Le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-O-Cha, qui a lui-même pris le pouvoir lors d'un coup d'État, a déclaré mercredi qu'il avait reçu une lettre du nouveau chef de la junte birmane demandant de l'aide pour soutenir la démocratie.
Le général Prayuth, qui a renversé un gouvernement élu en 2014 et est resté en fonction après des élections controversées en 2019, a déclaré aux journalistes à Bangkok qu'il avait toujours soutenu la démocratie dans le pays voisin.
L'armée de Min Aung Hlaing a renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi le 1er février et l'a placée en détention, alléguant une fraude l'année dernière lors de l’élection que son parti avait très largement remportée. La commission électorale avait rejeté les revendications de l'armée.
"Nous soutenons le processus démocratique en Birmanie, mais ce qui est le plus important aujourd'hui est de maintenir de bonnes relations car cela a un impact sur les gens, l'économie, le commerce frontalier, tout particulièrement maintenant", a déclaré Prayuth Chan-O-Cha.
"La Thaïlande soutient le processus démocratique. Pour le reste c’est à lui de voir comment procéder", a-t-il ajouté.
Depuis le coup d'État, la Birmanie a été secouée par des manifestations les plus importantes depuis plus d'une décennie alors que les partisans de Suu Kyi contestent le coup d'État qui a mis fin à une transition provisoire de dix ans vers la démocratie.
La Thaïlande a pour sa part vu naitre l’an dernier un mouvement de contestation d’une ampleur inédite depuis le coup d’Etat, les manifestants demandant à Prayuth lui de démissionner, l'accusant d'avoir pipé les dernières élections pour perpétuer la mainmise de l’establishment militaro-royaliste sur la politique thaïlandaise. L’intéresse nie en bloc toute ingérence dans le processus démocratique.
Les armées thaïlandaise et birmane ont entretenu des relations de travail étroites au cours des dernières décennies malgré une longue histoire entre les pays marquée par des conflits et des invasions.
Au cours de son histoire démocratique de neuf décennies, la Thaïlande a connu pas moins de 13 coups d’Etat dont deux ces 15 dernières années. Le coup d’Etat de 2014 par Prayuth contre le gouvernement de Yingluck Shinawara qui avait mis fin a sept mois de turbulences politiques avait été précédé par le putsch de 2006 qui avait fait tomber le frère de celle-ci, le Premier ministre Thaksin Shinwatra, après des mois de manifestations menées par plusieurs groupes réunis sous la bannière de l’Alliance du Peuple pour la Démocratie.