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ASEAN: La rivalité Chine-Etats-Unis au menu du sommet des MAE

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Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 1 août 2019, mis à jour le 1 août 2019

La Chine a exhorté les pays non asiatiques à éviter de semer la "méfiance" et la division autour des conflits maritimes mercredi avant l'arrivée à Bangkok du Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, porteur d'un message de redynamisation de l'engagement américain en matière de commerce et de sécurité dans la région.

La rivalité entre les deux grandes puissances, marquée par une guerre commerciale qui a plombé la croissance mondiale, a dominé le sommet des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), qui s'est ouvert mercredi.

Les ambitions militaires de Pékin sur les eaux et l'espace aérien de la région vont se confronter à la volonté américaine –menée par secrétaire d'État américain Mike Pompeo- de réaffirmer le rôle des États-Unis en tant que puissance clé dans la région Asie-Pacifique.

La Chine est accusée de déployer des navires de guerre, d'armer des avant-postes et de s'en prendre à des navires de pêche sur des territoires contestés en mer de Chine méridionale, l'une des principales routes maritimes du monde, que les États-Unis cherchent désespérément à maintenir ouvertes.

Plusieurs pays du sud-est asiatique en conflit territorial avec la Chine accusent Pékin d’utiliser son poids militaire, économique et diplomatique pour ralentir tout progrès sur la mise en place d'un code de conduite sur les zones concernées.

Dans le même temps, la Chine conteste fermement le droit des puissances extérieures - principalement les États-Unis – à peser sur un problème dans ce qu'elle considère comme son "voisinage".

"Nous pensons que les pays non régionaux ne devraient pas amplifier délibérément les divergences issues du passé", a déclaré à la presse le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.

Les pays extérieurs ne doivent pas "semer la méfiance entre la Chine et les pays de l'ASEAN", a-t-il ajouté, faisant référence à l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, composée de 10 membres.

"En un mot, la Chine continue à considérer l'ASEAN comme une priorité dans son voisinage".

Ses commentaires, qui ne font pas directement référence aux États-Unis, ne constituent pas moins un défi pour Pompeo, qui arrive à Bangkok chargé de rassurer les membres de l'ASEAN que les Etats-Unis entendent demeurer une puissance influente en Asie du Sud-Est.

L'administration de Donald Trump, qui a retiré les États-Unis d'un important pacte commercial Asie-Pacifique, a lancé une nouvelle stratégie "Indo-Pacifique" en matière de sécurité, d’espaces maritimes ouverts et de stratégie commerciale.

Cela inclut "de garantir la liberté sur les mers et dans l’espace aérien ; protéger les nations souveraines de la contrainte extérieure", a déclaré un haut responsable du département d'État.

Mike Pompeo doit rencontrer son homologue chinois jeudi.

Patrouille sino-russe

De nouvelles tensions en matière de sécurité seront également à l’ordre du jour, notamment une patrouille aérienne conjointe sino-russe qui a provoqué la colère du Japon et de la Corée du Sud la semaine dernière.

Alors que la Chine nie avoir violé l'espace aérien japonais ou coréen, l'exercice a secoué Tokyo et Séoul - et a fait office de nouveau test sur l'influence de Washington dans une région abritant deux alliés cruciaux des États-Unis.

Reflet de la complexité croissante de la diplomatie en Asie, le Japon et la Corée entretiennent eux-mêmes un vieux conflit sur la question du travail forcé pendant la Seconde Guerre mondiale. Le différend historique s’est étendu aux relations commerciales, Tokyo limitant les exportations de produits chimiques clés utilisés par le leader mondial coréen des puces et des smartphones.

Quelques heures avant d'arriver à Bangkok, Mike Pompeo a déclaré qu'il rencontrerait les ministres des Affaires étrangères des deux pays et les "encouragerait à trouver une issue favorable".

"Ce sont tous deux d'excellents partenaires pour nous. Ils collaborent étroitement avec nous dans le cadre de nos efforts pour dénucléariser la Corée du Nord... Alors oui, j'espère que nous aurons une bonne conversation et que nous pourrons les aider à aller dans la bonne voie", a déclaré aux journalistes Mike Pompeo.

Mais la Chine et la Russie, qui entretiennent des liens de plus en plus étroits, cherchent à contrecarrer les avancées américaines en Asie du Sud-Est.

Les ministres de l'ASEAN devraient aborder la question du libre-échange lors de leurs entretiens avec les États-Unis et la Chine, cette semaine.

Mercredi, les médias d'Etat chinois ont déclaré que les négociateurs des deux superpuissances avaient eu des discussions "franches" et "constructives" à Pékin, et avaient accepté de se revoir en septembre pour trouver une solution à leurs différends commerciaux.

Si la guerre des tarifs douaniers a créé de nouveaux emplois dans certains pays d'Asie du Sud-Est, les fabricants se délocalisant pour réduire les taxes américaines, elle a également réduit la demande dans cette région très dépendante des exportations.

En ouvrant le sommet de Bangkok, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Don Pramudwinai, a appelé à la fin de la course au protectionnisme.

"Nous devons reconnaître que se replier sur soi et se rendre myope n'est pas notre option et ne le sera jamais", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il était essentiel de garantir une "libre circulation commerciale".

Les tentatives menées actuellement par les États-Unis pour inciter la Corée du Nord à renoncer à son programme d'armement nucléaire devraient également faire l'objet de discussions à Bangkok, en présence de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud.

Mais il n'est pas certain que les Nord-Coréens feront une apparition. "Nous n'avons pas encore reçu de nom", a confié Don Pramudwinai, mercredi soir.

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