Nos deux systèmes divergent sur bien des points. Quels sont les différences, quel regard avoir en tant qu’expatriés ? Ecole traditionnelle, école bilingue, devoirs, ou non, des parents mais aussi des enfants ont répondu aux questions du Petit Journal Auckland pour vous donner une vision la plus fidèle possible de la réalité.
Il faut savoir que le système néo-zélandais repose sur le bien-être des enfants. À l’image des écoles Montessori* qui émergent en France, l’idée est de se focaliser sur les besoins et les talents que l’enfant développe. Ainsi, l’intérêt des élèves est optimal et leurs compétences utilisées au mieux et dans leur sens. Il est nécessaire d’avoir des connaissances dans tous les domaines mais pour les néo-zélandais, l’épanouissement et l’expérimentation restent le plus important.
Le système d’éducation néo-zélandais est le plus libéral du monde
Ainsi, les établissements publics sont gratuits mais autonomes. Administrativement c’est un conseil d’élus avec généralement des parents d'élèves qui gèrent. Quant aux fonds, ils viennent des inscriptions et de fonds privés.
Les 2500 écoles du pays déterminent leur programme en autonomie mais toujours en fonction des 8 principes établis par le gouvernement :
• des attentes élevées,
• les bases du traité de Waitangi,
• la diversité culturelle,
• l’inclusion,
• apprendre à apprendre,
• un engagement communautaire,
• la cohérence
• les orientations futures
Avec ce système, les élèves ne sont pas classés par âge mais par niveau d’apprentissage. Il y a 13 années de scolarité, 8 niveaux pour les 8 principes. Il n’existe pas d’évaluation, pas de devoirs. Les enseignants déterminent eux-mêmes l’examen pour chaque champ d’apprentissage. Pas de 0/20 ou 8/10, aucune note chiffrée n’est attribuée. Il n’y a aucun examen ministériel, pas de test standardisé de la part du gouvernement.
De ce fait, il existe une grande confiance entre le système éducatif de Nouvelle-Zélande et les enseignants. Ceux-ci sont régulièrement évalués sur leur méthode de travail.
Témoignages
Il y a toujours quelque chose à dire sur le thème de l’éducation. La France est la reine des réformes, les Français, les rois du mécontentement de celles-ci. Pour avoir du recul, Sarah et Franck, nous ont donné leurs avis. Leur légitimité ? Leurs expériences en tant que parents et élèves du système français puis néo-zélandais.
« La principale différence entre une école à Paris et une école à Auckland est l’espace vert ou son manque. » Pour Sarah, mère de deux enfants nés à Paris, c’est l’environnement et la possibilité des enfants à s’épanouir dans la nature qui marquent la plus grosse différence. « À Paris, l’école n’avait pas de pelouse du tout, juste deux arbres que les enfants n’avaient pas le droit de toucher pour grimper dessus », ce que la néo-zélandaise voyait comme une prison de l’extérieur, l’était aussi à l’intérieur, même en Province.
« Je suis passé d’un endroit où les profs sont stricts, les élèves insultent les profs, personne n’aime le sport, personne ne veut aller à l’école à la Nouvelle-Zélande. » Les mots de Franck, maintenant 23 ans, veulent tout dire. Il a mis du temps à accepter ce changement brutal dans sa vie « du jour au lendemain, on me dit : tu vas aller à l’autre bout du monde, dans une ville de 1 million et demi d’habitants, où tout le monde parle anglais pour y refaire ta vie». À 13 ans, il doit tout quitter et tout recommencer pour suivre ses parents.
L’année scolaire est de février à décembre
Pour Franck, c’est « une très bonne idée ». « Ça empêche la discrimination envers les marques/habits. En plus, les enfants sont fiers de représenter leur école avec leur uniforme. » Un short, une paire de chaussettes longues jusqu’aux genoux, une chemise à manches courtes, des chaussures de ville noires, une veste ou un pull sans oublier l’uniforme spécial pour le sport, un gain de temps aussi choisir comment s’habiller le matin.
Autre changement, les évaluations. En France, les enfants sont notés sur 20 et les lycéens travaillent trois ans pour l’obtention de leur bac. En Nouvelle-Zélande, chaque devoir rendu ou examen donnent des points pour avoir des « crédits ». Pas de notes donc mais une gradation de lettres :
NA = not achieved
A = achieved
M = merit
E = excellent
Pour passer à la deuxième étape du lycée, il faut 15 crédits en anglais, en maths et dans la matière de son choix. C’est ce qui permet d’obtenir le niveau 1 NCEA. Pour aller à l’université, il est nécessaire d’avoir le NCEA niveau 3 en plus des crédits dans des matières spécifiques. Franck explique : « Par exemple, si tu veux faire ingénieur, il te faut ton NCEA niveau 3 ainsi que 15 crédits en algèbre. Alors que pour business, il faut 15 crédits en comptabilité et 15 en économie. »
Il faut savoir que l''université est payante. Et deux fois plus chère si l’étudiant a une nationalité étrangère. En tant que résident, un accès à des prêts à taux zéro et un remboursement sans durée limitée sont néanmoins possibles.
La liberté VS le concret
« En classe, tu peux t’asseoir où tu veux, par terre, dans des poufs, au fond de la classe, près du tableau. Ca n’a pas d’importance », explique Franck. Cette liberté est une sorte de rafraichissement pour Sarah qui voit dans le système néo-zélandais plus de relaxation, de fun. Les cours de musique et de sport sont intégrés dans l’emploi du temps. « C’est rafraichissant et ça donne un sentiment agréable de liberté » se satisfait Sarah.
Mais cette libéralisation la laisse parfois suspicieuse. « Ce que j’aime dans le fonctionnement français c’est que les parents ont une bonne idée de ce que font leurs enfants et comment ils le font. En Nouvelle-Zélande, on ne sait pas vraiment ce que les enfants sont en train d’apprendre, c’est très vague, » raconte la maman. Si les parents ne savent pas, Franck donne idée de comment ça se passe : « Les profs et les élèves s’appellent par leur prénom. On partage les blagues ensemble ou raconter son week-end. La premier jour de la rentrée, les profs avaient organisé des batailles de pistolets à eau entre classes. »
Outre ce point, le côté pratique de la cantine française manque ici comme le rythme et les journées légères de Nouvelle-Zélande manquent aux enfants en France.
En bref :
• Cours le matin, activités l'après-midi (à l'école)
• Forte implication dans la vie de l'établissement
• Établissements non mixtes pour la plupart et port de l'uniforme (coût : environ 200 dollars/uniforme)
• Ambiance scolaire très détendue (éventuellement pas de chaussure en classe...)
• Lycée : Chaque élève choisit les matières qu'il souhaite étudier (seul l'anglais et les maths sont obligatoires)
• Elèves répartis en groupe de niveaux au sein d'une même classe : le maître propose des activités adaptées au niveau du groupe.
• Faible taux de redoublement
• Evaluation : échelle de notation très large et flexible
• Autonomie complète des établissements, pas de carte scolaire (choix libre de l'établissement scolaire), gestion des établissements primaires et secondaires par un conseil d'élus par les parents d'élèves
• Programme souples, peu de devoirs.
• Importance accordée aux activités sportives et extra-scolaires
• Communauté ethnique : 70% d'ascendance européenne, 15% Maoris, 5% Polynésiens