VeryLocalTrip est une plateforme communautaire qui met en relation des voyageurs avec des “amis locaux” pour découvrir la Thaïlande loin des tours et excursions formatées. Créée par un jeune français, Maxime Besnier, VeryLocalTrip est une start-up qui a pris son envol il y a bientôt deux ans. Lepetitjournal.com a rencontré Maxime Besnier pour en savoir plus sur cette façon de voyager 2.0.
Loin d’être le seul sur le marché du tourisme 2.0, Maxime Besnier tire pourtant son épingle du jeu, si les premiers mois n’ont pas toujours été rentables, il peut désormais vivre de son activité et prévoit même de s’étendre hors des frontières de Thaïlande.
Comment est né VeryLocalTrip ?
Quand je suis arrivé la première fois à Bangkok, je n’ai vu que les “must see”, les incontournables mais j’étais passé à côté de la ville parce que je ne m’étais pas tellement aventuré dans les rues, je n’avais que quelques jours. Bangkok est une ville géniale quand tu commences à l’explorer un peu, il y a plein de petits endroits sympas que seuls les locaux connaissent et quand je parle de locaux, j’inclus les expatriés aussi.
A la base, je ne suis pas du milieu du tourisme mais de l’industrie pharmaceutique, je vis en Thaïlande depuis 6 ans et demi et le projet de créer cette plateforme est parti d’un constat tout simple. En tant qu’expatrié, tu as régulièrement des gens qui te contactent, souvent via Facebook, ce sont des amis, des amis d’amis, même parfois des gens que tu ne connais pas, parce qu’ils ont appris que tu vivais ici et qu’ils prévoient de venir en Thaïlande, ils te demandent si tu ne connais pas un endroit sympa, un bon plan restaurant… Je pense que tous les expatriés ont déjà reçu ce genre de demande. C’est à partir de ce constat que j’ai créé VeryLocalTrip. J’ai vu qu’il y avait une demande et que je connaissais plein de ces “local friends” qui sont ouverts, sympas, qui connaissent bien la ville, qui ont un peu de temps libre et qui ne demanderaient pas mieux que de se faire un peu d’argent sur le côté.
Quand est-ce que l’aventure VeryLocalTrip a réellement démarré ?
’idée est venue il y a deux ans, la réelle mise en place, c’était il y a un an et demi. J’ai eu la chance de bénéficier d’une aide. VeryLocalTrip a été l’une des premières start-up en Thaïlande à intégrer ce qu’on appelle “un accélérateur d’entreprise”, en l’occurrence I4X. Pendant 90 jours, j’ai reçu une aide financière, du monitoring, des conseils en création d’entreprise, un accès à un co-working space, la prise en charge des frais au niveau administratif et juridique… Une aide très sympa pour commencer.
Quel est exactement le concept de VeryLocalTrip?
Sur la première plateforme que j’avais développé, il y avait une trentaine de pays, les gens s’inscrivaient en ligne, un peu sur le principe de AirBnB de l’expérience du tourisme local, une sorte d’agence de voyage 2.0. Malheureusement ce n’est pas toujours possible d’avoir des “ambassadeurs” sur place, des personnes de confiance à qui je peux demander de vérifier si l’expérience proposée est valable, de qualité. Car finalement ce que l’on propose ce ne sont pas juste quatre murs, c’est un vrai service qui peut durer une journée complète ou plus, il faut s’assurer que la personne est vraiment dans l’esprit et ne va pas marcher 10 mètres devant le touriste. Je me suis donc recentré sur la Thaïlande, là où je peux avoir une réelle présence et où je peux m’assurer de la qualité des expériences proposées. Je suis vraiment sur l’idée d’un small business qui va grandir petit à petit.
Quel type d’expérience peut-on trouver sur VeryLocalTrip?
Aujourd’hui, VeryLocalTrip propose deux catégories d’expériences. La première ce sont les activités urbaines avec un ami local. Il y a des offres qui sont bien définies, c’est souvent le cas avec des locaux thaïlandais comme par exemple des cours de cuisine à la maison, une visite de Chinatown avec une personne née et ayant grandit dans le quartier. Et d’autres activités qui sont plus “customisées”, réalisées sur-mesure en fonction des souhaits, des envies des voyageurs. La deuxième catégorie a une approche beaucoup plus sociale. Avec l’un de mes partenaires, The Research Center of Communication and Development Knowgledge Management (CCDKM), nous travaillons avec des communautés locales. Sara et Wanda Gabai travaillent avec plusieurs communautés pour le CCDKM, elles se sont rendus compte qu’il y avait un savoir-faire exceptionnel. Elles voulaient développer un concept de tourisme communautaire mais ne savaient pas comment le faire. Après quelques rendez-vous, nous nous sommes rendu compte que la plateforme manquante pour développer leur projet et le proposer aux voyageurs c’était VeryLocalTrip.
