L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé mardi qu'il existait de "bonnes chances" de limiter la propagation de parasites du paludisme résistants au traitement le plus efficace, l'artémisinine, après l'émergence de ces parasites aux frontières de la Thaïlande.
Dans un article publié dans la revue médicale britannique The Lancet début avril, une équipe de chercheurs avait mis en garde contre la dissémination de ces parasites résistants à l'artémisinine, identifiés à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, après avoir été trouvés quelques années auparavant à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. "La dissémination des parasites résistants à l'artémisinine en Asie du Sud-Est et le risque de propagation en Afrique subsaharienne, où la plupart des décès se produisent, seraient un désastre en terme de santé publique et provoqueraient des millions de morts", avait indiqué un des auteurs, Standwell Nkhoma.
Mais "nous pensons que les deux émergences sont totalement indépendantes", a déclaré mardi à Bangkok Pascal Ringwald, coordinateur du programme paludisme de l'OMS. Le premier foyer de résistance est apparu déjà il y a huit ans et "jusqu'ici, nous n'avons pas trouvé de résistance à l'artémisinine en dehors de la région du Mékong", a-t-il noté. En tenant compte de cette situation et "avec les activités de confinement, je pense que nous avons de bonnes chances de garder (cette résistance) dans la région", a-t-il encore estimé. A moins qu'elle n'apparaisse indépendamment ailleurs. Les mesures de confinement incluent la diffusion de moustiquaires et de médicaments efficaces, la désinsectisation et la généralisation de tests rapides de diagnostic.
D'autre part, le fait que les parasites soient résistants à l'artémisinine n'empêche pas les patients d'être soignés, a insisté le Dr Ringwald. Ce médicament est utilisé en association avec d'autres et la résistance allonge simplement d'un ou deux jours la durée de guérison normale, autour de 24 heures. Ainsi, si la situation est inquiétante, l'OMS, qui a organisé cette semaine une conférence à Bangkok pour discuter de la question avec les acteurs de la région, estime qu'il n'y a "pas de raison de s'alarmer". Même si elle recommande malgré tout d'accélérer les efforts de confinement.