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Décès de l’influent ex-premier ministre thaïlandais Prem Tinsulanonda

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capture image TV Thai - Prem Tinsulanonda (droite) lors du couronnement du Roi Vajiralongkorn (gauche), le 4 mai 2019

Prem Tinsulanonda, ancien Premier ministre et principal conseiller de la royauté thaïlandaise, est décédé dimanche à l'âge de 98 ans, a annoncé un haut responsable parlementaire. Ainsi s’en est allé ce grand stratège du palais à l’influence inégalée sur la politique thaïlandaise. 

Considéré comme une force stabilisatrice par ses alliés, mais détesté par ses détracteurs qui le percevaient comme un ennemi de la démocratie, Prem était l'un des principaux collaborateurs du défunt roi Bhumibol Adulyadej et a contribué à renforcer le lien inébranlable entre la monarchie et l'armée.

Prem "est décédé ce matin vers 9 heures", a déclaré aux députés le président par intérim de la Chambre basse, Chai Chidchob, lors de la troisième journée du nouveau Parlement thaïlandais.

"Je voudrais demander à tout le monde de se lever pour marquer un instant de recueillement."

Son décès est attribué à une insuffisance cardiaque, a déclaré le bureau du Palais dans un communiqué.

En tant que président du Conseil privé du roi, Prem avait eu à gérer une période de succession tendue après la mort de Bhumibol Adulyadej en 2016. Il avait brièvement été nommé régent avant que le fils de Bhumibol, Maha Vajiralongkorn, ne monte sur le trône.

Le 3 mai dernier, il avait présidé le mariage surprise du nouveau roi avec la Reine Suthida quelques jours avant le couronnement de celui-ci.

Il avait également pris part, aidé dans ses mouvements par ses assistants, à un important rituel consistant à présenter de l'eau sacrée au nouveau souverain, le jour du couronnement, aux côtés du chef de la junte et meneur du coup d’Etat de 2014, Prayuth Chan-O-Cha.

Dimanche soir, le Roi Vajiralongkorn a exprimé son "chagrin", ajoutant qu'il avait "travaillé avec loyauté" dans ses nombreux postes au fil des années, a annoncé le bureau du Palais royal.

Le général a contribué à établir cette toute puissante "armée monarchisée" que l’on connait en Thaïlande aujourd'hui, selon Paul Chambers, conférencier à l'Université Naresuan, en Thaïlande.

"Prem a prouvé à maintes reprises que sa finesse et sa perspicacité pouvait éviter ou faciliter les coups d'Etat militaires qui ont aidé le palais", a déclaré Chambers à l'AFP.

Né dans la province de Songkhla en 1920, douze ans avant l'abolition de la monarchie absolue de ce qui était encore le Royaume de Siam, Prem aura vécu la majeure partie de l'histoire thaïlandaise moderne.

Diplômé de la première académie militaire du pays en 1941, il démontra ses talents en combattant les Français au Cambodge puis plus tard les Britanniques en Birmanie.

Il devint ensuite un personnage clé dans la répression contre les communistes dans le nord et le nord-est. Il en fut récompensé par la nomination en 1978 au poste de chef de l'armée.

Mais l’ambitieux militaire n’occupera ce poste que deux ans seulement avant de prendre le pouvoir dans ce qui sera considéré comme un coup d’Etat silencieux.

La période durant laquelle il dirige le pays, de 1980 à 1988, en tant que Premier ministre, est une période de rare stabilité politique et économique pour la Thaïlande, grâce notamment au patronage qu’il exerce sur des officiers militaires mais surtout grâce à la confiance forgée avec le Roi Bhumibol.

Le général célibataire sera parvenu à entretenir une grande loyauté au sein de l'armée malgré deux tentatives de contre-coup d’Etat.

Selon Paul Chambers, il aura contribué à l'organisation de trois coups d'État, dont celui de 2014, tout en aidant indirectement à l'éviction de quatre autres gouvernements.

Certains lui reconnaissent néanmoins d’avoir laissé un espace à l’expression démocratique lorsqu’il démissionna, permettant à un premier ministre élu de reprendre le poste.

Mais lorsqu’il fut peu après nommé membre puis président du Conseil privé du roi, un cercle restreint de conseillers du roi, Prem fut définitivement perçu comme l’ennemi aux yeux du camp de la démocratie en Thaïlande.

La colère suscitée par son influence s’exprima après le coup d’Etat de 2006 contre le Premier ministre d’alors, Thaksin Shinawatra, les partisans de ce dernier accusant Prem d’avoir organisé le putsch.

Dans une réunion très symbolique, plusieurs mois après le coup d'État de mai 2014, le chef de la junte thaïlandaise, Prayuth Chan-O-Cha, s'était rendu à son domicile lors d'une visite largement photographiée.

Prem s’en va alors que la Thaïlande connait un fort regain de tensions politiques autour d’élections controversées qui devraient permettre à Prayuth, candidat à sa propre succession sous la bannière d’un parti soutenu par la junte, de devenir premier ministre civil.

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 27 mai 2019, mis à jour le 27 mai 2019

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