Dans un quartier de Bangkok un haut-parleur annonce d’un ton monocorde "victuailles, elles sont là les victuailles". C’est le pick-up de Wannapa Yarnsarn qui arrive avec toutes sortes de choses, des mangues au piments séchés en passant par de la viande de porc fraiche.
Les gens sortent alors des maisons où ils passent désormais le plus clair de leur temps en raison de l’épidémie de Covid-19, et viennent faire leurs achats devant les présentoirs remplis de sacs de denrées à l'arrière du véhicule.
Depuis plusieurs générations, ces genres de magasins mobiles étaient courants dans les quartiers thaïlandais, mais les centres commerciaux avec leurs grands supermarchés et les épiceries modernes ouvertes 24/24 offrant des plats cuisinés réchauffés sur place au micro-ondes ont quasiment eu raison d’eux.
Aujourd’hui, l'épidémie de coronavirus a donné un nouveau souffle à certains d’entre eux.
"Bien que j'ai peur du virus, je dois encore sortir et vendre, sinon les clients n'auront rien à manger", dit Wannapa Yarnsarn, tout en pesant et en emballant ses produits pour ses clients.
Elle confie que les affaires ont été bonnes depuis l'apparition du virus en janvier avec un bénéfice quotidien moyen de 2.200 bahts (62 €), contre environ 1.800 bahts (50.5 €) auparavant.
Panalee Phatraprasit, directrice d'un marché de gros qui dessert des centaines de camionnettes opérant sur Bangkok, affirme également que l'épidémie de Covid-19 a du bon pour un commerce qui était depuis longtemps en déclin.
"Au fil des ans, les clients ont progressivement changé de comportement car ils ont davantage de choix et un meilleur d'accès aux produits qu'auparavant", dit-elle.
"Mais avec la situation du COVID-19, les camionnettes reviennent au goût du jour car les gens restent davantage à la maison et chaque foyer achète plus qu’en temps normal."
Depuis l’apparition en janvier du nouveau coronavirus sur son territoire, la Thaïlande a signalé un total de 2.672 cas et 46 décès.
Le gouvernement tente de limiter les rassemblements sociaux et appelle les gens à rester chez eux. Les centres commerciaux ont été fermés, sauf pour les supermarchés et la restauration à livrer ou emporter, et un couvre-feu nocturne est en vigueur.
"Il y a trop de monde dans les supermarchés", explique Thepparak Bankajee, 43 ans, employée dans l’industrie qui se confine à la maison.
"Nous ne voulons pas sortir de toute façon parce que nous savons tous que la camionnette va venir."