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Le roi de Thaïlande conclut le couronnement par un appel à l'"unité"

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Jewel SAMAD / AFP - Le roi Maha Vajiralongkorn (2e dr) aux côtés de son épouse la Reine Suthida (dr) et ses enfants, la princesse Sirivannavari Nariratana (à gauche), le prince Dipangkorn Rasmijoti (2e g) et la princesse Bajrakitiyabha Mahidol
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 7 mai 2019, mis à jour le 7 mai 2019

Le nouveau roi de Thaïlande a insisté lundi sur la nécessaire "unité" de son royaume, très divisé entre conservateurs ultra-royalistes et réformateurs, lors d'une adresse au peuple depuis le balcon du palais, en clôture de trois jours de couronnement.

Le fraichement couronné roi Maha Vajiralongkorn s'est félicité lundi de la manifestation d"’unité" lors de sa première allocution publique au Grand Palais, concluant trois jours de cérémonies de couronnement, devant une foule de fidèles et en présence du chef de la junte qui dirige, depuis le coup d'état de 2014, le pays profondément divisé.

S’avançant sur le balcon du pavillion Sutthaisawan Prasad sous les acclamations de la foule, le roi Vajiralongkorn a déclaré qu'il était "ravi et heureux" de cette démonstration d’unité.

"Je veux que l'unité affichée ici avec tant de bonne volonté soit un encouragement, pour tous, pour toutes les parties, à oeuvrer à la prospérité de notre pays", a déclaré le roi Maha Vajiralongkorn à la foule. Samedi, jour du couronnement, le roi avait déjà appelé ses sujets à la "paix".

Des milliers de personnes rassemblées devant l'aile Est du Grand Palais scandaient "Vive le roi!", coiffés de casquettes et chapeaux jaunes - couleur représentant le lundi, jour de naissance du roi- et agitant avec ardeur le drapeau national thaïlandais.

"Je vous remercie pour les bons voeux du Premier ministre, qui a parlé au nom du peuple", a ajouté le roi, introduit par le chef de la junte, le général Prayuth Chan-O-Cha.

"Nous sommes ici en marque de loyauté. Nous voulons préserver la stabilité de la société", a déclaré le général Prayuth, meneur du coup d'Etat de 2014, qui se voit bien continuer en politique une fois les résultats des élections publiés. "Je souhaite que Bouddha protège (le roi) et lui accorde une longue et heureuse vie", a ajouté le général.

Vajiralongkorn était accompagné de la nouvelle reine de Thaïlande, Suthida, épousée en quatrième noce la semaine dernière, quelques jours avant le couronnement.

Pramote Mapongtao, employé d’entreprise, s’est dit "submergé quand j'ai vu Sa Majesté debout là-bas".

Il faisait partie des nombreuses personnes ayant bravé les températures caniculaires qui oscillaient autour de 37 degrés, provoquant plusieurs évanouissements.

Alors que l'obscurité tombait sur le quartier historique de Bangkok, un spectacle de drones dessinait dans la nuit les contours du visage du roi.

Le monarque âgé de 66 ans, le 10ème roi de la dynastie Chakri, est monté sur le trône fin 2016, après la mort de son père Bhumibol Adulyadej.

Autre facette de la famille royale

Après son discours, lundi, le roi s'est tenu sur le balcon aux côtés de son épouse, la reine Suthida, et de ses enfants issus de trois précédents mariages.

La princesse Sirivannavari, créatrice de mode, francophone et bien connue de la scène parisienne, a capturé l'instant, pivotant incessamment autour de son smartphone. Une vidéo prise depuis le balcon n’a d’ailleurs pas tardé à tomber sur Twitter.

Au cours du week-end, elle a publié sur Facebook plusieurs photos personnelles des membres de sa famille, notamment une sur laquelle elle exprime sa joie de tout son corps dans une gestuelle rock and roll à côté de son demi-frère tout sourire.

Geste naturel et spontané de la part d’une jeune princesse moderne ou communication d’image de la part du palais, cette posture informelle a suscité une réaction très positive de la part des Thaïlandais.

"Voir ainsi une autre facette (d’eux) non officielle est une bonne chose", a déclaré un fidèle sous couvert d’anonymat en raison de le caractère sensible que revêt toute discussion sur la famille royale.

La sœur aînée du roi, la princesse Ubolratana, utilise depuis longtemps Instagram pour communiquer avec ses fans. 

Elle a fait la Une des journaux en février en tentant de présenter sa candidature au poste de Premier ministre dans un parti anti-junte inféodé à l’ennemi numéro un de l’establishment conservateur, Thaksin Shinawatra. Mais le roi a mis son veto à la candidature et le parti a ensuite été dissous.

Même si elle a été aperçue étreignant le roi à la veille du sacre, elle s’est vue demander, dans la section commentaires d'une photo qu'elle a publiée samedi, pourquoi elle n'avait pas reçu de titre royal pendant l'événement.

"Parce que cela correspond à mon travail", a-t-elle déclaré. "C'est plus pratique et efficace de cette façon."

Controverse électorale

L'événement qui a duré trois jours - premier sacre en Thaïlande depuis 69 ans - a conforté la position de Vajiralongkorn au sommet de l'une des plus riches monarchies du monde.

Il a placé la "Grande couronne de la victoire" de 7,3 kg sur sa tête samedi. Dimanche, le roi a traversé le vieux quartier de Bangkok à bord d'un palanquin doré au cours d'une procession haute en couleur de sept heures.

Mais l’évènement s’est déroulé au milieu de la controverse électorale dont le prochain épisode très attendu devrait avoir lieu cette semaine.

La tension risque en effet de remonter dès mercredi, jour de la publication des résultats définitifs des élections législatives du 24 mars, repoussés en raison de disputes sur les méthodes de calcul des bulletins notamment. Le parti Palang Pracharat - aligné à la junte au pouvoir depuis bientôt cinq ans – revendique la victoire sur le vote populaire, mais une coalition de partis "pro-démocratie" affirme avoir une majorité à la Chambre basse.

Selon les analystes, la séquence des événements n’est pas anodine. 

"Les pouvoirs en place ont clairement calculé que les Thaïlandais seront plus complaisant à ce moment - et par conséquent moins susceptibles de manifester", a déclaré Karen Brooks, chargée de recherche adjointe pour l'Asie au Council on Foreign Relations.

"Nous saurons bien assez tôt si ce calcul est correct."

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