De nouveaux sites de manifestation sont apparus hier dans la capitale, notamment à Klong Toei et Victory Monument. Alors que les hôpitaux sont en alerte en cas de manoeuvre de dispersion, l'espoir d'une trêve entre les deux camps persiste
Les manifestants antigouvernementaux n'ont pas dit leur dernier mot, malgré la menace de répression de plus en plus forte, bien que lancinante, de la part du gouvernement. A Klong Toei un site de manifestation s'organise de jour en jour. Les opposants au gouvernement y ont installé en deux jours une scène, des tentes et des établis. Environ 2.000 personnes y étaient rassemblées hier soir devant des chefs de clan du quartier. Des prospectus, distribués à tout l'auditoire, appelaient notamment au rassemblement sur trois sites : le marché de Klong Toei, le quartier de Din Daeng et la place de Victory Monument. Là-bas, le même nombre de personnes était réuni autour d'un camion pour applaudir l'un des chefs de file local.
Une journée relativement calme, possibles pourpalers
L'un des principaux chefs des "chemises rouges", Nattawut Saikua, a téléphoné à un proche conseiller du Premier ministre Abhisit Vejjajiva. "Il m'a dit que si les soldats arrêtaient de tirer, il demanderait aux manifestants (affrontant les forces de l'ordre) de retourner sur le site de Ratchaprasong", occupé par les Rouges depuis début avril, a indiqué Korbsak Sabhavasu. En contrepartie, "il n'y aurait plus de balles tirées par les soldats", a-t-il assuré. Le conseiller n'a pas exclu qu'une trêve puisse déboucher sur une reprise des négociations pour trouver une issue à cette grave crise qui a fait 67 morts et près de 1.700 blessées depuis la mi-mars et perturbe de plus en plus la vie quotidienne de la capitale thaïlandaise.
Côté violences, si la journée s'est déroulée dans un calme relatif, un camion citerne a cependant été parqué en fin d'après-midi par les manifestants sur l'avenue Rama IV, près du soi Ngam Duplee, à proximité d'une station essence. Selon la télévision thaïlandaise, le véhicule contiendrait toujours 6.000 litres d'essence. Toute la soirée, des jeunes manifestants se sont "amusés" avec les militaires par de jets de feux d'artifices et quelques grenades, tandis que ceux-ci ripostaient par des tirs de balles en caoutchouc. Mais vers 1 heure du matin, ils se sont brusquement retirés au fond de la rue, tandis que restaient sur le front deux hommes en noir, l'un armé de plusieurs grenades. L'homme d'une trentaine d'années nous confiera être là pour faire sauter le camion d'hydrocarbure, dans la nuit, selon les ordres. Finalement, il n'exécutera pas le projet.
Durant la nuit de dimanche à lundi, l'hôtel Dusit Thani, qui surplombe le parc Lumpini, a été la cible de tirs de roquettes artisanales. Les clients se sont précipités au rez-de-chaussée après que le personnel les a prévenus que l'hôtel faisait l'objet d'une attaque, selon un journaliste de l'AFP qui se trouvait à l'intérieur. Il semblerait que deux roquettes aient été lancées sur les 17e et 21e étages, tandis que les clients ont été évacués et l'hôtel fermé à midi.
Autre développement de la journée d'hier, la mort du Major-général et supporter des Rouges Khattiya Sawasdipol, aussi connu sous le nom de Seh Daeng, qui a été déclaré officiellement mort à l'hôpital hier matin après une baisse-soudaine de la pression sanguine. Il avait été blessé par un tir à la tête dans la soirée du jeudi 13. Environ 1.000 personnes ont assisté à ses funérailles au temple de Wat Sommanas, dans le centre historique de la capitale.
Les Nations Unies appellent au calme
Les autorités avaient annoncé samedi qu'elles enverraient la Croix rouge pour organiser l'évacuation des femmes, enfants et personnes âgées qui souhaitaient rentrer chez eux, grâce à des bus garés près de National Stadium. Mais la foule ne s'est pas précipitée pour partir, alors que nombreux sont ceux qui ont décidé de se réfugier dans le temple de Pathum Wanaram, à proximité, sans pour autant partir. La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a ainsi appelé les deux partis à négocier une issue favorable pour tous. "Finalement, cette situation peut seulement se résoudre par des négociations", a déclaré hier Navi Pillay dans une communiqué. "Pour éviter davantage de pertes humaines, J'en appelle aux manifestants à éviter ce genre de problème, et les force de l'ordre à exercer un maximum de retenue en ligne avec les instructions donnée par e gouvernement".
Devant l'ampleur de la crise, les entreprises prennent les devant
Compte tenu de la situation toujours tendue, plusieurs grandes entreprises françaises ont pris des dispositions particulières pour protéger leurs employés.
"Nous avons fermé les bureaux aujourd'hui et demain sachant que nous sommes situés pas très loin de la zone compliquée, et que nous nous en rapprochons dangereusement", explique Vincent Minard, directeur de Total Oil Thaïlande. "Néanmoins, nous n'avons pas proposé de déménagement à nos employés car nous ne voulons pas surréagir", ajoute-t-il. "Depuis ce matin, nous avons trouvé une solution de rechange et nous allons nous installer d'ici deux jours dans notre entrepôt prêt de l'aéroport." Même chose pour l'Oréal Thaïlande, qui a relocalisé temporairement ses bureaux dans l'un de ses entrepôts. "Nos bureaux sont situés sur Sathorn donc nous avons fermé depuis vendredi. Nous travaillons actuellement depuis notre entrepôt à Bangna. Pour notre personnel, si des gens vivent dans des quartiers dangereux nous leur proposons l'hôtel, mais personne n'a encore été touché par cette mesure", explique Thomas Huaut, Directeur général et financier. Chez Sanofis-Aventis, c'est même un plan de contingence selon les niveaux d'alertes, qui tient compte des avertissements des autorités et de notre appréciation personnelle de la situation, qui est prévu. "Jeudi soir, ce niveau d'alerte a été atteint et nous avons demandé à notre personnel de partir plus tôt que prévu avec leurs ordinateurs. Nous avons décidé ensuite de ne pas rouvrir les bureaux, et de faire des sauvegardes de nos serveurs dans d'autres endroits de la ville", explique Jean Philippe Proust, directeur général."Actuellement, nous sauvegardons même nos serveurs sur Singapour, au cas où. Le personnel touché par la fermeture des bureaux travaille toujours depuis chez lui ou est placé en chômage technique, et nous envisagerons peut-être de louer de nouveaux bureaux", explique-t-il.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) mardi 18 mai 2010
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