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SUCCESSION - Maha Vajiralongkorn officiellement proclamé roi de Thaïlande devient Rama X

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Le prince héritier Maha Vajiralongkorn est devenu jeudi soir le roi de Thaïlande, ouvrant un nouveau chapitre pour la puissante monarchie dans un royaume qui observe toujours le deuil de son père.

Le prince héritier Maha Vajiralongkorn a été officiellement proclamé jeudi roi de Thaïlande, d'après une déclaration lue sur toutes les chaines de télévision thaïlandaises, après des semaines de flottement ayant suscité beaucoup d'inquiétudes.

Alors qu'il passait jusqu'ici le plus clair de son temps en Allemagne où il possède des propriétés, Maha Vajiralongkorn est revenu dans le royaume jeudi pour être officiellement proclamé roi et devenir Rama X.

"J'ai répondu favorablement aux souhaits du défunt roi pour le bien de toute la population thaïlandaise", a déclaré le nouveau monarque, après une audience avec le président du Parlement dans sa résidence de Bangkok. Etaient également présents lors de cette cérémonie chargée en rituels, le chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha et le régent, Prem Tinsunalonda, président du Conseil privé du roi.

Pour célébrer la montée sur le trône du nouveau roi, les temples du pays ont fait sonner leurs tambours et gongs après cette proclamation officielle intervenue dans la soirée. Il ne sera toutefois pas couronné tout de suite. La cérémonie ne peut se tenir qu'après la crémation de Bhumibol, qui ne devrait pas intervenir avant une année.

Cette proclamation met fin à une période d'incertitudes et ouvre une nouvelle ère pour le royaume, sans monarque depuis le 13 octobre et l'annonce de la mort de Bhumibol Adulyadej, après 70 ans de règne.

Le nouveau roi aura néanmoins la lourde charge d'effacer les craintes liées à son caractère imprévisible, source d'inquiétudes quant à sa capacité à incarner un jour la figure de Père de la Nation. Mais certains analystes s'inquiètent de son apparente volonté de régner a minima.

Celui qui avait demandé un "délai" avant de monter sur le trône afin de porter, avec les Thaïlandais, le deuil de son père, est depuis resté très discret. Il n'a pas pris la parole en public et n'a pas modifié ses habitudes: il a passé peu de temps dans le royaume, repartant en Bavière dès fin octobre.

Et alors que sa personnalité fait débat, même au sein des conseillers du palais et des généraux aux manettes du gouvernement, les analystes soulignent que Vajiralongkorn aura à gérer les rapports de forces entre les différentes factions au sein de l'élite militaire.

Jusqu'ici, la régence a été assurée par le plus influent des conseillers royaux, Prem Tinsulanonda, âgé de 96 ans, chef de file de la vieille garde conservatrice, qui devrait rester puissante si le prince décidait de régner à distance, depuis l'Allemagne.

L'image de Vajiralongkorn contraste avec celle de son père, Bhumibol. Le défunt roi était la figure tutélaire du royaume, rassurante pour de nombreux Thaïlandais, qui vivent dans l'idée qu'il était le "père de la nation", après des décennies de propagande, renforcée par une loi de lèse-majesté très stricte - celle-ci punit de 15 ans de prison toute personne diffamant la famille royale.

Ce militaire de formation de 64 ans a notamment eu trois divorces et le dernier, d'avec sa troisième femme, la princesse Srirasmi, épousée en secret en 2001, avait coïncidé en décembre 2014 avec un scandale sans précédent qui avait conduit de nombreux membres de la famille de cette roturière derrière les barreaux pour lèse-majesté - ils sont accusés d'avoir profité de leur statut de proches de "la plus haute institution" pour tirer des bénéfices financiers, ce qui a été largement interprété comme une opération de nettoyage de l'entourage du futur monarque.

Les rares médias, y compris internationaux, évoquant ces affaires s'autocensurent, de crainte de tomber eux-mêmes sous le coup de la loi : les accusations, les arrestations et les condamnations peuvent être racontées mais faire état des détails des accusations peut être considéré comme une violation de cette loi.

Pays toujours en deuil

ouvoir, les poursuites se sont multipliées et les sentences alourdies. Mi-novembre, une Thaïlandaise a été condamnée à une peine de 150 ans de prison pour lèse-majesté.

Le dernier coup d'Etat, en mai 2014, avait été mené au nom de la sauvegarde de la monarchie par une armée soucieuse de verrouiller la scène politique à l'approche de la succession, dans un royaume très divisé sur le plan politique.

Deux pôles irréconciliables s'affrontent depuis plus d'une décennie : les ultra-royalistes d'un côté, et les partisans de Thaksin et Yingluck Shinawatra (ex-Premiers ministres renversés par l'armée en 2006 puis 2014).

Dans les rues de Bangkok, les immenses affiches à la gloire de Bhumibol sont toujours présentes à chaque coin de rue et de nombreux habitants de la capitale continuent à porter des vêtements noirs en signe de deuil.

Ce jeudi, 50e jour de deuil, a été marqué par de grandes cérémonies bouddhistes au sein du grand palais de Bangkok où repose le corps du défunt roi, présidées par son fils. D'après la junte, un million de personnes se sont rendues ces dernières semaines dans la salle du trône pour s'incliner devant la dépouille.
 

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