Édition internationale

EABC : "La voix unifiée de l’Europe sur le marché thaïlandais"

john_svengren_director_eabcjohn_svengren_director_eabc
John Svengren ne veut pas que l'EABC soit assimilé à une Chambre de commerce européenne (photo courtoisie EABC)
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 7 décembre 2022

L'European-ASEAN Business Center (EABC) a été lancé le mois dernier en Thaïlande avec le soutien de l'Union européenne, à l'origine du projet. Son directeur, John Svengren, souhaite que le Centre devienne la voix unifiée des 27 pays de l'UE et qu'il puisse aider les sociétés européennes à accéder plus facilement à huit secteurs identifiés du marché local

LePetitJournal.com Bangkok : Quel a été le processus de création de l'EABC ?
John Svengren : Il y a six ou sept ans, l'Union européenne avait eu l'idée de rassembler ses Chambres au sein d'une organisation afin d'avoir à sa disposition une sorte de plate-forme européenne. Mais cela ne s'était jamais réalisé. Au même moment, l'UE a commencé à s'intéresser de très près au marché de l'ASEAN et à ses liens avec son propre marché. Nous nous sommes alors demandés ce que nous pouvions faire et quelle était la meilleure façon pour l'UE de s'exprimer sur ce marché. Il y a eu ensuite beaucoup d'hésitations sur la façon de procéder mais en 2009, les Chambres de commerce européennes en Thaïlande ont eu une discussion avec une équipe venue de Bruxelles et il a été décidé d'établir un consortium entre ces Chambres, EUROCHAMBRES qui représente toutes les Chambres de Commerce en Europe, et deux organisations DigitalEurope et EURATEX. En 2010, j'ai commencé à travailler sur ce consortium puisqu'à ce moment-là la Chambre de Commerce suédo-thaï (ndlr : dont John Svengren était alors le directeur exécutif) était en charge des Chambres de commerce européennes dans le cadre d'une sorte de chaire tournante. Puis les choses se sont accélérées en juin 2010 lorsque la Chambre germano-thaïlandaise a pris la direction de ce consortium. Les discussions et les évaluations ont encore pris six mois et le 23 décembre 2010, juste avant Noël, le contrat de création de l'EABC a été signé. L'EABC a ensuite cherché puis a obtenu un statut légal en vertu de la législation thaïlandaise. Notre conseil d'administration a été mis en place fin 2011. Puis, le Centre a ensuite été lancé en janvier à Bangkok et à Bruxelles avec le soutien des 19 ambassades des pays membres de l'UE présents en Thaïlande.

Existe-t-il d'autres EABC dans la région ?

Il n'y a pas d'autres EABC actuellement. Dans les autres marchés de l'ASEAN, il existe déjà des plateformes européennes regroupant des chambres de commerce européennes. Voila pourquoi, il était intéressant d'implanter l'EABC en Thaïlande où aucune plateforme n'existait. L'entité s'appelle l'European Asean Business Center mais en fait nous travaillons pour le moment que sur le marché thaïlandais, pas avec l'ASEAN. Néanmoins, l'EABC souhaite s'établir dans d'autres pays asiatiques dans un proche avenir.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de la stratégie des différents organismes de l'Union européenne pour le développement du commerce en Thaïlande ? Parmi elles, comment l'EABC se positionne-t-il et quelle valeur ajoutée va-t-il apporter ?

L'Union européenne veut renforcer sa présence sur les marchés en Thaïlande en supportant les investissements et l'internationalisation de leurs entreprises, et notamment ses PME. L'idée est d'améliorer leur accès aux marchés, et particulièrement les marchés émergents et ceux à forte croissance, et de favoriser la coopération entre les sociétés, mais aussi avec les autorités locales. L'UE est sans cesse en train de chercher comment s'implanter sur les marchés locaux des secteurs ouvriers, des services et des industries.

L'EABC ne va pas développer des activités ou des services que l'on trouve déjà, fournis par les Chambres de Commerce et les Ambassades. Nous allons agir comme une plateforme pour faire interagir les acteurs. Le Centre va établir huit groupes d'intervention (l'automobile, l'alimentaire, les services médicaux et pharmaceutiques, l'intégration horizontale, les télécommunications, l'assurance, les droits de propriété intellectuelle, ainsi que le transport et les logistiques) pour identifier quels sont les marchés dont l'accès et où la coopération entre entreprises peuvent être améliorés. Les sociétés européennes déjà présentes ici seront invitées à les rejoindre selon leurs intérêts, et nous allons essayer d'en attirer des nouvelles. Les discussions de ces groupes de travail, auxquelles participeront des acteurs locaux, seront intéressantes pour la communauté d'affaire mais aussi pour les Thaïlandais. Ce sera un partenariat "gagnant-gagnant." Nous organiserons des événements et des conférences, serons présents à des foires. Nous permettrons aussi à l'UE de pouvoir s'exprimer d'une seule voie et nous ferons gagner nos entreprises en visibilité. Nous essaierons également de voir quelles sont les conditions de travail ici pour nos sociétés et comment les rendre meilleures. Et si la situation s'améliore, plus d'entreprises viendront, ce qui est aussi une partie très importante de notre travail.

