Le Lycée français international de Bangkok a fait sa rentrée sur écran, le 2 septembre, avec 15% d’effectifs en moins et une partie des élèves toujours en Europe, compliquant la tâche des enseignants.
Après une fin d’année scolaire 2020-2021 effectué par l’enseignement à distance (EAD), les élèves du Lycée français international de Bangkok (LFIB) ont repris le chemin de l’école le 2 septembre pour une rentrée… de nouveau en ligne.
Débutée en avril, la troisième poussée épidémique de SARS-CoV-2, qui a fait plus de 13.000 morts du Covid-19 en Thaïlande et se poursuit encore. Même si l’on observe ces derniers jours une baisse significative du nombre de cas d’infection, les autorités locales maintiennent un certain nombre de restrictions sur les écoles, forçant la plupart d’entre elles à poursuivre les cours à distance.
Cela a un impact sur le choix de certaines familles de venir ou revenir en Thaïlande après les congés d’été, certaines préférant reporter de quelques mois leur arrivée tandis que d’autres parents ayant leur enfant dans les petites classes refusent l’EAD et préfèrent attendre la reprise des cours en présentiel.
Le LFIB est ainsi passé de 970 élèves de la maternelle à la terminale pour l’année 2020-2021 à seulement 827 élèves en septembre 2021, soit une baisse d'effectifs de 15%. Et ses enseignants doivent se démener pour adoucir autant que possible les contraintes et les stress qu’impliquent une rentrée en distanciel avec une partie des élèves à l’autre bout de la planète dans un fuseau horaire différent.
Lepetitjournal.com s’est entretenu avec le proviseur du LFIB Yvan Schmitt afin de comprendre cette baisse de fréquentation du LFIB, l’impact des cours en ligne sur les résultats scolaires et dans quelles conditions pourrait avoir lieu la reprise des cours en présentiel.
Combien d’élèves avez-vous au LFIB pour cette rentrée scolaire 2021-2022 ?
Sur cette rentrée, nous avons perdu beaucoup d’élèves puisque nous n’avons que 827 inscrits. Au mois de juin, nous étions sur une estimation de 940 élèves, mais les familles de 113 d’entre eux ont fait le choix de rester en France pour le moment. La situation sanitaire [en Thaïlande] s’est fortement et rapidement dégradée pendant l’été, donc des familles ont préféré rester en France, certaines vont revenir à partir des vacances de la Toussaint et d’autres après les congés de Noël. Par contre, si la situation s’améliore en Thaïlande et que nous pouvons reprendre les cours en présentiel dans les prochaines semaines, je pense que certaines familles pourraient anticiper leur retour.
Quelles sont les conséquences de cette diminution ?
La première difficulté pour nous est plutôt d’ordre financier puisque nous avons perdu 113 élèves sur le premier trimestre. Ensuite, cela implique que nous devons prévoir une rentrée à leur rythme quand ils pourront venir au LFIB.
Nous avons également une autre particularité : sur les 827 élèves, 65 d’entre eux suivent les cours à distance du LFIB depuis l’étranger, principalement depuis la France.
Nous avons dû trouver un dispositif pour qu’ils ne doivent pas se lever à 3 heures du matin pour suivre les cours. Nous avons par exemple essayé de positionner les cours en visioconférence sur l’après-midi et les tâches asynchrones le matin. Malheureusement, ce n’est pas toujours possible et certains cours en visio ont parfois lieu le matin à Bangkok, cela demande aux enseignants d’enregistrer leur cours et d’envoyer la vidéo aux étudiants à l’étranger et de faire un suivi individuel avec les élèves pour maintenir un lien.
Ensuite, nous communiquons beaucoup avec les parents, nous avons fait des réunions de présentations de nos équipes, sur la manière dont les cours allaient se dérouler, quel était le programme et les outils à utiliser pour l’enseignement à distance.
C’est une rentrée qui nous a fortement mobilisés, mais elle se déroule plutôt bien et je crois que le maître mot était de rassurer les parents et nos élèves parce qu’ils sont sortis à distance en juin et reprennent, malheureusement les cours à distance.
Pour l’instant, nous sommes sur l’hypothèse d’un retour de l’ensemble de nos familles au plus tard en janvier. Je ne suis pas très inquiet.
