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MEURTRE A KOH TAO – L’ADN sur l’arme n’est pas celui des accusés

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 12 septembre 2015, mis à jour le 13 septembre 2015

Nouveau rebondissement dans l'affaire du meurtre de deux Britanniques l'an dernier sur une plage de Koh Tao. L'ADN des deux sans papiers birmans sur le banc des accusés ne correspond pas à celui retrouvé sur l'arme du crime présumée, selon le témoignage vendredi de la directrice de l'institut médico-légal thaïlandais, Porntip Rojanasunan.

Chaque audience au procès du double meurtre de Koh Tao ajoute décidément son lot de doutes quant à l'intégrité de l'enquête de police et la crédibilité du système judiciaire thaïlandais dans son ensemble.

Lors de l'audience de vendredi, Porntip Rojanasunan, directrice de l'Institut Central de Sciences Médico-légales de Thaïlande (CIFS), a déclaré devant le tribunal de Koh Samui que les preuves ADN trouvées sur l'arme présumée du crime ne correspondaient pas avec l'ADN des deux accusés.

Ce nouveau témoignage met en évidence de nouvelles zones d'ombre sur les résultats de l'enquête très controversée menée par la police thaïlandaise qui a beaucoup agité la presse internationale.

La police avait inculpé en octobre 2014, Zaw Lin et Win Zaw Tun, deux travailleurs sans papiers âgés de 22 et 23 ans, pour le meurtre de David Miller, 24 ans, et le viol et le meurtre de Hannah Witheridge, 23 ans. L'accusation s'était alors appuyé sur les tests ADN ajoutant, plus tard, les confessions des deux hommes.

Mais les avocats des deux Birmans accusent la police d'avoir arrêté des bouc-émissaires et d'avoir bâclé l'enquête et obtenu des confessions sous la torture, comme l'on déclaré Zaw Lin et Win Zaw Tun après s'être rétractés quelque jours après leurs aveux.

Les deux hommes ont plaidé non-coupable et risquent la peine de mort s'ils sont condamnés dans cette affaire qui a terni la réputation de la Thaïlande comme paradis touristique.

La défense a récemment insisté pour qu'un certain nombre de preuves médico-légales clés soient réexaminées par le CIFS, parmi lesquelles une houe de jardin, l'arme présumée du crime.

"L'ADN sur l'arme ne correspond par avec les deux suspects," a déclaré Porntip Rojanasunan, après avoir témoigné devant le tribunal de Koh Samui, vendredi.

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Nous avons trouvé l'ADN de "deux individus non identifiés" sur la houe, a-t-elle ajouté.

Les corps sans vie de Miller et Witheridge avaient été retrouvés le 15 septembre en partie dénudés sur une plage de l'ile réputée tranquille de Koh Tao.

Selon la police, Miller avait été frappé une seule fois à la tête et son ou ses meurtriers l'avaient laissé se noyer, inconscient, dans les vaguelettes du bord de plage, tandis que Witheridge avait été violée puis battue à mort avec une houe de jardin.

L'avocat principal de la défense, Nakhon Chomphuchat, a déclaré que le témoignage de vendredi montrait bien que les deux hommes "n'étaient pas impliqués dans cette affaire contrairement aux accusations de la police".

Porntip a également précisé au tribunal qu'aucune trace d'ADN n'avait été retrouvée sur les autres pièces à conviction examinées par son institut médico-légal, parmi lesquelles une chaussure et des sachets plastiques.

L'arrestation le 2 octobre des deux jeunes birmans avait rapidement suscité des questions au sein de l'opinion, de la presse et même des autorités birmanes qui ont envoyé des avocats auprès des accusés.

La défense avait notamment pointé le fait que la police n'avait pas sécurisé la scène du crime, laissant libre accès aux badauds durant les premières heures suivant la découverte des corps. A cela sont venues s'ajouter les accusations de torture de la part des deux accusés, corroborées par plusieurs témoignages d'autres Birmans appréhendés dans le cadre de cette enquête.

Et le procès, qui a débuté le 8 juillet et doit se conclure en octobre, fait apparaitre encore plus d'ombre que de lumière sur cette affaire.

Début juillet, la police avait avoué que certains échantillons ADN déterminants pour la défense avaient été épuisés avant que la défense ne puisse les faire réexaminés par des experts indépendants. Un témoin avait également avoué devant le tribunal avoir déplacé et lavé la houe peu après que les corps des deux touristes avaient été retrouvés.

Lors de l'audience du 22 juillet, le responsable de l'enquête, le Colonel Cherdpong Chiewpreecha, avait avoué au tribunal de Koh Samui que son équipe n'avait pas jugé utile d'examiner les enregistrements vidéo de caméras de surveillance donnant sur le ponton situé à proximité de la scène du crime d'où un bateau de traversée était parti une heure environ après le moment du double meurtre.

Le Colonel Cherdpong a également déclaré que son équipe n'avait pas cru bon d'enquêter sur les rumeurs d'une altercation entre Hannah Witheridge et le fils du chef de l'ile de Koh Tao, politicien local, dans la nuit du 14 au 15 septembre.

Pourtant, l'une des théories les plus fréquemment avancées par ceux qui croient en l'innocence des deux Birmans est l'implication d'une ou plusieurs personnalités locales, ce qui expliquerait selon eux les nombreux couaques de la part des autorités et une certaine opacité voire carrément une obstruction à la quête de vérité dans cette affaire.

Les journalistes admis dans le tribunal n'ont d'ailleurs pas le droit de prendre de note durant le procès. Et plusieurs média internationaux ont déclaré avoir du mal à trouver des interprètes, ceux-ci se disant menacés par des gros bras locaux. Les journalistes étrangers qui ont assisté aux audiences depuis juillet se sont dit surpris de voir aussi peu de leurs confrères thaïlandais à ce procès au retentissement international.

Un ami de Miller, avait également dit avoir été forcé de quitter l'ile après avoir été menacé de mort par des hommes de main locaux.

La presse britannique souligne qu'un nombre incroyablement élevé de Britanniques meure chaque année en Thaïlande. En 2014, 362 Britanniques ont perdu la vie dans le royaume.
P.C. avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) dimanche 13 septembre 2015
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Publié le 12 septembre 2015, mis à jour le 13 septembre 2015

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