Qu'est-il besoin d'améliorer le plus en ce qui concerne le commerce et l'investissement de l'Europe en Thaïlande ?

Nous n'allons pas nous mettre de limites concernant les choses à améliorer. Les huit groupes précédemment cités couvrent les secteurs où il y a beaucoup de choses à faire. Les inondations de l'an passé ont touché nos entreprises - même si elles ont été affectées à un moindre niveau que les sociétés japonaises - et plus particulièrement certains secteurs. Je pense aux transports, à l'alimentaire, à l'assurance. Le droit de la propriété intellectuelle n'est pas une préoccupation pour tout le monde, mais c'est un bon exemple de ce qui doit être amélioré, comme l'est également la législation autour des technologies de l'information et de la communication, qui est un des intérêts européens majeurs.

Certains parlent déjà d'une ?Chambre de commerce européenne?. Êtes-vous d'accord avec cette expression ou pensez-vous qu'elle doit être corrigée ?

Une chose importante à dire est qu'il ne s'agit pas d'une Chambre de commerce européenne. L'EABC est un centre. Il peut être considéré d'avantage comme un réseau, une plateforme qui permettra de connecter les personnes et les sociétés, de partager des informations et des fonctionnalités. Nous ne voyons pas l'intérêt de copier quelque chose existant. Nous allons intervenir en complément de ce qui existe déjà, pour amener une valeur ajoutée. Comme je l'ai déjà expliqué, nous ne sommes pas là pour faire le même travail que celui des autres Chambres de Commerce européennes. Celles-ci organisent des activités, des événements, principalement pour faciliter le réseautage. Il y a aussi les Ambassades, qui fournissent un certain type de services à leurs citoyens. Mais ce travail est souvent restreint à un seul pays. Nous voulons être la voix unifiée des pays de l'Union européenne en Thaïlande. Cette voix y est actuellement très fragmentée, ce qui est normal puisque c'est une entité composée de 27 pays qui ont des langages et des cultures différentes.

Quels seront les bénéfices possibles pour les PME qui deviendront membres du Centre ?

Ce que nous pouvons dire des PME, c'est que justement de par leur taille, elles ont besoin d'aide, d'assistance. L'EABC sera chargé de leur fournir la meilleure et la plus claire information sur le marché thaïlandais. Les PME ont besoin d'avoir l'information la plus juste possible et d'être connectées, dès leur arrivée, aux différents réseaux. L'EABC va analyser leurs conditions de travail ici et voir comment les rendre les plus efficaces. Nous sommes encore en train de travailler sur le système d'adhésion, mais il est acté que les membres pourront participer aux réunions des groupes de travail, être visibles dans nos publications, dans les événements que nous organiserons et ceux auxquels nous participerons. Ils feront partie d'un centre qui poussera pour leur intérêt et qui a le soutien de 12 Chambres de Commerce, de 27 pays et de 19 ambassades.

Quelles genres de préoccupations les acteurs qui sont derrière l'EABC ont-ils en commun ?

Je pense que la préoccupation principale reste de fournir l'information juste sur le marché thaïlandais et d'y amener une valeur ajoutée. Mais en fait, tout le monde souhaite en premier lieu faire véritablement démarrer le processus visant à rendre la position de l'Union européenne plus forte ici. Nous avons eu précédemment toutes les questions légales à régler pour devenir opérationnel. Et maintenant que tout cela est terminé, que nous avons signé le contrat, nous sommes prêts à commencer. Nous allons devenir totalement opérationnel, et allons intensifier notre travail puisque nous avions tout de même lancé quelques opérations.

Quelles vont être les tâches les plus difficiles pour l'EABC ? Pourriez-vous nous donner un aperçu des principaux événements et des projets de l'EABC dans les prochains mois?

Il y a de nombreux sujets difficiles sur lesquels nous travaillons déjà. Nous allons, par exemple organiser un colloque sur les conséquences des inondations. Nous avons également en tête l'alimentation, les hôtels qui font partie des plus gros intérêts commerciaux. Et puis, il y a les technologies de l'Information et de la communication. Nous avons déjà rencontré la Commission nationale de diffusion et de communication (NBTC) qui discute actuelle d'une révision des lois sur la présence des sociétés étrangères dans le secteur des télécommunications. Nous nous sommes également déjà rendus au Département de la propriété intellectuelle pour parler de la situation de la protection des marques. Notre présence auprès de ce genre d'institutions est vraiment la bonne manière d'avoir un dialogue et une position commune au nom de l'Union Européenne. Dans les prochains mois, nous allons surtout continuer à participer à des réunions avec les autorités pour faire entendre la voie de l'Europe.

Propos recueillis par Yann FERNANDEZ  mercredi 29 février 2012

20624419_138589036737192_1766471702_n
Publié le 29 février 2012, mis à jour le 7 décembre 2022

Flash infos