Dans quelle classe constatez-vous une plus forte diminution du nombre d’élèves ?
En juin, nous étions sur un effectif prévisionnel en augmentation, c’est vraiment la situation sanitaire pendant l’été qui a tout changé. Mais dans les inscriptions temporaires, beaucoup de familles d’enfants dans les petites classes se sont désinscrites. C’est compliqué en maternelle de suivre l’enseignement à distance puisqu’il faut que les parents soient avec l’enfant. En effet, à cet âge-là, les enfants ne sont pas assez autonomes pour lancer une séquence vidéo, et le temps de concentration est vite atteint, cela demande donc une présence et un encadrement important de la part des parents. Certains parents ont préféré trouver d’autres solutions tant que nous sommes en distanciel.
Quels sont les outils que vous utilisez dans le cadre de l’enseignement à distance ?
En maternelle : les enseignants utilisent l’outil VoiceThread et alternent avec des séances en zoom. À l’école élémentaire : les enseignants utilisent l’outil Book Creator et alternent avec des séances en zoom
Au collège et au lycée, les enseignants alternent les activités synchrones (en direct avec les élèves sous forme de visioconférence Zoom) et les temps asynchrones (du travail et des consignes sont donnés à distance, cela peut-être des devoirs notés également). Les enseignants font apparaître clairement, sur l’outil Pronote, quels sont les cours sur Zoom et les autres cours, principalement sous Classroom.
En fait, nous utilisons les mêmes outils que l’année dernière et les élèves sont désormais habitués à utiliser ces outils. Nous en sommes quand même à la quatrième période d’enseignement à distance. Et donc, même lorsque nous pouvons avoir les cours en présentiel, nous utilisons presque tout le temps ces outils. Après, l’interactivité est regrettée ainsi que le manque de contact entre les élèves. Le Lycée n’est pas seulement un lieu d’apprentissage, mais aussi un lieu social.
Quels sont les retours des élèves sur l’enseignement à distance ?
Nous avons régulièrement des échanges avec les délégués de classe et les enseignants. J’ai d’ailleurs demandé aux enseignants de consacrer beaucoup de temps à cette rentrée et de ne pas lancer trop vite l’apprentissage académique afin de prendre le temps d’installer une vie de classe.
Nous avons aussi une démarche assumée où nous ne voulons pas que nos élèves soient devant des écrans du matin au soir, c’est la raison pour laquelle nous avons des ruptures dans la méthode avec des activités en visio et d’autres en autonomie. C’est important parce que beaucoup de parents d’adolescents nous ont dit que leurs enfants étaient derrière des écrans du matin à 17 heures, mais après l’école, ils sont encore sur des écrans pour voir les copains.
Quelles conséquences avez-vous constatées au niveau des résultats scolaires ?
Il n’y a pas eu de conséquence au niveau des résultats scolaires. Nous avons réalisé un certain nombre d’études et de bilans pour mesurer le niveau d’apprentissage parce que nous avions cette inquiétude de voir une déperdition éventuelle. Nous nous sommes rendu compte qu’au niveau des apprentissages, que ce soit en distanciel ou en présentiel, c’est comparable. En revanche, nous voyons une véritable différence s’installer entre les élèves autonomes et ceux qui le sont moins.
Avez-vous une idée de quand pourrait avoir lieu la reprise des cours en présentiel et sous quelles contraintes ?
On sent progressivement un changement de mentalité auprès des autorités thaïlandaises et que continuer à mettre le pays sous cloche indéfiniment n’est pas une solution. Il faut apprendre à vivre avec le Covid-19 et aller vers d’autres solutions donc j’ai bon espoir qu’à moyen terme nous pourrons reprendre les cours en présentiel. S’il y a une date intéressante à observer, c’est celle du début du deuxième semestre thaïlandais à la fin du mois d’octobre. J'ai bon espoir pour le mois d’octobre.
Au niveau des contraintes sanitaires pour une reprise, l’ISAT (International Schools Association of Thailand) et l’OPEC (Office of the Private Education Commission) font beaucoup de propositions auprès des autorités pour une réouverture des écoles. Il y a plusieurs schémas d’ouvertures qui se dessinent et ils se rapprochent de l’idée d’un pass-sanitaire, à savoir l’obligation d’avoir du personnel vacciné et une large couverture vaccinale chez nos élèves aussi.