Des militants politiques de mouvances diverses ont organisé mercredi à travers la Thaïlande des manifestations pacifiques pour marquer l'anniversaire de la révolution de 1932 qui a mis fin à la monarchie absolue dans le pays.
Ces manifestations interviennent alors que les Thaïlandais sont de plus en plus nombreux à dénoncer un système politique dominé par l'armée et que des monuments marquant l'instauration de la démocratie ont disparu des espaces publics ces dernières années.
La révolution de 1932, menée par un groupe de fonctionnaires et d'officiers militaires connus sous le nom de "Parti du peuple", est devenue ces dernières années une date particulièrement importante pour les groupes pro-démocratie.
La Thaïlande a passé près de la moitié des 15 dernières années sous régime militaire, le dernier épisode en date s’étant achevé avec les élections en 2019 qui ont finalement maintenu au pouvoir l'ex chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha à l’issue d’un processus électoral que les partis d'opposition considèrent comme totalement pipé. Mais Prayuth Chan-O-Cha et les cours thaïlandaise rejettent les allégations selon lesquelles les élections auraient été manipulées.
Lors d'une des manifestations au Monument de la démocratie à Bangkok, mercredi, 30 à 40 militants ont diffusé une vidéo sur grand écran reproduisant le discours prononcé par les dirigeants du Parti populaire après avoir renversé le gouvernement du roi Prajadhipok et inauguré la première Constitution thaïlandaise.
"Il y a quatre-vingt-huit ans aujourd'hui vers l'aube, le Parti populaire a pris le pouvoir et transformé le système de gouvernance en démocratie", a déclaré le militant pro-démocratie Anon Nampa.
Lors d'une autre manifestation au Parlement, un autre groupe de militants exigera des amendements à la Constitution actuelle rédigée par l'ex junte.
"Nous voulons utiliser l'anniversaire de la révolution pour faire valoir notre point de vue sur la nature problématique de la Constitution actuelle rédigée par les militaires", a indiqué Anusorn Unno du Comité faisant campagne pour une Constitution populaire.
Mais pour l’ex éditorialiste du Bangkok Post, Voranai Vanijaka, «le 24 juin n'est pas une célébration de la démocratie, c’est un rappel de la façon dont la démocratie est si aisément trahie", écrit-il dans un article intitulé "From 1932 to present, 88 years of lies", publié mercredi sur Thisrupt, tout nouveau magazine en langue anglaise qu'il vient de lancer.
La police a dit avoir surveillé des manifestations dans au moins 12 provinces. La Thaïlande a interdit les grands rassemblements publics pendant l'urgence du coronavirus, mais les autorités n'ont pas empêché ces manifestations.
Dans une série de remarques prononcées mardi, Prayuth n'a pas directement abordé les manifestations, mais il a dit aux gens "ne violez pas la monarchie et ne violez pas la loi".
Bien que la Thaïlande soit officiellement une monarchie constitutionnelle, le roi Maha Vajiralongkorn exerce un pouvoir immense, accru durant les années du dernier régime militaire, et l'insulter est considéré comme un crime passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.