"Ne vous mêlez pas de nos affaires", "Nous aimons le roi plus que nos vies": quelque 200 manifestants se sont rassemblés vendredi à Bangkok pour protester contre les récents propos de l'ambassadeur américain en Thaïlande concernant les poursuites pour lèse-majesté.
Emmené par le moine bouddhiste Luang Pu Buddha Issara, ces manifestants (dont beaucoup étaient habillés de jaune, la couleur du roi) ont pu se réunir malgré l'interdiction de manifester dans le pays, devant l'ambassade américaine, en plein coeur de Bangkok.
Face à un cordon d'une vingtaine de policiers, ils ont réclamé la démission du nouvel ambassadeur des Etats-Unis, qui s'était dit mercredi préoccupé par les longues peines de prison, sans précédent, prononcées par les tribunaux militaires thaïlandais contre des civils pour violation de la loi de lèse-majesté.
"Nous pensons que personne ne devrait être emprisonné pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions", avait ajouté Glyn T. Davies.
Le chef de la junte, Prayut Chan-O-Cha, a lui même réagi en agitant la menace d'un impact sur les échanges commerciaux entre les deux pays.
"La prochaine fois, ne m'envoyez pas quelqu'un pour discuter d'échanges commerciaux", a lancé devant la presse ce militaire habitué des déclarations à l'emporte-pièce.
Pour Buddha Issara, qui a remis une lettre au premier secrétaire de l'ambassade américaine, l'ambassadeur américain a l'intention de faire pression sur la Thaïlande pour que nous changions mais il n'a aucun droit pour cela.
"Nous ne sommes pas les esclaves des Etats-Unis", a ajouté ce moine, qui fut l'un des meneurs des manifestations hostiles au gouvernement démocratiquement élu de Yingluck Shinawatra en 2013-2014, exaucées par une prise de pouvoir militaire en mai 2014.
Dans la foule d'adorateurs du souverain, dont les portraits s'affichent à chaque coin de rue à quelques jours de son 88e anniversaire, Pairoj Arunmongkolpol, 56 ans, porte un T-shirt et un bandeau jaune j'aime le roi.
"Nous n'avons pas besoin que l'ambassadeur américain nous dise ce que nous devons faire", s'enflamme-t-il auprès de l'AFP.
La famille royale thaïlandaise est protégée par l'une des lois les plus restrictives au monde. Toute personne offensant le roi Bhumibol Adulyadej, 87 ans, est passible de 15 ans d'emprisonnement pour chaque délit.
Et depuis la prise de pouvoir des militaires en mai 2014, les poursuites se sont multipliées et les peines ont été alourdies.
Dans ce contexte, l'autocensure sur le sujet est très forte en Thaïlande, où des générations de Thaïlandais ont été éduquées dès les plus petites classes dans le culte de la personnalité du roi, présenté comme un demi-dieu.
AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) dimanche 29 décembre 2015
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