Ludovic Chaker, ancien directeur des relations internationales de la zone Asie-Pacifique de Sciences Po âgé de 32 ans, est candidat aux élections législatives sur la 11e circonscription. Alors qu'il part demain en Chine pour son dernier voyage de campagne durant laquelle il a déjà pratiqué le "couchsurfing" dans une quinzaine de pays dont la Thaïlande, il détaille au PetitJournal.com ses proposition
Ludovic Chaker se voit gagner cette élection (photo courtoisie Ludovic Chaker)
Au cours de vos voyages de campagne, vous vous êtes rendu en Thaïlande, visitant Bangkok et Pattaya. Qu'avez-vous relevé comme attentes chez les Français du royaume ?
Ma visite en Thaïlande s'est passée de la même manière que dans les autres pays. J'ai vu les autorités locales, le Consul, j'ai rendu visite aux différentes écoles et associations. En dehors de ça, j'ai "couchsurfé", c'est à dire que j'ai dormi chez des Français contactés par Internet, ce qui m'a permis d'échanger avec eux. A Pattaya, les retraités se posent des questions concernant la santé. Même si en grande majorité, ils sont affiliés à la CFE, ils font face à un service non adapté puisque la CFE ne propose pas l'avance des frais d'hospitalisation. Dans cette ville, j'ai ressenti une vraie précarisation de certains. Il y a là-bas des dizaines de jeunes Français qui travaillent sans permis et qui ne sont pas enregistrés au consulat car ils pensent que cela peut leur créer des problèmes avec les autorités locales. A Bangkok, j'ai rencontré d'avantage d'hommes d'affaires, très actifs qui ont plutôt des attentes concernant leurs sociétés et l'appui à l'économie.
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Si vous êtes élu, vous comptez vous servir des représentants de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE) comme de relais. Les avez-vous déjà rencontré ?
Je passerai 50% de mon temps à Paris, et 50% dans la 11e circonscription. Je travaillerai en étroite collaboration avec l'AFE, mais une AFE réformée qui aura un représentant de conseiller par pays. Cela afin de développer une vraie relation territoriale entre cette assemblée et ses élus aujourd'hui souvent coupés des réalités du terrain. Je souhaite créer un véritable canal de représentation institutionnelle et décisionnelle allant du terrain jusqu'au conseil des ministres. Si je suis élu, je rassemblerai rapidement les 11 députés et les 12 sénateurs représentant les Français de l'étranger afin de nous mettre en ordre de marche. J'ai la volonté de travailler dans une logique non partisane mais je n'exclus pas les logiques d'alliances. En revanche, je ne rentrerai pas dans un groupe.
Vous comptez beaucoup sur le travail en Commission de l'Assemblée nationale pour faire entendre la voix des Français de l'Etranger. Ne sera-t-il pas difficile pour un jeune de 32 ans dont ce sera la première expérience d'élu de se faire entendre ?
Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds. Depuis que j'ai 18 ans, j'enseigne les arts martiaux à des gens qui en ont plus de 50, et j'qi occupé des postes à responsabilité très jeune. En cas d'élection, je ne serai pas impressionné et je conserverai ma liberté de parole.
Les candidats qui possèdent une étiquette politique pensent qu'il sera impossible de gagner cette élection sans le soutien d'un parti. Que leur répondez-vous ?
Je ne me suis pas présenté à cette élection pour me faire la main. Beaucoup de "gros" candidats ne se voient même pas au deuxième tour. Moi, non seulement j'y serai, mais en plus je compte bien l'emporter contre Thierry Mariani.
La binationalité est au c?ur de votre programme. Que proposez-vous pour aider les couples mixtes dans leur démarche de visas, de mariage ?
Il est très important de prendre en compte cette nouvelle sociologie, et de faciliter les démarches pour les binationaux et les couples mixtes en prenant le contre-pied des politiques migratoires strictes. Je propose par exemple la mise en place de visas automatiques à destination des conjoints de Français, des étudiants internationaux, les hauts potentiels, les visites d'affaires. Je souhaite aussi que les familles mixtes soient mieux représentées dans les Comités de gestion parentaux. Il faut également que les officiers d'états civils puissent célébrer un mariage mixte à l'étranger, comme c'est le cas en France.
