Les pourparlers devraient reprendre début mars entre des représentants du gouvernement thaïlandais et le principal groupe de rebelles du sud qui luttent pour l'indépendance de leur région, peuplée en grande partie d’habitants d’ethnie malais-musulmane, a fait savoir vendredi le chef de l'équipe gouvernementale.
Le sentiment indépendantiste, dans cette région dominée par la langue malaise et la religion musulmane, existe depuis l’annexion en 1909 par les Thaïlandais de ce qui était le Sultanat de Patani. Le conflit a connu au fil des décennies une alternance de périodes d’affrontement avec des phases plus apaisées. Le dernier cycle de violence a commencé en 2004 et a fait depuis environ 7.000 morts.
Le 21 janvier, la Malaisie a organisé à Kuala Lumpur une réunion entre des responsables thaïlandais et des envoyés du Barisan Revolusi Nasional (BRN), qui contrôle la majorité des rebelles sur le terrain, selon les observateurs, et qui s’est retiré des pourparlers de paix en 2014.
Le général Wanlop Rugsanaoh, chef de l'équipe thaïlandaise, s’est dit d’un optimisme prudent après ces pourparlers en Malaisie.
"La première séance était une réunion de mise en confiance (...) et maintenant il s’agit d’aborder les propositions des deux parties", a déclaré Wanlop aux journalistes. "Cette (prochaine réunion) aura lieu début mars."
Le général a souligné que le dialoque ne se tiendra pour l’instant qu’entre son équipe et le BRN avec la médiation de la Malaisie. Le processus intègrera progressivement d'autres groupes d'insurgés et de la société civile, a-t-il affirmé.
Avertissant que les partisans de la ligne dure des deux côtés pourraient compromettre l'esprit de paix par la violence, Sunai Phasuk, chercheur thaïlandais pour Human Rights Watch, a déclaré: "Le processus devrait également intégrer la population de l’extrême sud".
Le BRN était engagé avec plusieurs groupes d'insurgés dans des pourparlers officiels de paix avec le gouvernement thaïlandais jusqu'au coup d'État militaire en 2014. Deux ans plus tard, la junte militaire a repris les pourparlers avec certains groupuscules, mais le BRN n'a pas rejoint le processus, qui a finalement calé en 2018.
Depuis lors, plusieurs contacts ont eu lieu entre le BRN et le gouvernement thaïlandais, dont une réunion secrète en août dernier hors du territoire thaïlandais.
Mara Patani, un groupe représentant plusieurs factions rebelles, avait salué la réunion du 21 janvier comme une étape positive pour le processus de paix au point mort.
"Il est bon que le BRN ait finalement accepté de s'asseoir à la table. Nous attendions cela depuis si longtemps et ils étaient fuyants", a déclaré à Reuters Abu Hafez Al-Hakim, un porte-parole de Mara Patani. "J'espère que le gouvernement thaïlandais sera sérieux et plus engagé à partir de maintenant."