La Thaïlande a approuvé mardi un projet de loi obligeant les entreprises de services numériques étrangères à payer une taxe sur la valeur ajoutée (TVA), une idée qui a déjà fait son chemin dans d’autres pays d'Asie du Sud-Est.
Le mois dernier, l'Indonésie a adopté une loi qui obligera, à partir de juillet, les grandes sociétés de l’Internet à payer la TVA sur les ventes de produits et services numériques. Aux Philippines, un député a présenté au Parlement un projet de loi similaire pour taxer les services numériques.
Le texte thaïlandais, qui doit encore être voté par le Parlement, requiert des entreprises ou plates-formes non-thaïlandaises gagnant plus de 1,8 million de bahts (50.683 €) par an de la commercialisation de services numériques dans le pays de s’acquitter d’une TVA de 7% sur ces ventes, a déclaré aux journalistes la porte-parole adjointe du gouvernement, Ratchada Thanadirek.
Cette initiative, qui concerne les services tels que l’accès à des musiques et vidéos en streaming, les jeux ou encore les réservations d'hôtel, devrait permettre à la Thaïlande de faire entrer environ 3 milliards de bahts (84,4 millions d’euros) supplémentaires dans ses coffres chaque année, a-t-elle ajouté, sans nommer de société en particulier.
"Ces entreprises auraient eu à payer la TVA si elles étaient thaïlandaises, ce qui est injuste", a déclaré Ratchada Thanadirek.
La Thaïlande, qui est la deuxième économie d'Asie du Sud-Est, réfléchit depuis plusieurs années à l’idée de taxer les entreprises du numériques en vue de tirer des revenus de l'économie digitale dans le pays, qui est l'une des plus dynamiques de la région.
Thanawat Malabuppha, président de l’association du Commerce électronique thaïlandais, a déclaré à Reuters qu'il se félicitait de cette décision, car elle va contribuer à uniformiser les règles du jeu pour les entreprises thaïlandaises qui sont en concurrence.
"Quiconque gagne de l'argent avec les Thaïlandais devrait payer des impôts au pays", souligne-t-il.
Les analystes relèvent que la crise du COVID-19 a renforcé l’intention des gouvernements, un peu partout dans le monde, de taxer les entreprises du numérique, dont les revenus devraient fortement augmenter du fait qu’une grande partie de la population mondiale est restée confinée chez elle, utilisant davantage de leurs services.
Près de 140 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) négocient la première réécriture majeure des règles fiscales pour mieux tenir compte de l'essor des grandes entreprises de l’Internet telles qu'Amazon, Facebook, Apple et Google.
Les instances de régulation des pays de l'Asie du Sud-Est ont tenu des discussions l'année dernière autour de l’idée d’un effort régional pour taxer davantage les géants du net. Dans le même temps, les groupes industriels ont averti qu'une surrèglementation pourrait affaiblir l'économie numérique, en plein essor, de la région.