Vous parlez d'harmoniser le soutien des entreprises françaises (Chambres de commerce et d'industrie, les Conseillers économique du commerce extérieur, la Mission économique) à l'étranger que vous ne jugez pas assez efficace. Comment allez-vous procéder ?
Ce que je souhaite c'est le développement de la coopération inter-entreprises et du portage en demandant en particulier l'appui d'Ubifrance. La Mission économique, les Chambres de commerce et d'industrie, les Conseillers économique du commerce extérieur doivent se regrouper dans un pôle de soutien aux TPE, PME-PMI françaises. Je n'oublie pas les initiatives de Français qui créent des sociétés de droit local. Ces personnes-là doivent être soutenues, valorisées et prises en compte par l'économie de notre pays car certains font vivre par exemple des sous-traitants en France.
François Hollande a annoncé qu'il supprimerait la Prise en charge des frais de scolarités pour les enfants des Français de l'étranger (PEC). Comment réagissez-vous ?
Je suis également pour la suppression de la PEC, accompagnée du développement de la politique des bourses. Mais il faut surtout mettre en ?uvre une progressivité des frais d'écolage avec la mise en place de paliers selon les revenus. Je suis le seul à ma connaissance à proposer cette maitrise des frais de scolarité. Et procéder à une réévaluation du seuil de plafonnement immobilier en fonction du nombre d'enfants, actuellement identique pour toutes les familles, et du coût de l'immobilier par pays. Aujourd'hui, les commissions de bourse sont parfois opaques. L'Agence pour l'Enseignement du Français à l'Étranger (AEFE) doit également revenir sous le giron de l'Etat.
Le budget de 40 millions d'euros qui était dédié à la PEC ne pourra pas abonder directement et dans sa totalité le budget des bourses. Etre boursier n'est par ailleurs pas anodin, d'où cette nécessité des frais progressifs.
Vous voulez augmenter le nombre de conventions entre les hôpitaux et la CFE. Avez-vous déjà examiné le secteur, cartographié les pays et les hôpitaux prioritaires ?
Jusqu'à présent, ces conventions (3 pays sur 49) sont passées en fonction du nombre de visites des Français dans les hôpitaux. Il faut désormais qu'elles le soient en fonction du nombre de Français résidents, du niveau des soins délivrés par l'établissement et des prix de celui-ci. A terme, le but sera d'arriver à signer des accords avec au moins un établissement par pays. Le régime d'assurance maladie obligatoire doit être étendu à l'ensemble des Français qui partent à l'étranger pour plus de 3 mois, date à laquelle ils sont aujourd'hui radiés. On pourra répondre ainsi au problème des avances sur les frais d'hospitalisation, et passer à une médecine au forfait qui sera moins chère. La CFE doit aussi se faire connaître davantage des Français en participant aux tournées consulaires.
Vous dites que vos mesures seront appliquées à budget constant. Sur quels domaines comptez-vous faire des économies pour compenser les nouvelles dépenses ?
Il y a des économies à faire dans chaque secteur. Sur le réseau consulaire par exemple, il y a un nombre trop important d'antennes en Europe, alors que les Français vivant dans un pays francophone n'ont pas besoin d'être aussi entourés. Concernant les certificats de vie, il y a un travail d'harmonisation et de dématérialisation à effectuer. Un retraité ne doit pas avoir plus d'une visite annuelle au Consulat.
Pour la santé, la CFE est une des seules caisses à faire de l'argent. En la réformant, et en rationalisant ses bénéfices, on pourra financer l'extension du régime d'assurance maladie aux Français de l'étranger. Il faut savoir qu'en rendant obligatoire l'adhésion à la sécurité sociale de son pays natal, on est exempté de prendre celle du pays où l'on réside à l'étranger.
Propos recueillis par Yann FERNANDEZ (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 24 mai 2012
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