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INTERVIEW - Peng Saenpinta, quand la créativité thaïlandaise rencontre la haute-couture française

peng saenpinta haute couturepeng saenpinta haute couture
Écrit par Marie GOULLIEUX
Publié le 10 août 2017, mis à jour le 8 novembre 2018

Vous ne le connaissez peut-être pas encore, mais Peng Saenpinta est un des couturiers le plus en vue dans le milieu de la mode actuellement. Ce Thaïlandais qui a installé sa marque en Charente dessine les robes pour l’élection de Miss France depuis 2015. Il sera présent à Bangkok du 21 au 25 août afin d’animer un stage de couture à l’Alliance Française, un retour aux origines pour celui qui a été formé et a formé dans cette même institution. Il revient avec nous sur son parcours, évoquant sa passion pour la mode, la France et les nouveaux défis.

LEPETITJOURNAL.COM : Pouvez-vous revenir sur votre parcours, notamment ce qui vous a amené à la couture?

PENG SAENPINTA : Je suis né à Lampang, petit dernier, retardataire, d'une famille de 7 enfants. C'est une de mes soeurs aînées couturière qui s'est occupée de moi pendant que toute la famille travaillait dans les rizières. Je suis donc né au milieu des tissus et des machines à coudre. J'ai vite rêvé de devenir mannequin mais mes seuls jouets étant des tissus et des ciseaux, j'ai vite commencé à créer des vêtements dans ma tête !

Après un court passage dans les ateliers de céramique de Lampang pour dessiner des motifs sur les objets, j'ai décidé d'entrer en apprentissage couture dans un atelier de Bangkok. J'ai vite été chargé des finitions, broderies et perlage pour les robes de mariée et de soirée. En 1995, avant de créer ma première boutique "Je t'aime" (City Patunam) je m'inscris au cours de modélisme de l'Alliance Française de Bangkok car je ne savais toujours pas faire les patrons de vêtements. Je suis très enthousiasmé par cette formation, on me conseille de tenter des études supérieures en France, je me laisse convaincre et je m'envole pour Paris en 1997. Un an de français au CAREL de Royan, trois années de stylisme et modélisme à ESMOD Bordeaux puis Paris et j'obtiens mon diplôme en "Couture femme luxe" en 2001.

Votre carrière a connu un tournant lors de votre arrivée en France, notamment avec le concours Miss France. Dessiner et créer des robes de miss c'est un rêve de gosse, quelque chose que vous a toujours voulu faire ou une opportunité qui s'est présentée et que vous avez saisie? Comment vivez-vous ce succès?

Travailler pour les miss qui sont en permanence sous le feu des projecteurs est le rêve de tous les créateurs. J'avais déjà eu la chance, à Sofia en 2003, que la candidate qui portait ma robe ait été élue miss Bulgarie avant de participer à Miss Monde. Les médias s'étaient aussitôt emparés du fait que j'étais thaïlandais formé dans la meilleure école française. A Bombay j'ai souvent habillé lors de mes défilés celle qui allait devenir miss Inde. A mon arrivée en France, en 2015, j'ai eu l'opportunité de rencontrer Madame de Fontenay qui m'a confié la réalisation des 12 robes de la finale de l'élection de miss Prestige. Les médias en ont beaucoup parlé, et en 2016, en qualité de créateur officiel du comité régional miss France, j'ai créé et réalisé les 14 robes de la finale et la robe "Mélusine" (280 heures de travail) qui a été portée lors de l'élection nationale en direct sur TF1. Pour cette année, je prépare des projets de création très originaux que je dois soumettre ce mois-ci à Sylvie Tellier la directrice du comité national miss France. Malheureusement, je ne suis pas en mesure de dévoiler mes idées avant le concours !

Comment je vis tout ça ? C’est simplement captivant. Grâce à Miss France, les médias se sont intéressés à moi, les télévisions, radios nationales, quotidiens et magazines sont venues dans mon atelier et les clients ont suivi ... Exactement le même phénomène s'était produit en Bulgarie : après l'élection j'avais été approché par le ballet national pour lequel j'avais alors créé plus de 100 costumes pour son spectacle "La danse du vent"... puis le théâtre national pour des costumes...

Pourquoi avoir lancé votre marque en France? Et pourquoi à Matha, en Charente-Maritime?

Depuis la fin de mes études supérieures de mode (ESMOD Bordeaux et Paris) en 2002, j'ai suivi mon conjoint diplomate en Bulgarie tout d'abord puis en Inde et enfin en Thaïlande. J'ai, dans chaque pays, mis en place un atelier de création couture, des cours spécifiques "luxe", des projets "mode". Ce fut le cas à Sofia, Plovdiv, Bombay et Bangkok entre 2010 et 2014 : en plus de ma boutique "Peng Saenpinta" de Siam Square, j'avais la responsabilité des cours de modélisme "couture luxe"à l'Alliance Française et j'ai formé des dizaines de modélistes aux techniques de Haute-Couture à la Française. Obligé, pour des raisons familiales, de revenir en France quelques années, je me suis donc installé à Matha, près de Cognac, ville d'origine de mon conjoint qui gère maintenant la communication de mon entreprise. Mais un retour en Thaïlande est prévu dans quelques années, j'aime le changement et les challenges ne me font pas peur !

