

La Cour constitutionnelle thaïlandaise a accordé mercredi un délai à la Première ministre Yingluck Shinawatra pour présenter sa défense dans l'une des affaires qui pourraient conduire à sa destitution, faisant craindre un basculement dans un nouveau cycle de violences. Yingluck, qui fait également face depuis près de six mois à des manifestations réclamant sa tête, devra présenter ses arguments d'ici le 2 mai, a indiqué la Cour dans un communiqué.
La Première ministre, qui avait réclamé un délai, et d'autres témoins seront ensuite entendus le 6 mai, a ajouté la Cour, qui n'a pas donné de date pour sa décision.
L'affaire concerne Thawil Pliensri, transféré de son poste de patron du Conseil de sécurité nationale après l'arrivée de Yingluck au pouvoir en 2011.
Un groupe de sénateurs, estimant que ce transfert avait été fait au bénéfice du parti de Yingluck, a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle.
Si une telle violation de la Constitution -- rédigée après le coup d'Etat de 2006 contre son frère Thaksin Shinawatra-- était reconnue, la Cour pourrait décider de destituer Yingluck.
La Première ministre fait également face à une procédure de la Commission anticorruption pour négligence, dans le cadre d'un programme controversé d'aide aux riziculteurs. Une affaire dans laquelle elle risque aussi la destitution.
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Une Cour qui fait et défait les gouvernements Voici une liste des principales décisions rendues par la Cour Constitutionnelle depuis 2006 : - Annulation des élections d'avril 2006 et de février 2014 (deux élections boycottées par le Parti Démocrate) ; - Dissolution du parti de Thaksin Shinawatra, le Thai Rak Thai le 30 mai 2007 pour fraude électorale avec deux autres petits partis - le Parti Démocrate, sur le banc des accusés, est acquitté (lire notre article); - Destitution du Premier ministre Samak Sundaravej, en octobre 2008, pour avoir participé à une émission de cuisine à la télévision (lire notre article) ; - Dissolution pour fraude électorale en décembre 2008 (lire notre article) de trois partis de la coalition gouvernementale ? le Palang Prachachon (PPP), réincarnation du Thai Rak Thai, et de deux autres petits partis Chart Thai et Matchima - dont les membres actifs sont interdits de politique pendant 5 ans ; ce jugement accéléré rendu sans avoir entendu tous les témoins de l'affaire, entraine la chute du Premier ministre Somchai Wongsawat, beau-frère de Thaksin, et permet au Parti Démocrate de prendre le pouvoir pour trois ans à la faveur d'un un vote parlementaire. Ce jugement, considéré comme un coup d'Etat judiciaire, amènera directement aux manifestations durement réprimées de 2010 qui ont fait plus de 90 morts et près de 2.000 blessés; |
Les partisans du gouvernement voient ces procédures comme des tentatives de coup d'Etat judiciaire, alors que la justice a déjà chassé deux gouvernements pro-Thaksin du pouvoir en 2008.
Depuis le putsch de 2006, la Thaïlande est engluée dans un cycle de crises politiques faisant descendre dans la rue tour à tour les partisans et les ennemis de Thaksin, qui reste, malgré son exil, le facteur de division du pays.
La crise actuelle, marquée par des attaques à la grenade et des fusillades, a fait au moins 25 morts et des centaines de blessés.
Mercredi après-midi, un militant du mouvement pro-gouvernement des Chemises, également poète et opposant à la loi réprimant le crime de lèse-majesté, a été abattu devant un restaurant à Bangkok, selon la police, qui n'a pu préciser si l'attaque était politique.
Depuis la dissolution du Parlement en décembre, le gouvernement ne peut qu'expédier les affaires courantes et les législatives du 2 février ont été invalidées par la justice en raison de leur perturbation par les manifestants.
Aucune date n'a été fixée pour le nouveau scrutin que les manifestants antigouvernementaux ont menacé de perturber à nouveau.
Ces derniers, qui accusent le clan Shinawatra d'avoir mis en place un système de corruption généralisé, veulent remplacer le gouvernement par un conseil du peuple non élu.
Alors que les partis pro-Thaksin ont remporté toutes les législatives depuis plus de dix ans, les Chemises rouges ont de leur côté promis de descendre dans la rue pour défendre le gouvernement, faisant craindre de nouvelles violences.
Avec AFP jeudi 24 avril 2014







