La junte militaire au pouvoir depuis plus de quatre ans en Thaïlande a levé ce mardi l’interdiction de mener des campagnes politiques, à l’approche d’élections promises pour début 2019.
«Cet ordre prend effet à la date de son annonce dans la Gazette royale», précise le journal officiel, publié ce mardi.
«Le peuple devrait avoir le droit de choisir les partis politiques qui administreront le pays et les partis devraient pouvoir faire campagne pour exposer leurs programmes», précise l’article, intitulé «Autoriser les activités politiques».
Les politiciens de tous bords, y compris ceux plutôt proches des idées conservatrices des militaires, réclament depuis des mois la levée de l’interdiction des activités politiques, au premier rang desquels les meetings.
Nombre d’entre eux jugent déjà tardive cette réautorisation des activités politiques, les élections, plusieurs fois repoussées, étant promises pour fin février par les militaires, laissant désormais à peine plus de deux mois à leurs adversaires pour faire campagne.
Plusieurs dizaines de partis nouvellement créés se sont enregistrés ces derniers mois en vue des élections. Parti démocratique du Siam, parti pour l’unité de la Thaïlande... la plupart des nouveaux entrants sont des novices en politique venus du milieu des affaires ou du monde universitaire.
Plusieurs mouvements ont aussi été récemment créés par des agriculteurs.
La vie politique thaïlandaise était dominée depuis près de 20 ans par le Puea Thai qui a remporté toutes les élections nationales depuis 2001, mais est aujourd’hui affaibli car ses figures de proue se sont exilées: Yingluck Shinawatra, la Première ministre dont le gouvernement a été renversé en 2014 par un coup d’Etat militaire, vit en Angleterre pour échapper à une condamnation largement dénoncée comme politique.
Son frère Thaksin, lui aussi ex-Premier ministre, a aussi choisi la voie de l’exil pour échapper à une affaire de corruption qu’il juge politique.
La junte militaire avait annoncé en septembre un «assouplissement» de l’interdiction des activités politiques, les partis étant pour la première fois depuis 2014 autorisés à recruter de nouveaux membres. Toutefois, il leur était toujours interdit de faire campagne jusqu’ici.