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DEUIL NATIONAL – La Thaïlande en noir pour pleurer la disparition du roi

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 octobre 2016

Des millions de Thaïlandais se sont vêtus de noir vendredi pour pleurer leur roi, dont la mort ouvre une page de grande incertitude pour un royaume dont il était la clef de voûte depuis 70 ans.

Des joggeurs faisant leur footing matinal aux employés de bureau dans le métro, toute la Thaïlande était vendredi en noir et blanc, couleur du deuil en Asie.

Des dizaines de milliers de Thaïlandais ont afflué vers le palais vendredi, pour voir arriver le cortège funéraire du roi Bhumibol Adulyadej, décédé jeudi à l'âge de 88 ans.

Le parcours entre l'hôpital Siriraj et le palais a été fermé à la circulation avant l'aube.

Une marée de Thaïlandais endeuillés a inondé  les trottoirs le long du parcours de l'escorte royale qui devait transporter le roi depuis l'hôpital ou il est décédé jusqu'à son scintillant palais.

Plusieurs milliers d'autres, dont beaucoup brandissaient des portraits du défunt souverain, attendaient au palais, bouleversés par la perte du seul roi que la plupart d'entre eux ont connu.

Mains jointes, tout de noir vêtus, certains se sont effondrés en pleurs au passage de l'ambulance transportant la dépouille du roi Bhumibol Adulyadej, de l'hôpital vers le grand palais.

Certains, parmi ceux qui étaient à l'hôpital, se sont évanouis sous l'effet de la chaleur accablante et ont du être transportés sur des civières.

"Peu importe la distance qu'il y a à parcourir, je peux marcher," lance Phongsri Chompoonuch, 77 ans, étreignant le portrait du monarque en se dirigeant vers le palais.

Le prince héritier Maha Vajiralongkorn, 64 ans, devait ensuite conduire la cérémonie bouddhiste du "bain" du corps de son père, première étape d'une longue série de rites qui durent plusieurs mois pour les membres de la famille royale.

Ils s'achèvent par la crémation du corps, plusieurs années après le décès pour un roi en Thaïlande.

Bhumibol Adulyadej, hospitalisé quasiment en continu ces deux dernières années, n'était pas apparu en public depuis près d'un an.

Il n'en restait pas moins la figure tutélaire du royaume, rassurante pour de nombreux Thaïlandais, qui vivent dans l'idée qu'il était le "père de la nation", après des décennies de propagande assénée dans les écoles et à la télévision.

"Nous ne l'avons plus. Je ne sais pas si je saurai accepter cela. J'ai peur, car je ne sais pas ce qui est à venir ensuite," s'inquiète Phongsri Chompoonuch.

"Maintenant, j'ai peur de ce qui peut advenir, en ce qui concerne l'administration du pays, le type de régime sur le long terme," confie Arnon Sangwiman, employé de la compagnie nationale d'électricité de 54 ans.

"Tant que le roi était en vie, le peuple restait uni", explique-t-il.

Les rares voix critiques de la monarchie évoquent une

institution en décalage avec une Thaïlande moderne, laquelle a continué vendredi à vivre quasiment comme si de rien n'était.

Vendredi matin, l'activité commerçante de la rue était en effet normale, même si le gouvernement avait demandé aux écoles de fermer et déclaré une journée de deuil pour les fonctionnaires.

Les autorités ont aussi redemandé au secteur du "divertissement" de cesser toute activité pendant 30 jours, les policiers faisant du porte à porte jeudi soir sur l'avenue Sukhumvit pour dire aux responsables des débits de boissons que la vente d'alcool serait interdite pendant un mois -néanmoins, cela ne semble pas pour l'heure s'appliquer.

Une situation très inhabituelle dans la capitale d'un royaume à la vie nocturne très active, avec des établissements de nuit et des bars très fréquentés par les touristes.

Les chaînes de télévision locales, en noir et blanc depuis jeudi après-midi, sont repassées à la couleur, vendredi.

Mais toutes -y compris les canaux internationaux des bouquets satellites- diffusaient toujours le programme unique imposé par les autorités, avec films documentaires en l'honneur du roi et interviews de Thaïlandais en pleurs tournant en boucle.

Alors que plusieurs personnalités internationales dont le président américain Barack Obama et le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon ont présenté des messages de condoléances et d'hommage au roi Bhumibol, plusieurs ambassades occidentales ont appelé leurs ressortissants à se faire discrets, et à "adopter une attitude discrète et sobre" selon l'expression de la diplomatie française.

Dans les lieux fréquentés par les expatriés vendredi, tous étaient vêtus de noir.

Dans le métro de Bangkok, les écrans publicitaires du métro affichaient vendredi un poème sur fond gris: "Notre pilier nous a quittés, le ciel s'est déchiré".

P.C. avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 14 octobre 2016
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Publié le 13 octobre 2016, mis à jour le 14 octobre 2016

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