La Chine a notifié à ses voisins en aval qu'elle retenait les eaux du Mékong à un barrage hydroélectrique pour 20 jours, ont indiqué la Commission du Mékong (MRC) et la Thaïlande mercredi.
Cette annonce intervient un jour après qu'un nouveau système de surveillance soutenu par les États-Unis a informé que la Chine n'avait pas notifié les pays en aval des opérations de rétention d'eau qui avaient commencé le 31 décembre en dépit d'un nouveau pacte de partage d’informations.
La Chine avait accepté en octobre dernier de partager les données sur l'eau avec le MRC, un organe consultatif de la Thaïlande, du Laos, du Cambodge et du Vietnam qui sollicitait depuis longtemps les informations pour des questions de planification.
Plus de 60 millions de personnes dans ces pays dépendent du fleuve pour la pêche et l’agriculture.
Le Centre National de Contrôle des Eaux de Thaïlande a indiqué que la Chine avait notifié mardi à la Thaïlande que son barrage de Jinghong réduirait le débit du 5 au 24 janvier pour le faire passer de 1.904 mètres cubes par seconde à 1.000 mètres cubes par seconde, soit une diminution d'environ 47%.
C'est pour permettre "l'entretien des lignes de transmission" dans son réseau électrique, a-t-il déclaré.
La MRC a déclaré avoir reçu une notification le même jour, même si elle a détecté pour la première fois une baisse des niveaux de l'eau le 31 décembre. Le niveau du Mékong pourrait probablement baisser d'environ 1,2 mètre et la navigation fluviale et la pêche risque d’être affectées, a-t-il déclaré.
Selon la MRC, la notification chinoise assure que le débit "sera progressivement rétabli à son état opérationnel normal le 25 janvier", sans spécifier le volume exact.
Le nouvel organe de surveillance américain Mekong Dam Monitor avait fait savoir mardi sur sa page Facebook que la Chine n'avait pas informé ses voisins que le barrage de Jinghong commençait à restreindre les eaux le 31 décembre, "provoquant une baisse soudaine de 1 mètre du niveau du fleuve" en aval qui pourrait dévaster la population de poissons.
L’observatoire utilise des satellites capables de voir à travers la couverture nuageuse pour surveiller les niveaux de 11 barrages en amont en Chine et dans d'autres pays. Financé en partie par le département d'État américain, il a commencé ses opérations le mois dernier, jouant un rôle dans la rivalité entre les États-Unis et la Chine.
Pékin conteste l’idée largement véhiculée par les Etats-Unis et leur dispositif de surveillance selon laquelle les barrages sur le Mékong nuiraient gravement aux pays en aval.