Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Des pays clés de l'ASEAN snobent des pourparlers avec la junte birmane en Thaïlande

Junte-BirmanieJunte-Birmanie
REUTERS/Eduardo Munoz (archives) - Le ministre birman des Affaires étrangères, Wunna Maung Lwin, ici lors de la 70e Assemblée générale de l'ONU à New York, en 2015, était à Bangkok jeudi pour des pourparlers au nom de la junte.
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 23 décembre 2022, mis à jour le 23 décembre 2022

La Thaïlande a tenu jeudi des pourparlers régionaux sur la crise en Birmanie en présence, chose rare, de ministres de la junte au pouvoir, mais plusieurs membres de l’ASEAN ont décliné l’invitation.

Les ministres des Affaires étrangères (MAE) de Birmanie, du Laos et du Cambodge ainsi que le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères se sont joints jeudi aux pourparlers organisés autour de la crise en Birmanie par le MAE thaïlandais, selon la porte-parole de ce dernier, Kanchana Patarachoke.
Cependant, des pays importants de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) ne sont pas venus malgré l’invitation.

Il n'y avait aucun représentant de la Malaisie, des Philippines, de l'Indonésie ni de Singapour, quatre pays parmi les plus critiques vis-à-vis de la junte birmane au sein de l'ASEAN.

Aucun résultat concret n’est apparemment ressorti de ces discussions, qui, selon Kanchana Patarachoke, se sont concentrées sur l'aide humanitaire et sur comment mettre en œuvre le fameux Consensus en cinq points, le plan de paix de l'ASEAN.

Le bloc régional, qui compte 10 pays membres, est divisé sur l'idée d'engager le dialogue avec l'armée birmane qui a pris le pouvoir le 1er février 2021 lors d'un coup d'État qui a annihilé une décennie de progrès démocratique et plongé la Birmanie dans une guerre civile entrainant la ruine économique du pays.

Les généraux birmans ont été exclus des dernières réunions de haut niveau de l'ASEAN pour n'avoir pas honoré les promesses faites l'an dernier d'entamer des pourparlers avec des opposants liés au gouvernement civil déchu dirigé par la lauréate du prix Nobel, Aung San Suu Kyi, aujourd’hui emprisonnée.

Consultation informelle

La porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Kanchana Patarachoke, a indiqué que la réunion de jeudi s'était tenue en marge des pourparlers bilatéraux entre la Thaïlande et la Birmanie à Bangkok.

"Cette consultation n'était pas une réunion de l'ASEAN mais elle visait à compléter les efforts collectifs en cours de l'ASEAN pour trouver une solution politique pacifique", a déclaré Kanchana Patarachoke dans un communiqué.

Le ministère des Affaires étrangères de la junte birmane a indiqué dans un communiqué qu’étaient présent pour représenter la Birmanie le ministre des Affaires étrangères, Wunna Maung Lwin, le ministre de l'Investissement et des Relations économiques extérieures, Kan Zaw, et le ministre de la Coopération internationale, Ko Ko Hlaing.

Dénoncer les "activités terroristes" des pro-démocratie

Il a ajouté que la délégation avait "expliqué les activités terroristes" des milices d'opposition des Forces de défense du peuple (PDF) liées au gouvernement d'unité nationale (NUG) renversé.

"Par conséquent, la délégation de Birmanie a exhorté les États membres de l'ASEAN à dénoncer les activités terroristes du NUG, du PDF, et à décourager tout soutien moral, matériel et financier aux organisations terroristes", a-t-il déclaré.

Dans sa lutte contre le régime militaire, le NUG sollicite des soutiens financiers et de l’armement.

Les relations entre la Birmanie et l'ASEAN se sont tendues ces derniers mois en raison du refus des putschistes de mettre fin aux offensives contre la résistance.

L'ASEAN, qui prend les décisions par consensus, a convenu le mois dernier de continuer à isoler les généraux birmans jusqu'à ce qu'ils se conforment à son plan de paix, qui reste le seul processus diplomatique en cours à ce jour.

Une réunion contraire à la décision commune de presser la junte birmane

La réunion de jeudi avait lieu un jour après l’adoption par le Conseil de sécurité de l'O.N.U. de sa toute première résolution sur la Birmanie depuis l’indépendance du pays il y a 74 ans. Le texte exige la fin de la violence et demande à la junte de libérer tous les détenus politiques. 

La Malaisie a confirmé qu'elle ne participerait pas à la réunion de Bangkok mais n'a pas fourni de raison. Le gouvernement Philippin a déclaré que son ministre des Affaires étrangères ne se joindrait pas non plus aux pourparlers, sans donner plus de détails.

Les ministères des Affaires étrangères indonésien, dont le pays assurera la présidence tournante de l'ASEAN en 2023, et le Vietnam ont déclaré que leurs principaux diplomates étaient pris par une visite officielle à Jakarta du président vietnamien.

L’agence Reuters n’a pu obtenir de commentaire du ministère singapourien des Affaires étrangères, mais elle cite une source diplomatique lui ayant lu sous couvert d’anonymat une lettre du ministre singapourien des Affaires étrangères adressée à la Thaïlande, dans laquelle il exprime son opposition à la réunion en question au motif que l'ASEAN a convenu d'exclure la junte de tels événements. Reuters n'a toutefois pas pu vérifier le contenu de la lettre.

"Toute réunion convenue dans le cadre de l'ASEAN, formelle ou informelle, ne devrait pas détourner de cette décision", a déclaré la source lisant la lettre.

Flash infos