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CORRUPTION – La Thaïlande de Thaksin et d'Abhisit sur un pied d'égalité

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 16 novembre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

La Thaïlande a accueilli la semaine dernière la 14ème conférence internationale anti-corruption, et a promis vouloir servir d'exemple en faisant tout en son pouvoir afin de résoudre ce problème à un niveau national. Une annonce cocasse dans un pays où la situation n'a guère évoluée ces dernières années

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a assuré vouloir faire de la Thaïlande un pays exemplaire dans la bataille contre la corruption. Mais l'immensité de la tâche et le peu de mesures prises jusqu'à présent laissent peu d'espoir d'apercevoir un réel changement (Photo courtoisie IACC)

La Thaïlande, qui vient d'accueillir la semaine dernière à Bangkok la 14ème conférence internationale anti-corruption, a promis de faire des efforts afin de faire évoluer la société. "La corruption est l'un des problèmes majeurs qui doit être résolu, et tous les secteurs doivent coopérer afin d'amener à un changement de mentalité", a déclaré le Premier ministre Abhisit Vejjajiva.  Dans son discours de clôture, l'un des membres de la Commission nationale anti-corruption (NACC), Pakdee Phosiri, a conclu que la corruption gangrénant le royaume était directement liée à la pauvreté. Toutefois, un rapport publié la semaine dernière par la NACC estimait à 100 milliards de bahts (2,4 milliards d'euros) les pertes annuelles liées à la corruption dans les projets d'acquisition du gouvernement, qui implique des responsables politiques et le secteur privé, soit 20% du coût total des projets qui se situe entre 500 et 600 milliards de bahts par an. En comparaison, cela correspond aux pertes causées ces dernières semaines par les tempêtes et inondations, selon une estimation du Comité national pour le développement économique et social.

Des affaires mais peu de recours possibles
De nouvelles affaires de corruption apparaissent régulièrement, mais peu de poursuites sont engagées, et encore moins vont à leur terme, en partie à cause des complexités juridiques. Parmi l'une des dernières en date, la diffusion de vidéos sur Internet impliquant des juges de la Cour constitutionnelle et une tentative présumée de lobbying du Parti démocrate, dans une affaire qui pourrait mener à sa dissolution. Une enquête interne au tribunal a été ouverte, le renvoi du Secrétaire général du Président de la Cour ? suspecté d'avoir filmé en caméra cachée les réunions - ordonné, des poursuites engagées contre des journaux pour diffamation et le blocage d'un des clips sur Internet demandé, mais rien concernant les autres juges et personnes apparaissant sur ces vidéos. Le Président de la NACC, Panthep Klanarong, s'est d'ailleurs récemment plaint du manque de moyens juridiques mis à la disposition de son organisme, qui n'a le pouvoir de ne fournir que des rapports d'enquête, sans avoir la possibilité d'engager des poursuites judiciaires, qui restent à la discrétion du Bureau du procureur général.

Des efforts plus symboliques qu'efficaces
Le gouvernement a toutefois pris récemment quelques mesures, qui semblent néanmoins encore insuffisantes. Parmi celles déjà mises en place, la création d'un collectif de 27 entreprises chargées de servir d'exemple. Mais malgré les nombreuses promesses, tous les indicateurs portent à croire que peu de choses ont changé ces dernières années. La semaine dernière, un sondage ABAC comparant la perception qu'ont les Thaïlandais de la corruption laissait apparaître un sentiment de résignation : 90,1% pensent que les fonctionnaires et agents de l'État sont corrompus, contre 84,9% lors d'un même sondage réalisé cinq ans auparavant. Le rapport annuel sur la corruption de Transparency International, rendu public le mois dernier, indique que le score de la Thaïlande est resté presque inchangé depuis 2007, et a même légèrement empiré par rapport à la dernière année sous le gouvernement de Thaksin Shinawatra. Des résultats inquiétants alors que le coup d'État de 2006 avait été en partie justifié par la lutte contre la corruption. "Certaines personnes ont pensé que la corruption pourrait contribuer à faire progresser l'économie du pays, mais cette idée a dû être modifiée avec le temps", s'est néanmoins défendu Abhisit.
Quentin WEINSANTO (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 16 novembre 2010

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Publié le 16 novembre 2010, mis à jour le 14 novembre 2012

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