stratégie de la Generalitat pour séduire et trouver des alliés à l'étranger.
La réouverture des "ambassades catalanes" continue de faire polémique. Ces bureaux, ouverts par le gouvernement catalan dans plusieurs grandes villes européennes, ont pour objectif de promouvoir l'action extérieure de la Generalitat, de faire connaître ses initiatives et ses objectifs, et de créer des liens avec des acteurs à l'étranger.
Fin octobre, c’est le bureau de la délégation de Rome qui a été rouverte à grands bruits par Ernest Maragall, le conseiller de la Catalogne aux affaires étrangères. Il s’agit de la troisième délégation à rouvrir ses portes après Londres et Berlin.
Ce sera prochainement au tour des bureaux de Washington, Paris et Genève. Maragall a par ailleurs expliqué que l’étape suivante serait l'ouverture des bureaux catalans au Portugal et dans les pays nordiques, voire même un peu plus tard au Moyen-Orient ou en Amérique latine.
Application de l’article 155
Ces "ambassades" avaient été fermées l’an dernier, suite à des mesures approuvées sur la base de l'application de l'article 155 de la Constitution (l’article qui permet de contraindre les communautés autonomes qui ne se conforment pas aux obligations imposées par la Constitution et qui violent l’intérêt général de l’Espagne).
Seul le maintien d’une délégation catalane à Bruxelles avait été autorisé. En septembre, le gouvernement avait fait appel avec succès devant la Cour supérieure de justice de Catalogne afin de rétablir les délégations catalanes à l'étranger.
Pour le gouvernement catalan, l’ouverture de ces ambassades est au coeur de sa stratégie de séduction en Europe et à l'international. "Les délégations garantissent la présence extérieure de la Generalitat devant les instances multilatérales les plus importantes. L’objectif est de défendre les intérêts de la Catalogne et de promouvoir l’internationalisation de son économie, de sa culture et de ses connaissances", a souligné Maragall dans un communiqué de presse.
Proposition de loi du Partido Popular
Face à ces initiatives catalanes, la réaction du PP ne s’est pas fait attendre. Le parti a émis une proposition de réforme de la loi du droit d'action et du service extérieur de l'État, qui avait été approuvée en 2014. Le but : faciliter la fermeture des "ambassades catalanes" à l'étranger.
Concrètement, le parti populaire souhaite surtout ajouter un article 12 bis à l’article 12 de la loi, qui oblige les communautés autonomes à informer le ministère des Affaires étrangères espagnol, avant l’ouverture d’un bureau de "promotion extérieure". Ce nouvel article pourrait s’appliquer lorsque ces bureaux décideraient d’assumer certaines des compétences de l’État ou ne respecteraient pas les principes de l’action extérieure. Dans ce cas, l’État pourrait exiger leur fermeture.
De son côté, le parti Ciudadanos a présenté des documents démontrant le versement de 65.000 euros par la Generalitat à un lobby américain afin de faire pression sur les sénateurs, les membres du congrès et les médias pour qu'ils se prononcent en faveur de l'indépendance.
D'après Carlos Carrizosa, porte-parole de Ciudadanos Cataluña, ces documents montreraient que les "ambassades catalanes" ont été un outil au service de la Generalitat pour ternir la réputation de l’Espagne à l'étranger. Dans ses questions aux gouvernement, le lundi 5 novembre, le parti a par ailleurs demandé comment le gouvernement supervisait les activités des délégations de la Generalitat à l'étranger.