Pieds nus et vêtus d’un costume rudimentaire fait de cordelettes, deux artistes masqués, déguisés en «ancêtres» légendaires du Laos, arpentent les rues de Luang Prabang à l’occasion des bouillonnantes célébrations du nouvel an qui attirent chaque année des centaines de fidèles dans cette petite ville habituellement tranquille.
Les participants jettent de l'eau sur le couple et leur lionceau au masque doré lors de cette procession annuelle issue du folklore laotien qui a lieu au cœur des congés du nouvel an bouddhique.
Selon la légende, le roi divin du Laos lança un jour un appel sur terre pour que des volontaires aillent couper une énorme vigne qui empêchait les agriculteurs de cultiver du riz et des légumes.
Personne ne se présenta, mais finalement, un vieux couple -Pou Nyer (grand-père) et Nyar Nyer (grand-mère) – se proposa d’exécuter la mission, tout en sachant qu'une tâche aussi difficile lui couterait la vie.
Après la mort des deux héros, tués par la vigne géante, le roi appela les Laotiens à vénérer pour l’éternité le couple et leur lionceau, et ils sont maintenant considérés comme les protecteurs ancestraux du pays.
Aujourd'hui, deux acteurs masculins représentent le couple sacré et deux autres jouent le lionceau. Costumes et masques n’apparaissent qu'une fois par an pour un défilé qui se conclut par une danse dans le temple doré Wat Xien Thong, l'un des plus anciens et des plus craints, sur les rives du Mékong.
Lorsque les festivités s’achèvent, les costumes sont soigneusement replacés dans un coffre spécial dans un temple situé à l’autre bout de la ville surnommé le "sanctuaire des divinités", où ils resteront 12 mois.
La procession constitue l'aboutissement de plusieurs journées de réjouissances dans cette charmante petite ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, haut-lieu touristique qui a attiré plus de 755.000 visiteurs l'année dernière, selon les données officielles du Laos.
Ailleurs dans la ville, des éléphants vêtus défilent dans les rues et des offrandes sont apportées aux moines en robe orange au lever du soleil dans les temples fleuris de la ville. Sur les rives sablonneuses de la rivière, des fidèles créent des petits stupas de sable ornés d'images de moines et de fleurs sacrées.
Certains font le déplacement tout spécialement pour participer à ces célébrations annuelles.
"J'ai planifié mon voyage pour voir le Nouvel An au Laos ... c'est ma première fois", confie Couelle Guillaume, une touriste française. "C'était unique à voir ... différentes cultures et ethnies."