Trois étudiants d'une école de commerce d'Angers ont enfourché leurs vélos en octobre dernier direction le monde. Ils profitent de l'aventure pour rendre visite aux entrepreneurs français de l'étranger et recueillir les témoignages sur leur expérience de créateurs d'entreprise expatriés. Lepetitjournal.com les a interceptés à Bangkok
C'est beau la jeunesse, surtout quand on en s'en sert. Trois étudiants en fin de cycle de l'ESCCA (Ecole Supérieure des Sciences Commerciales d'Angers) ont décidé il y a un an et demi de faire le tour du monde à vélo, vivre l'aventure au grand air. Mais sans pour autant perdre le nord.
Afin de valoriser au mieux le coup de pédale, Matthieu Jan, Grégoire Tiberghien et Jean-Baptiste Dalle ont voulu profiter de ce périple d'un an sur 17.000 kilomètres à travers 33 pays, dont la Thaïlande, pour interviewer 50 jeunes entrepreneurs français établis hors de France, et ainsi en savoir davantage sur la création d'entreprise à l'étranger.
Cette idée s'inscrit dans la droite ligne de leurs études et des perspectives qu'ils entendent donner à leur avenir. "Nous avons la formation et l'envie mais pas l'expérience de la création d'entreprise, confie Jean-Baptiste, qui a néanmoins déjà suivi deux stages à Hong Kong et Shanghai avec un court passage par la Thaïlande. Après avoir parcouru 5.000 kilomètres de la Finlande à la Grèce en passant par le Qatar et l'Inde, nos trois amis sont arrivés à Bangkok mi-février. Et au tiers de leur itinéraire, ils comptabilisaient déjà 30 interviews ! "Il y en aura beaucoup plus de cinquante au final", estime Matthieu. D'autant que leurs rencontres jusqu'à présent se sont plutôt bien déroulées. "Nous sommes toujours bien reçus, confie Matthieu, certains nous ont même logés, et ils suivent notre parcours".
Courir le monde et les entrepreneurs français
Les témoignages des uns et des autres leur ont également laissé une impression très positive. "Il faut dire que nous avons rencontré beaucoup de gens qui ont réussi, précise Matthieu. Les expériences sont très diverses, certains sont de riches voyageurs, d'autres ont fui la France pour pouvoir créer leur entreprise". "Tout est bloqué en France, reprend Jean-Baptiste". Et Grégoire de poursuivre : "80% [des interviewés] n'ont pas une image très positive de la France. Néanmoins, la plupart n'ont pas choisi leur pays d'accueil pour y créer une entreprise, ils créent plutôt l'entreprise là où ils ont choisi de s'établir, lorsque l'opportunité se présente. D'ailleurs, ils n'ont pas forcément une formation d'entrepreneur au départ", dit le jeune lillois. "Mais ils ont un background sur le secteur dans lequel ils créent, ajoute Matthieu. Leur point commun à tous est qu'ils croient très fort à ce qu'ils font, ils persévèrent, ils ne lâchent rien !". "Ce sont des gens qui en veulent, ce sont tous des passionnés. Pour créer une entreprise, il faut être passionné", conclut Jean-Baptiste.
A Bangkok, nos globe-trotters ont rencontré trois entrepreneurs : Jacques Prades (Gamma Créations), Yann Lejean (Asia Web Service), et Alexandre Dupont (Law Solutions). Leurs discours sur le contexte du développement de l'entreprise sont aussi différents que leurs secteurs d'activité respectifs, nous diront les enquêteurs, mais tous trois se rejoignent sur la qualité de vie et l'environnement qu'offrent la Thaïlande (leurs interviews seront visibles à partir de demain si tout va bien sur le site roulezjeunesse.unblog.fr).
Après une pause de quelques jours au Laos avec leurs parents, le trio a repris la route aujourd'hui en direction de Siem Reap, pour continuer l'aventure sur la péninsule indochinoise, puis ce sera la Chine avant de s'envoler vers l'Australie. D'autres rendez-vous avec Lepetitjournal.com sont prévus en mai à Santiago du Chili et en juillet à Sao Paulo. Retrouvez toutes leurs interviews sur roulezjeunesse.unblog.fr et découvrez les détails du projet sur roulezjeunesse.org.
Par Pierre QUEFFELEC mardi 4 mars 2008
Après le tour du monde de l'entreprise, le tour de France des écolesA leur retour en France, les trois copains veulent faire partager leur expérience aux étudiants d'autres écoles. Ils envisagent pour cela d'effectuer un tour de France des écoles de commerce. Matthieu évoque aussi la possibilité de publier un livre. Grégoire aura pour sa part de quoi nourrir son mémoire de fin d'étude qui s'intitule : "L'entreprise française à l'étranger, fuite des talents ou atout pour notre pays ?"Pour l'heure, ils se sont rapprochés d'associations. "Sur le thème de la création d'entreprise, il y a beaucoup d'associations actives en France, indique Matthieu, on souhaite donc apporter de quoi nourrir leurs réflexions et leurs travaux."Nos trois amis sont d'ailleurs en contact avec Sylvain Peuch, créateur du portail de l'entreprenariat français à l'étranger www.entrepreneursfrancais.com. Il avait eu en 2006 la même idée de voyage autour du monde à la rencontre des entrepreneurs français. Le nombre d'entrepreneurs français à l'étranger reste encore difficile à évaluer, mais par le Rapport 2007 du Directeur des Français de l'Etranger révèle qu'ils seraient 61.408 inscrits sur les listes consulaires. Le site www.entrepreneursfrancais.com avance quant à lui une fourchette d'estimation allant de 100.000 à 250.000, que partage Jacques Gerard, un ancien membre du conseil économique et social auteur d'un rapport du Conseil Economique et Social réalisé en 2004 sur les entreprises créées par les Français établis hors de France, cité dans un article du Nouvel Economiste d'avril 2007, "Si vous aimez la France, quittez-la". Voir aussi le site www.entreprisesaletranger.org |