Tu peux nous donner un exemple ?
A Sakhon Nakhon, on a un projet avec des communautés qui ont un savoir-faire ancestral sur la couleur indigo, de la plante au produit final. Ce n’est pas facile d’accès, ce n’est pas dans les guides… Ce qu’on propose en général, c’est de rester deux jours et de vivre une expérience au sein d’une de ces communautés, de participer, pas juste de prendre des photos des femmes-girafes. Pour le moment, les retours sur cette expérience sont très positifs, les communautés sont très impliquées et contentes de recevoir chez elles des étrangers, il y a une sorte de fraîcheur et un accueil qui n’est pas comparable aux tours classiques. Nous avons également d’autres projets en développement du côté de Buriram, Nan, Laei, Mae Sot et Bangkok.
Tu n’as pas peur de “dénaturer” ces communautés ?
C’est entre autres la raison pour laquelle je travaille en partenariat avec le CCDKM. VeryLocalTrip se veut une plateforme à taille humaine, un mélange entre l’entreprise sociale, le tourisme communautaire, le voyage d’immersion dans les villages. Nous faisons attention à l’impact social, il y a tout un travail de formation qui est fait avec ces communautés afin qu’elles continuent à vivre de leurs activités propres et non du tourisme même si le tourisme leur rapporte de l’argent car c’est 70% du prix que les voyageurs payent qui leur reviennent.
Combien de personnes travaillent pour VeryLocalTrip ?
Je suis le fondateur de la plateforme et le seul CEO si on veut, je n’ai pas d’associés. Je travaille beaucoup avec des freelances, aussi bien sur la partie marketing que relationnelle, c’est-à-dire les gens qui sont sur le terrain et que je considère comme mes “ambassadeurs”. Je travaille beaucoup avec des stagiaires aussi.
Qui sont tes clients ?
Je travaille beaucoup en B2C, en relation directe avec le client. Des voyageurs qui découvrent le site, le bouche à oreilles qui fonctionne bien, des expatriés aussi qui réservent une activité ou un tour lorsque la famille vient leur rendre visite. Et puis il y a aussi le B2B, c’est-à-dire avec des tours opérateurs, généralement de haut de gamme, qui recherchent des trips sur-mesure. Les premiers contacts se sont faits l’année dernière, cela m’a surpris au début de voir des tours opérateurs s’intéresser à une start-up comme la mienne, ça change de leur façon habituelle de travailler, certains ont également envie de changer la manière de voyager, de découvrir, ils cherchent à se différencier avec des activités comme la visite à Sakhon Nakhon d’une communauté qui vit de l’indigo.
Sinon, le profil général des voyageurs, c’est plutôt une clientèle de minimum 30 ans jusqu’à 80 ans, des familles, des couples, des personnes curieuses qui ont une certaine éducation du voyage, qui ont envie de découvrir quelque chose qui n’est pas formaté.
Vis-tu de ton business aujourd’hui?
Depuis six ou huit mois, j’arrive à vivre, même si c’est encore modestement. J’ai une activité sur le côté, je fais du consulting sur la prévention des maladies vectorielles. Ce boulot me permet de gagner ma vie sans être chronophage, ce qui me permet d’investir la plupart de mon temps et de mes fonds propres dans la start-up.
Est-ce que tu prévois d’agrandir ou de développer plus encore ta start-up ?
Je prévois de franchiser la plateforme dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est comme la Birmanie, le Cambodge, les Philippines. Il n’y a encore rien de fait, c’est en cours, sur certaines destinations c’est déjà bien avancé, il y a déjà quelques offres d’activités sur le Vietnam. En fait, je suis un peu poussé par certains tours opérateurs qui me demandent de trouver d’autres amis locaux en Asie du Sud-Est. Ce n’est pas juste pour eux que je le fais même s’ils représentent un chiffre d’affaires important, c’est une de mes priorités. Je veux avant tout être sûr de trouver les bonnes personnes et ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît de trouver des gens sympas, qui connaissent la culture du pays et qui ont un peu de temps libre. Cela demande encore beaucoup d’efforts, avec des moyens réduits, j’y passe beaucoup de temps et paradoxalement, je n’ai pas l’impression de travailler. Quand ce que tu fais est une passion, tu ne réalises même pas que tu travailles!
Propos recueillis par Catherine VANESSE (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 11 mai 2016
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