Nous l'évoquions déjà dans l'article portant sur le système politique néo-zélandais, la communauté Māori dispose de sièges spécifiques à la chambre des représentants. La rédaction du Petit Journal Auckland revient sur cette particularité kiwi.
Le premier parlement néo-zélandais est introduit par The New Zealand Constitution Act en 1852. Ce texte met en place un suffrage masculin dit censitaire. En d'autres termes, la participation au vote est conditionnée par le paiement d'un impôt, le plus généralement foncier. Cette forme de suffrage limitait l'accès des Māori au vote. En effet, la notion de propriété dans la communauté était principalement perçue comme collective. Lors de la première élection en 1853, seuls 100 hommes d'origine Māori participaient au vote alors même que leur part dans la population était bien supérieure aux nouveaux arrivants européens.
En effet, les personnalités publiques de l'époque craignaient ce groupe qui, de par son nombre, aurait déstabilisé la balance électorale. En d'autres termes les Māori ont été exclus du processus politique pour des raisons “douteuses” : manque de culture politique de la communauté maorie ou encore sa dimension peu ou pas “civilisée".
L'introduction des sièges Māori intervient lors de la décennie suivante.
Ce point structurant de la vie politique néo-zélandaise a pour origine une lutte d'influence entre les parlementaires des deux îles. En 1860, la fièvre de l'or s'empare du pays et provoque d'importants mouvements de populations vers l'île du Sud. De fait, le nombre de sièges alloués à la représentation de cette partie du pays augmente. Afin de conserver son influence, la communauté politique de l'île du Nord propose l'introduction de quatre sièges maoris. Élus exclusivement par les Māori, les sièges seraient toutefois aux mains de représentants pakehas. Ce qui ne fut finalement pas le cas.
Trois sièges reviendraient ainsi à l'île du Nord et un seul à l'île du Sud, permettant de restaurer l'équilibre entre les élus des deux îles à la chambre. Au-delà de cette question d'équilibre des territoires, l'introduction du Māori Representation Act en 1867 est un point crucial dans l'histoire politique du pays. Ce texte met en place un suffrage universel masculin ouvert aux Māori et métis de plus de 21 ans soit 12 ans avant qu'un mode de scrutin similaire ne soit mis en place pour la liste de la “general election”. Cet acte avait également pour ambition de couper l'herbe sous le pieds des velléités d'indépendance et d’auto-gouvernement issues de certaines parties de la communauté Māori. En leur permettant un accès au parlement, les représentants espéraient les intégrer au processus politique général, assurant ainsi une entente durable entre les deux communautés.
Dans l'esprit des législateurs de l'époque, ces sièges étaient seulement temporaires. Ils devaient en effet permettre l'inclusion politique des Māori au système de Westminster puis disparaître une fois que cette communauté se serait approprié les concepts légaux occidentaux.
Malgré la volonté initiale des législateurs, les Māori seats sont demeurés une constante dans le cadre institutionnel néo-zélandais. Aujourd'hui l'ambivalence de ces sièges et leur pertinence est remise en cause.