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4.000 policiers pour le verdict de l'ex-Première ministre thaïlandaise

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Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 21 août 2017, mis à jour le 3 janvier 2019

Plus de 4.000 policiers doivent être déployés vendredi à Bangkok pour un verdict très attendu de la Cour Suprême, qui pourrait envoyer en prison l'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, accusée de négligence dans la mise en place d'un coûteux un programme de subventions aux riziculteurs.

Celle qui a été la première femme chef de gouvernement en Thaïlande, renversée par un coup d'Etat en 2014, risque jusqu'à 10 ans de prison si elle est condamnée, ainsi que le bannissement à vie de la scène politique selon la nouvelle Constitution rédigée par les militaires au pouvoir.

Des milliers de partisans de Yingluck ont prévu de se rassembler devant le tribunal dans le nord de Bangkok vendredi, jour du verdict de son procès, malgré les demandes répétées de la junte de rester chez soi.

"La police va déployer des forces anti-émeutes pour assurer la sécurité... Ils seront 4.000 au total", a annoncé devant la presse un haut-responsable de la police, Panurat Lakboon, qui dit attendre 3.000 manifestants.

Ils n'auront pas le droit d'"envahir les environs du tribunal", mais pourront se réunir non loin, a-t-il précisé.

Lors des audiences du procès-fleuve de Yingluck Shinawatra, une foule à chaque fois plus importante s'était massée devant le tribunal, lui offrant des fleurs ou chantant pour l'encourager. Cela malgré l'interdiction, en vigueur depuis le coup d'Etat, d'organiser des manifestations politiques.

Néanmoins, son programme de subventions qui consistait à acheter aux riziculteurs leur récolte à deux fois le prix du marché fut l'une des mesures phare de sa politique qui déclencha des manifestations de masse à Bangkok contre son gouvernement.

Le programme, qui permit ainsi de distribuer plusieurs milliards d'euros vers sa base électorale, est soupçonné d'avoir donné lieur à de nombreuses irrégularités, notamment au niveau des intermédiaires qui auraient exploité les failles du système pour détourner des parts importantes de ces aides.

Mais Yingluck défend une aide nécessaire pour soutenir les riziculteurs pauvres, qui reçoivent historiquement peu d'aide du gouvernement.

Les militaires et l'accusation estiment qu'elle doit endosser personnellement la responsabilité de ce programme, une façon inédite en Thaïlande de punir un chef de gouvernement pour sa politique.

Lors de la dernière audience de ce procès de 18 mois, le 1er août, Yingluck Shinawatra s'est posée en "victime d'un jeu politique" mené par la junte.

Une condamnation à une peine ferme -qui pourrait donc aller jusqu'à dix ans de prison- risquerait de mettre le feu aux poudres, dans un climat de frustration politique grandissante, avec une junte militaire s'accrochant depuis plus de trois ans au pouvoir.

Les généraux ultra-royalistes au pouvoir sont accusés de vouloir nettoyer la scène politique, notamment de l'influence de la famille Shinawatra, avant de se risquer à toute annonce d'élections.

Yingluck et son frère Thaksin, lui-même Premier ministre de 2001 à 2006 et lui aussi renversé par un coup d'Etat, en 2006, sont adulés dans les régions pauvres du nord et surtout du nord-est, mais sont détestés par les élites traditionnelles de Bangkok qui s'évertuent à les tenir à l'écart du pouvoir depuis un peu plus de dix ans et enrayer leur machine politique à grand renforts de décisions de justice et de coups d'Etat.

"Bien qu'un verdict défavorable à Yingluck signerait la fin de sa participation dans la vie politique thaïlandaise, une telle décision aurait aussi pour effet d'unifier avec plus de force encore les partisans des Shinawatras contre la junte," estime Paul Chambers, expert en politique thaïlandaise à l'Université Naresuan.

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 21 août 2017, mis à jour le 3 janvier 2019

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