Ou avez-vous appris le français? Pourquoi cet intérêt pour la France?

A mon arrivée en France, comme je n'avais suivi qu'un cours intensif de français à l'Alliance Française de Bangkok, je n'avais à mon actif que le français de survie ! Je me suis inscrit à l'université de Poitiers et j'ai fait une année complète au CAREL de Royan pour être en mesure de suivre les cours ESMOD. Comme la France a toujours été pour moi le pays de la mode et du luxe, il était logique d'y venir me former à la création de haut niveau. Et puis mon conjoint étant français, c'est peut-être une raison supplémentaire. C'est aussi au cours de mes nombreux stages de formation dans des ateliers prestigieux avec des maîtres de stage exceptionnels que la pratique de la langue s'est affinée.

Récemment vous avez mis en avant sur les réseaux sociaux une jeune femme, Katie Chantarasompoch, pouvez-vous nous parler un peu d’elle?

Lors de l'ouverture de mon atelier en octobre 2015, Katie Chantarasompoch, une jeune thaïlandaise alors en échange Rotary club à La Rochelle avait participé à mon défilé de mode. Elle a ensuite pour-suivi ses études à Sciences-Po Lyon. Elle se présente en ce moment au concours "Miss Universe Thailand" où elle porte le numéro  MUT 07. Il se déroulera le 29 juillet prochain à Bangkok. Elle est actuellement à la 6ème place dans le top 15 des votes du public. Si celle qui représentera la Thaïlande à l'élection de miss Univers qui se déroulera en France en 2018 était francophone comme Katie, ce serait bien non ? Pour succéder à Iris, la miss Univers 2017, que je connais bien pour l'avoir côtoyée à maintes reprises l'an dernier ce serait l'idéal. Je suis en contact quotidien avec elle... une miss Thaïlande qui parlerait français c'est rare !

Pouvez-vous nous parler de votre intervention à l'Alliance française de Bangkok fin août?

Je donne régulièrement des cours de modélisme et de couture en France, aussi bien auprès de professionnels que de débutants et je reçois régulièrement des stagiaires d'établissements professionnels et des écoles supérieures de mode, dont ESMOD. J'ai donc une grande habitude de ses sessions de spécialisation. Pour le stage prévu du 21 au 25 août à l'Alliance Française de Bangkok, j'ai décidé de proposer, en 35 heures, la réalisation d'une robe de mariée ou celle d'une robe de soirée avec les tech-niques de moulage "Haute-Couture" qui sont bien spécifiques aux artisans du luxe "à la française". A partir des croquis que je leur proposerai, les stagiaires réaliseront en une semaine, une robe d'exception digne de figurer dans n'importe quelle fashion week internationale.

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ATELIER - Wedding or Cocktail dress

Créez la robe de mariée ou de cocktail de vos rêves du 21 au 25 août 2017 (30h de cours) avec Peng Saenpinta un professeur de renom à l'Alliance Française de Bangkok !

Prix : 19.900 THB (achat du mannequin non inclus, possibilité d'en acheter un à l'AF pour 3.500 THB)
Horaires : 10h - 17h (1h de pause le midi)
Langue de travail : français et/ou thaï

A partir des propositions du créateur et des photos fournies par les élèves, chaque participant réalisera en 30 heures la robe de mariée ou de soirée de ses rêves.
Atelier réservé à des non-débutants, chacun ayant un mannequin de couturière, une machine à coudre et son nécessaire de couture. Les participants se rejoindront un jour ou deux avant l’atelier avec le professeur pour aller acheter les tissus.

Attention, places limitées (12 personnes maximum) !
Réservez ici http://afthailande.org/en/ateliers-artistiques-2/

Pour plus d'informations, contactez arts@afthailande.org ou le 02 670 42 31.

  

Qu'envisagez-vous à l'avenir?

Devenir français ? c'est en cours... Transmettre mon savoir-faire, acquis en Thaïlande pour la couture et en France pour le stylisme et le modélisme c'est aussi en cours... J'ai reçu en mai dernier le titre de maître artisan décerné par la Chambre des métiers et j'attends, d'ici la fin de l'année, celui de Maître artisan d'art. Je fais partie des 30 couturiers retenus au niveau national pour participer au concours 2017/2018 de Meilleur Ouvrier de France dont les épreuves débuteront en octobre prochain.

Je suis à l'affût de toutes les opportunités. Je ne rejetterais pas l'idée de créer une robe pour le tapis rouge du festival de Cannes... j'y pense sérieusement !

Je prépare actuellement mon deuxième défilé de mode en France. Ce sera le 30 septembre à Cognac : 60 mannequins dont une dizaine de miss régionales qui ont participé à Miss France, mes 25 stagiaires couture de l'année, de jeunes créateurs, les écoles de mode...

J'ai été sollicité par la Bulgarie pour présenter dans le cadre de "Plovdiv Capitale européenne de la Culture2019" un grand défilé de mode sur le thème de la civilisation Thrace, en juin 2019. La BNT télévision nationale bulgare vient de réaliser en juin dernier un clip vidéo de présentation avec nos miss régionales 2015 et 2016 portant mes créations.

Propos recueillis par Marie GOULLIEUX (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 20 juillet 2017

Publié le 10 août 2017, mis à jour le 8 novembre 2018

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