

Le système d'examen d'entrée à l'université en place depuis 2006 avait apporté davantage de difficultés que de solutions par rapport au précédent. Trois ans seulement après sa mise en application, les autorités envisagent de changer à nouveau. Le Professeur Kanit Kiawwichai, chef de la faculté d'éducation de l'université Silpakorn nous donne son point de vue
Chaque année au mois de mars les étudiants du secondaire doivent passer une série d'examens d'entrée à l'université. L'année prochaine, un nouveau système devrait être mis en place. Son nom : GAT-PAT (GAT pour General Aptitude Test;PAT pour Professional and Academic Aptitude Test). Alors que beaucoup demandent le retour à l'ancien système Entrance, le gouvernement défend GAT-PAT, qui regroupe les particularités du système Entrance et du système Admission, en place depuis 2006 mais très critiqué (voir détails plus bas). Lepetitjournal.com a demandé son point de vue sur la question au Professeur Kanit Kiawwichai, chef de la faculté d'éducation de l'université Silpakorn.
Lepetitjournal.com : Pourquoi des changements aussi nombreux et fréquents ? Quel est l'objectif ?
Kanit Kiawwichai : Le système d'examen comme Entrance, Admission, ou Gat et PAT, change au gré des gouvernements successifs, chaque ministre de l'Education n'ayant pas la même politique que son prédécesseur. Le but de mettre en place un système d'examen d'entrée à l'université, est de classer les étudiants en fonction de leurs aptitudes pour leur permettre d'étudier ce qui correspond le mieux à leurs aspirations professionnelles et leurs compétences. D'après moi, le système Entrance était le plus efficace : 90% des étudiants qui sont passés par ce système sont allés au bout de leurs études. Le système Admission, quant à lui, amène la moitié des étudiants à arrêter leurs études avant la fin. Je ne comprends pas pourquoi le ministère de l'Education a changé Entrance pour Admission.
Lepetitjournal.com : En quoi consistait le système d'Admission ? Etait-il bénéfique pour élever le niveau de l'éducation en Thaïlande ? Pourquoi ?
Kanit Kiawwichai : Le système Entrance rendait les étudiants plus stressés. C'est pourquoi on a changé par le système Admission dont le moyen de calcul les notes était plus pratique pour les étudiants. Le principe de ce système [notation globale, ndlr] permettait aux étudiants d'entrer plus facilement à l'université que le système Entrance. Mais il empêchait aussi les étudiants de savoir quelle faculté convenait le mieux à leurs aptitudes. De fait, beaucoup d'étudiants qui entraient à l'université avec ce système arrêtaient tout à coup leurs études car ils n'étaient pas en mesure de suivre. Par exemple, pour entrer à la fac d'ingénieur, il suffisait avec Admission de faire la moyenne de l'ensemble des notes pour espérer entrer, alors qu'avec le système Entrance, il fallait passer un examen spécifique à la filière concernée, et un barème était fixé par chaque université selon ses spécialités.
Lepetitjournal.com : L'année prochaine on va changer pour le système GAT-PAT : est-ce selon vous une bonne solution pour améliorer le système éducatif Thaïlandais ?
Kanit Kiawwichai : J'aime bien GAT-PAT sur le principe, cela semble le plus efficace mais, dans la pratique, ce n'est pas une bonne solution dans le contexte thaïlandais.
D'après moi, cela va provoquer encore des problèmes. Il faut évaluer les anciens systèmes comme Entrance qui permettaient aux étudiants d'entrer à l'université avec les compétences requises pour suivre le programme. En tous cas quel que soit le système choisi, il faut améliorer le système pédagogique pour ne pas favoriser les établissements de cours particuliers qui profite de la faiblesse du système éducatif aux dépens des étudiants.
Parida PANSEENUN (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 16 juin 2009
Entrance, un système vieux de plus de quarante ans
Pendant plus de quarante ans, le ministère de l'Education a utilisé le système d'évaluation dénommé Entrance, mis en place en 1961. Son remplacement en 2006 par le système Admission semble avoir apporté davantage de difficultés que d'amélioration. Selon les critiques, le problème d'Admission venait du fait qu'il englobait toutes les matières dans une moyenne générale, alors qu'Entrance sanctionnait l'étudiant matière par matière avec des coefficients variables imposés par chaque université selon sa spécialité. Cela avait pour effet de "globaliser"le niveau des étudiants gommant ainsi leurs aptitudes particulières dans un domaine donné. De fait, un étudiant doué pour les mathématiques et médiocre en littérature pouvait aussi bien se retrouver dans une université spécialisée dans les arts et lettres que dans un établissement scientifique. Les détracteurs d'Admission pointaient aussi le fait que, compte tenu de la faiblesse du système éducatif public actuel, les étudiants voulant accéder aux meilleures universités devaient quasi-obligatoirement suivre des cours particuliers en marge de leurs cours normaux. Cela tendait de fait à renforcer le phénomène d'une éducation à deux vitesses où l'enseignement prodigué par le service public n'est pas suffisant pour prétendre aux meilleurs établissements : en gros, seuls ceux qui pouvaient se payer des cours particuliers à des prix souvent prohibitifs, avaient une chance de passer, alors que les autres devaient se contenter des dernières places. (LPJ - 16/06/09)
Chronologie des systèmes d'examen d'entrée à l'université
1961 : Début d'Entrance
1999 : Nouvel Entrance;les étudiants passent deux examen dans l'année et choisissent la meilleur note
2006 : le système Admission
2010 : GAT-PAT consiste en une double notation (générale et par spécialité) rassemblant les principes d'Entrance et d'Admission
