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VIRUS H1N1 - 3 questions à Alexandre Bouchot assistant technique du bureau sous-régional de l’OIE

Alexandre BouchotAlexandre Bouchot
Docteur en médecine vétérinaire, Alexandre Bouchot est assistant technique du bureau sous-régional de l'Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) à Bangkok (Photo Marie NORMAND)
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 5 mai 2009, mis à jour le 5 octobre 2019

Docteur en médecine vétérinaire, assistant technique du bureau sous-régional de l'Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) à Bangkok, Alexandre Bouchot revient sur les craintes de ce que l'on a appelé un peu trop vite la grippe porcine. Selon lui, la Thaïlande a su tirer les leçons des expériences passées et est prête à réagir en cas de pandémie

Lepetitjournal.com : Le porc est-il vraiment à la base de l'épidémie de grippe H1N1, mieux connue sous le nom de grippe porcine ?
Alexandre Bouchot : Les informations à disposition de l'OIE n'indiquent pas pour le moment que les élevages de porcs aient une quelque responsabilité dans l'épidémie de grippe humaine sévissant au Mexique et aux Etats-Unis. Il s'agit d'une transmission d'homme à homme, concentrée dans certaines zones géographiques. On vient en revanche d'observer au Canada un cas de contamination inversé, de l'homme vers le porc, ce qui démontre que les services vétérinaires sont particulièrement vigilants. Nous n'avons pas encore assez d'informations pour déterminer les effets de cette maladie sur les animaux, mais on peut remarquer que les porcs infectés ont récupéré rapidement. La maladie n'est donc pas fortement létale comme la grippe aviaire, où près de 80% de la volaille périt quand le virus H5N1 se déclare dans un élevage. S'il faut, comme l'a demandé l'OIE à tous ses pays membres, renforcer les mesures de protection des animaux, il faut parallèlement bannir l'emploi abusif du terme "grippe porcine"(voir plus bas, ndlr). On a pu observer des embargos sans fondements scientifiques sur le porc nord-américain et des abattages mal justifiés, par exemple en Egypte. Alors que consommer de la viande de porc ne comporte aucun risque supplémentaire, mal communiquer peut déstabiliser durablement des filières et à terme compromettre l'approvisionnement en protéines d'un pays.

LPJ : La Thaïlande est-elle potentiellement à risque ?
A.B. : Le rôle de l'OIE n'est pas de se prononcer précisément sur les aspects propres à la santé humaine. Mais on peut noter qu'on trouve la moitié de la population mondiale dans un rayon de 2.000km autour de Bangkok. L'importance des mouvements de personnes et d'animaux dans la région, ainsi que certaines pratiques (déforestation par exemple), sont un bon terreau pour l'émergence ou la propagation d'un virus. Malgré tout, si la Thaïlande est exposée aux risques d'infections, elle n'est pas touchée à ce jour. Le ministère de la Santé est mobilisé et le royaume possède un système vétérinaire bien développé et efficace. Sans compter que la Thaïlande a beaucoup appris des crises précédentes (SARS et influenza aviaire) : sa capacité de réaction est désormais bien meilleure, les mentalités ont progressé.

LPJ : Les mesures prises par les autorités thaïlandaises sont-elles efficaces ?
A.B. : Le plus important reste la prise de conscience rapide des autorités : il existe aujourd'hui en Thaïlande un plan d'action, validé, impliquant le plus haut niveau ministériel. Il permet de coordonner tous les départements concernés. La Thaïlande s'est aussi attachée à stocker et à produire des comprimés antiviraux Tamiflu. Les efforts de communication déjà engagés par les autorités sont autant de signes favorables. Tous les touristes étrangers en provenance de zones à risque devront désormais répondre à un questionnaire à leur arrivée dans le royaume. Les scanners thermiques, utilisés à l'aéroport international de Suvarnabhumi pour détecter une chaleur corporelle inhabituelle chez les passagers, ne peuvent empêcher la propagation du virus;mais ils représentent une barrière sanitaire supplémentaire et permettent, une nouvelle fois, de communiquer. L'information du public est primordiale, y compris sur des mesures d'hygiène simples et habituelles, comme se laver régulièrement les mains, porter un masque lorsque l'on est malade ou consulter un médecin en cas de symptôme grippal. C'est ce qui a pu manquer lors des épisodes pandémiques précédents, comme la grippe espagnole de 1918 ou la grippe asiatique : il faut que l'information aille plus vite que la maladie.

Marie NORMAND (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 5 mai 2009

A-H1N1 : grippe porcine ou grippe mexicaine ?
L'OIE précise qu'il n'est pas approprié d'appeler la maladie actuelle "grippe porcine"car le virus circulant comporte dans son patrimoine génétique des composantes d'origine humaine, aviaire et porcine à la fois. L'organisation a proposé de l'appeler "grippe Nord-Américaine"par homologie à la grippe asiatique et à la grippe espagnole survenues au siècle dernier. La Thaïlande a, pour sa part, choisi de la désigner par le terme "grippe mexicaine". M.N. (LPJ - 05/05/09)
 

L'OIE en Thaïlande
L'OIE (Office international des Epizooties) a été créée en 1924 pour partager au niveau mondial les informations sur les maladies animales et renforcer les connaissances scientifiques. Devenue "Organisation mondiale de la Santé animale"en 2003 (le sigle OIE a été conservé), l'organisation intergouvernementale rassemble désormais 174 pays membres et les normes qu'elle établit sont reconnues comme références mondiales par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En Thaïlande, où siège une représentation sous-régionale, l'OIE travaille sur un projet d'éradication de la fièvre aphteuse en Asie du Sud-Est d'ici 2020. Le programme se pose comme un modèle de coopération régionale : éradiquer la fièvre aphteuse serait la preuve que les services vétérinaires de la région ont atteint un très bon niveau. On touche ainsi à l'autre objectif de l'OIE dans la région : renforcer les services vétérinaires locaux, notamment en matière de législation, de communication, et de préparation à la gestion en temps de crise. Programme de lutte contre la fièvre aphteuse en Asie du Sud-Est:
www.seafmd-rcu.oie.int Site officiel de l'OIE: www.oie.int. Hotline du ministère de la Santé thaïlandais: 1669. M.N. (LPJ - 05/05/09)

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Publié le 5 mai 2009, mis à jour le 5 octobre 2019

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