Chute des ventes et de la production, suppressions de postes par milliers? Le tableau s'est brusquement noirci ses derniers mois pour l'industrie automobile thaïlandaise, qui pâtit de la crise mondiale. Alors que le Motor Show de Bangkok, le deuxième plus grand en Asie, ouvre ses portes aujourd'hui jusqu'au 6 avril, le secteur garde tout de même des raisons d'être optimiste
300.000 emplois, 12% du PIB. Le secteur automobile est l'un des poids lourds de l'économie thaïlandaise. Premier centre d'assemblage au sein de l'Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est), le royaume affiche depuis quelques années son ambition de devenir le "Detroit de l'Asie", autrement dit une base de production de premier plan dans la région. Le pays est également l'un des principaux centres de production au monde de pick-ups. M
ais depuis quelques mois, les mauvaises nouvelles ne cessent de s'accumuler, à cause des effets de la crise mondiale. Entre février 2008 et février 2009, les ventes ont baissé d'environ 30%. Le mois de janvier a vu la production chuter de près de 32% (source : Mission économique de Bangkok).
Les capacités de production n'étaient utilisées qu'à 46% en janvier, contre 75% en moyenne en 2008. Conséquence : 46.000 suppressions de poste d'intérimaires, selon la TAPMA (Thai Autoparts Manufacturers Association). Mais "les licenciements restent à ce stade fort limités et évités autant que possible par les industriels, en raison de la qualité de cette main d'?uvre", précise Jérémie Duthel, de la Mission économique de Bangkok.
Plusieurs grands constructeurs ont eu recours aux arrêts de production : 2 mois chez General Motors, 14 jours chez Toyota. Après avoir refusé un plan de réduction des taxes proposé par le ministère de l'Industrie, le gouvernement s'oriente vers un "assouplissement de la régulation sur les activités de leasing et la création d'un fonds de garantie des crédits pour relancer les ventes", explique Jérémie Duthel.
Développement durable de l'industrie
Mais le tableau n'est pas totalement noir. "Par son excellent niveau d'infrastructures, le développement d'une main d'?uvre bien formée, la pérennité de la politique industrielle en faveur de l'automobile, les constructeurs ne semblent pas privilégier de fermeture définitive de sites de production en Thaïlande", estime Jérémie Duthel. Lors de sa conférence de presse annuelle en janvier, le président de Toyota Thaïlande, Mitsuhiro Sonoda, a réaffirmé la confiance du géant mondial dans le royaume. "Nous prévoyons toujours un bon potentiel pour ce marché. L'économie de la Thaïlande est fondamentalement forte. Il existe un gros potentiel de nouveaux clients dans les provinces, et un potentiel de remplacement de véhicules dans la région de Bangkok."
Le royaume se prépare également à réorienter sa stratégie de production, pour être moins dépendant du marché du pick-up, même si les exportations vers le Moyen-Orient, la Russie et certains pays d'Afrique continuent de bien se porter. "Nous recherchons un développement durable de l'industrie, c'est pourquoi nous avons lancé le projet Eco-car il y a deux ans. Nous espérons que cela permettra d'assurer la survie du secteur", explique Vallop Tiasiri, directeur de l'Institut Automobile Thaïlandais. Grâce à ce programme basé sur des incitations fiscales, la Thaïlande espère produire 600.000 voitures "vertes"par an d'ici quelques années.
Les offres de six constructeurs ont été acceptées. "La Thaïlande a pris une nette longueur d'avance sur ses voisins. Sa domination au sein de l'Asean en matière de production automobile n'est pas prête d'être remise en question", assure Jérémie Duthel.
Emmanuelle MICHEL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 26 mars 2009