L'économie thaïlandaise a déjà passé son niveau le plus bas et devrait se contracter moins que prévu cette année, selon les autorités responsables qui notent une reprise de la consommation.
"Nous pouvons dire que notre niveau le plus bas a été au deuxième trimestre", a déclaré mercredi Danucha Pichayanan, chef du Conseil national de développement économique et social (NESDB), devant un parterre de dirigeants d'entreprises lors d’un dîner débat.
Le NESDB note une reprise de la consommation aidée entre autres par un retour vers la normale des prix des produits agricoles.
Les données officielles du produit intérieur brut (PIB) thaïlandais pour le troisième trimestre sont attendues pour le 16 novembre.
"Le PIB sera négatif cette année, mais moins que prévu précédemment en raison d'une reprise de la consommation", avait annoncé un peu plus tôt dans la journée le ministre des Finances Arkhom Termpittayapaisith.
Le ministre a indiqué que les rentrées provenaient des exportations tandis que le pays restait fermé au tourisme. Il a ajouté que "la politique de change devrait soutenir les exportateurs".
Le ministère des Finances prévoit néanmoins pour 2020 une contraction de 7,7% sur une économie sacrifiée au risque zéro sanitaire.
Le baht a atteint mercredi son niveau le plus élevé en 10 mois, à 30,19 bahts pour un dollar américain (1 euro s’échangeait 35.6 bahts).
Tourisme à l’arrêt
La Thaïlande a jusqu'à présent été relativement épargnée par le nouveau coronavirus, ne déplorant que 3.847 cas d’infection et 60 morts. Après avoir continué d’accueillir les visiteurs étrangers pendant deux mois après l’apparition des premiers cas de Covid-19, parmi lesquels des dizaines de milliers de touristes en provenance de l’épicentre de l’épidémie, les autorités ont brusquement fermé le pays à la plupart des étrangers début avril, à l’exception de quelques catégories autorisées au compte-goutte après une procédure longue incluant une quatorzaine.
Quelques dizaines de touristes ont été autorisés depuis octobre dans le cadre d’un nouveau visa long séjour, mais cela reste anecdotique en comparaison des quelque 3,3 millions de visiteurs accueillis par mois en 2019 dans le royaume.
En conséquence, le tourisme, l’un des moteurs de l’économie, est à l’arrêt depuis la fin du premier trimestre, provocant la fermeture définitive de centaines d’entreprises et menaçant l’avenir milliers d’autres qui arrivent au bout de leurs réserves avec des centaines de milliers d’emplois qui en dépendent.
La Fédération des industries thaïlandaises estimait fin septembre que les pertes d'emplois se monteraient entre 2,5 et 3 millions cette année, dont plus d'un million sur le seul secteur du tourisme. La Thaïlande compte environ 38 millions d’actifs dont environ la moitié dans l’économie informelle.
Le gouvernement annonce d’ores et déjà que le bilan de fréquentation touristique pour la Thaïlande ne dépassera pas les 6,7 millions de visiteurs étrangers cette année, un chiffre déjà atteint au premier trimestre. En 2019, la Thaïlande avait accueilli 39,8 millions de touristes étrangers dont les dépenses (1.930 milliards de bahts) représentaient environ 11,4% du PIB.
Ajuster la fiscalité en 2021
La deuxième plus grande économie d'Asie du Sud-Est a vu son PIB se contracter de 12,2% en glissement annuel au deuxième trimestre, la plus forte baisse en 22 ans.
La situation budgétaire de la Thaïlande reste solide mais l'année prochaine vont se poser un certain nombre de défis vis-à-vis des entreprises contribuables, a déclaré le ministre des Finances, ajoutant que son ministère prévoit en conséquence d'ajuster la fiscalité pour accroître les recettes tout en soutenant certains secteurs cibles.
Les banques thaïlandaises, elles, restent solides, avec des liquidités abondantes, a déclaré le gouverneur de la banque centrale, Sethaput Suthiwart-Narueput.
"Cette crise est plus grave que les précédentes, mais il y a de la stabilité. Il faudra beaucoup de temps pour la résoudre et les mesures doivent être précises et ne pas jeter un vaste filet", a-t-il déclaré, soulignant le chômage provoqué par l'effondrement du tourisme et l'endettement croissant des ménages.