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Il risque 20 ans de prison pour avoir critiqué la politique vaccinale thaïlandaise

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REUTERS/Athit Perawongmetha/File Photo - Thanathorn Juangroongruangkit, co-fondateur du parti Anakot Mai (Nouvel Avenir) aujourd’hui dissous a été inculpé lundi par la police thaïlandaise

Le leader du mouvement progressiste en Thaïlande a été inculpé lundi de lèse-majesté et de crime informatique pour ses critiques de la politique vaccinale du pays. Il risque jusqu'à 20 ans de prison.

Thanathorn Juangroongruangkit, co-fondateur du parti Anakot Mai (Nouvel Avenir) aujourd’hui dissous mais qui avait créé la surprise aux élections de 2019, a été inculpé lundi par la police thaïlandaise. 

Le politicien milliardaire de 43 ans est accusé de lèse-majesté et d'infraction à la loi sur les crimes informatiques pour une allocution en direct sur Facebook en janvier 2021, au cours de laquelle il critiquait la politique vaccinale tardive du gouvernement en évoquant comme cause des délais un certain favoritisme envers le laboratoire Siam Bioscience, une entreprise se trouvant appartenir au roi Maha Vajiralongkorn.

Or, le code pénal thaïlandais comprend une loi de lèse-majesté parmi les plus sévères au monde qui prévoit des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans, ainsi qu’une loi sur les crimes informatiques qui peut entrainer jusqu'à cinq ans de prison.

Dans l'intérêt public

Thanathorn Juangroongruangkit, qui a toutefois pu obtenir une libération sous caution lundi -ce qui n’est pas toujours le cas pour les affaires de lèse-majesté-, nie avoir insulté la monarchie et a déclaré que ses critiques visaient le gouvernement, et non la famille royale.

"Ce que j'ai fait était destiné au bien public et à la protection de l'institution royale", a-t-il déclaré aux journalistes.

"Je tiens à souligner que l'utilisation de cette loi n'est pas une bonne chose, et certainement pas pour la monarchie", a-t-il ajouté, faisant référence à la loi de lèse-majesté, l’article 112 du code pénal.

Siam Bioscience, qui n'avait jamais produit de vaccins avant l'année dernière, avait été choisie pour produire localement le vaccin anti-Covid du laboratoire britannique AstraZeneca en vue de sa distribution en Asie du Sud-Est. Le laboratoire thaïlandais a également reçu l’équivalent d’un peu plus de 18 millions d’euros en subventions gouvernementales pour développer sa capacité de production.

Thanathorn avait également pointé le fait que le gouvernement aurait dû en principe diversifier ses approvisionnements de vaccins au lieu de les concentrer.

La Thaïlande a par la suite adopté trois types différents de vaccins anti-Covid, ce qui, selon Thanathorn, montre bien que ses remarques allaient dans le sens de l'intérêt public.

La plainte contre lui a été déposée par un fonctionnaire du bureau du Premier ministre. 

Affaires en cascade contre la vague progressiste

Thanathorn Juangroongruangkit et son parti Anakot Mai avaient créé la surprise en se classant troisième aux élections de 2019, remportant 81 des 500 sièges de la chambre basse du Parlement, fort d'une solide base de jeunes électeurs sensibles aux vues progressistes du parti et ses critiques contre l'establishment militaro-royaliste.

Mais en novembre 2019, la Cour constitutionnelle lui a retiré son mandat de député pour avoir détenu des actions dans une société de médias au moment de l'enregistrement de sa candidature aux élections - Thanathorn a contesté la décision.

Et en février 2020, la même Cour constitutionnelle a ordonné la dissolution d'Anakot Mai, déclenchant la colère de ses jeunes électeurs. Une ire populaire qui a débouché sur la formation en juillet de la même année du mouvement anti-gouvernemental qui a organisé plusieurs dizaines de manifestations rassemblant des milliers de personnes dans les rues et a osé questionner le rôle et le statut de la monarchie.

Si l'article 112 avait été très utilisé au lendemain du coup d'Etat mené par Prayuth Chan-O-Cha en 2014 les autorités ont cessé d'utiliser la loi de lèse-majesté en 2018, et Prayuth Chan-O-Cha a même déclaré en juin 2020 que le roi avait demandé de ne pas recourir à cette loi.

Mais en août 2020, le mouvement de contestation qui demandait jusque-là la démission du Premier ministre et la réécriture de la Constitution, a ajouté à ses revendications des reformes de la monarchie, brisant ainsi le vieux tabou autour de la critique en public de la royauté.

Durant les mois qui ont suivi, le mouvement s'est renforcé rassemblant des dizaines de milliers de manifestants dans les rues à l’automne avec la multiplication des critiques et autres attitudes de défiance envers la couronne.

Cela a amené en novembre l’ex-chef de la junte à annoncer que toutes les lois seraient déployées pour faire respecter l’ordre. Depuis, plus d’une centaine de militants ont été accusés en vertu de l’article 112. 

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