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THAÏLANDE – 5 ans de violence dans le Sud et aucune issue en vue

Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 12 janvier 2009, mis à jour le 25 novembre 2018

Le nouveau Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjaviva a promis de s'attaquer à l'insurrection séparatiste qui fait rage depuis janvier 2004 dans le sud musulman du pays, ayant déjà causé plus de 3,500 morts. Mais alors que la crise du sud entre dans sa sixième année, les espoirs de voir cesser les violences quotidiennes restent minces

Plus de 3.500 personnes sont mortes depuis le début des violences dans les trois provinces de Yala, Pattani, Narathiwat, et une partie de la province de Songkhla, il y a maintenant cinq ans, en janvier 2004. La crise politique thaïlandaise a laissé l'armée sans garde-fou dans la gestion des violences séparatistes du sud musulman, affirment des activistes. Cela laisse le champ libre à la multiplication des violations des droits de l'Homme, tandis que les rebelles utilisent des méthodes et des technologies toujours plus sophistiquées pour terroriser la population. Et si le nombre de morts a diminué, alors que les militaires mènent leur grande campagne, les rebelles ont encore monté d'un cran la violence de leurs attaques, utilisant des véhicules piégés et posant des bombes sur les routes tout en continuant à décapiter et mutiler les corps de leurs victimes. 
"Les militants agissent de manière plus systématique et avec une maîtrise et une organisation beaucoup plus évidentes", remarque Mohammad Yub Pathan, un chercheur qui collabore avec le groupe d'observateurs indépendants Intellectual Deep South Watch.

Nombreux obstacles à la résolution du conflit
Ce sont là les problématiques qui attendent le nouveau Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, le quatrième chef du gouvernement nommé en un an. Abhisit a promis, aussitôt après avoir été élu par le Parlement le 15 décembre dernier, d'apaiser les tensions dans cette région qui est l'un des principaux fiefs de son parti, le Parti Démocrate. "L'une des premières questions à régler pour lui est de montrer qu'il peut y avoir une justice pour les musulmans dans le sud,"a déclaré à l'AFP Sunai Sunai Phasuk, consultant thaïlandais pour l'ONG Human Rights Watch.
Bien que parmi les aspirations des rebelles le désir d'autonomie semble évident, la nature trouble du conflit mine les efforts pour faire cesser les violences. "On ne peut identifier aucune revendication claire émanant de ce mouvement,"indique Duncan McCargo, universitaire et auteur d'un ouvrage sur le sud thaïlandais. "Leurs griefs dénoncent pour l'essentiel ce qu'ils perçoivent comme des abus de pouvoir de la part de l'Etat thaïlandais et le sentiment historique que les provinces frontalières du sud ne sont pas vraiment partie intégrante de la Thaїlande et ne doivent pas être administrées de la même manière que le reste de la Thaïlande".

Aux mains des militaires
Ce qui contrarie aussi les efforts pour contenir la rébellion est l'instabilité politique qui induit des changements fréquents de gouvernement. "Tout, dans le sud, est dans les mains des militaires, qui ne sont soumis à aucune inspection et n'ont pas à rendre de compte, explique Sunai."Selon lui, tant que les autorités ne poursuivront pas les officiels responsables de la sécurité accusés d'exactions telles que la torture, les exécutions sommaires et les arrestations arbitraires, la méfiance de la part de la communauté musulmane de la région vis-à-vis de l'Etat thaïlandais persistera. 
Mais pour McCargo, la crise du sud thaïlandais demeure largement une question politique et, tant que de sérieuses discussions n'auront pas été entamées sur certains aspects de l'autonomie de la région, les tueries se poursuivront. Avec Abhisit à la tête d'une fragile coalition et dépendant du soutien de la puissante armée, une telle hypothèse semble de moins en moins probable. 

Des tensions vieilles de plus d'un siècle
Le début de l'insurrection remonte à 1902, lorsque la Thaïlande bouddhiste, alors nommée Siam, a annexé l'extrême sud, un sultanat peuplé d'habitants pour la plupart musulmans d'ethnies malaises. Des tensions ont enflé sous la surface tout au long des décennies émergeant occasionnellement pour finalement exploser le 4 janvier 2004 lorsque des rebelles ont attaqué une base militaire, tuant quatre soldats. Le rythme des violences sanglantes a progressivement augmenté pour atteindre une fréquence quasi quotidienne. 2007 a été l'année la plus meurtrière avec 1.015 morts dans les provinces de Narathiwat, Yala, Pattani et une partie de Songkhla, selon des données de police. 600 personnes ont péri en 2008 selon les mêmes sources. En tout, plus de 3.500 personnes ont perdu la vie durant cinq ans d'insurrection. Amnesty International devrait publier ce mois-ci un rapport sur les cas de torture attribués aux forces de l'ordre dans le sud.

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 12 janvier 2009, mis à jour le 25 novembre 2018

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