

Le pianiste français Sébastien Koch accompagnera le 15 mai à l'Alliance française de Bangkok la mezzo-soprano suisse Liv Lange Rohrer pour un concert au répertoire varié allant de Rameau à Piazolla en passant par Britten. Professeur de piano de l'Alliance française, Sébastien Koch est aussi un concertiste et a joué dans plusieurs grandes salles internationales. LePetitJournal.com l'a rencontré
Pouvez-vous nous raconter votre parcours en quelques mots ?
Après avoir fait mes études musicales au Conservatoire National de Région de Metz et obtenu trois Premiers Prix en piano, solfège et lecture à vue, puis le Premier Prix Interrégional, j'ai continué mes études à l'Ecole Normale de Musique de Paris Alfred Cortot obtenant la Licence de Concert à l'Unanimité avec félicitations du jury, jury d'ailleurs présidé à l'époque par le regretté Pierre Petit. Je suis alors parti en Allemagne en tant que boursier du DAAD faire mon master à la Musikhochschule de Freiburg puis Berlin. J'ai finalement terminé mes études en tant que boursier Lavoisier à USC à Los Angeles obtenant "l'Artist Diploma".
Comment est née votre passion pour la musique ?
Mes parents avaient un petit piano droit à la maison et j'aimais y jouer le plus souvent possible, donc vers quatre ans, ils ont décidé de me faire prendre des leçons, cela était sans ambitions particulières au début ! Mes parents n'étant pas des musiciens professionnels, c'est vers huit ans, après avoir joué une pièce de Mozart devant un public nombreux dans une salle de mairie, que des amis et professeurs ont commencé à les convaincre de songer à me faire poursuivre des études plus sérieuses. C'est ainsi que très vite nous avons contacté le Conservatoire de Région.
Combien de temps passez-vous à vous exercer ?
Après les premières années d'apprentissage de base, il faut passer au minimum quatre à six heures par jour pendant une dizaine d'années pour atteindre un niveau professionnel et espérer jouer dans la "cour des grands" ! Cela fut difficile lorsqu'il a fallu également passer le Bac !
Quelle est votre quête en tant qu'artiste ?
Il y a toujours une quête d'absolu dans les arts, inatteignable mais sans cesse convoitée. Pour un interprète de musique classique, l'absolu consiste selon moi à pouvoir transmettre le message du compositeur au public sans aucune interférence, un peu comme un medium. Cela peut s'avérer extrêmement difficile car la personnalité de l'interprète, une mauvaise compréhension stylistique ou une technique insuffisante par exemple, sont des facteurs perturbants. Cela exige donc beaucoup de travail, de connaissance, d'expérience et de concentration lors du concert, facteurs clés d'une interprétation réussie.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de concerts ?
J'ai beaucoup de très bons souvenirs ! Avoir joué le Premier Concerto de Tchaikovsky dans la grande salle de la Philharmonie de Berlin fut une expérience extraordinaire et j'en suis conscient, réservée à très peu d'interprètes. Jouer des grands concertos de Beethoven ou Saint-Saens aux Etats-Unis devant 3.000 personnes était également très excitant, mais je dois dire que faire la première française du concerto de John Adams, fabuleux compositeur actuel avec l'Orchestre National de Lorraine cette saison a été un temps fort de ma carrière de soliste !
Qu'aimez-vous faire quand vous ne jouez pas ?
J'aime me relaxer en mijotant des bons plats français d'après les recettes de ma mère, qui est un fabuleux cordon bleu !
Votre avis sur l'évolution de la musique classique en Thaïlande par rapport au reste de l'Asie ?
Il y a un intérêt croissant pour la musique classique en Thaïlande mais il y encore beaucoup d'efforts à faire notamment pour l'accessibilité du plus grand nombre à des études musicales de qualité.
Quels sont les freins selon vous ?
Ayant enseigné à l'Université de Mahidol, je me suis rendu compte que les professeurs étaient sous -payés et donc ne restaient pas longtemps ce qui crée une certaine confusion dans l'esprit des étudiants. Le deuxième problème réside dans le fait que les frais de scolarité, eux, paradoxalement, s'envolent et deviennent de moins en moins abordables pour le plus grand nombre, dont parmi eux quelques étudiants très doués ; le talent n'est pas une affaire de classe sociale !
Les atouts ?
Je dirais que les atouts sont surtout à chercher chez les étudiants. Il y a d'abord un grand respect pour le corps enseignant, ce qui facilite le travail. Il y a ensuite une intérêt, voire une fascination pour les arts et la culture européenne, qui leur offre une possibilité d'émancipation qu'ils ne trouvent peut-être pas aisément dans la société dans laquelle ils vivent.
Comment est venu ce projet de concert avec Liv Lange Roher ?
Le nouveau directeur de l'Alliance Française de Bangkok est très ouvert sur les arts et passionné de musique. Il est donc tout naturel d'avoir élaboré un projet de concert ensemble.
Comment en êtes-vous venu à travailler avec Liv Lange Roher ?
Je suis le "coach" musical de Liv Lange depuis son arrivée en Thaïlande, nous travaillons depuis plusieurs années ensemble et c'est un grand plaisir de jouer avec elle car nous nous entendons très bien artistiquement !
Vous êtes lauréat du Premier Prix Lili Boulanger et du Grand Prix des Arts et Patrimoine de l'Académie Nationale de Metz, que cela signifie-t-il pour vous?
Une reconnaissance de beaucoup d'années de travail et de dévouement !
Composez-vous ?
Je ne compose pas, je suis déjà bien occupé par mes activités de concertiste et d'enseignant !
En savoir plus sur le concert du 15 mai sur l'Agenda du PetitJournal.com ou sur le site de l'Alliance française de Bangkok
Propos recueillis par Adji LEWIS (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 15 mai 2014
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