Nous rencontrons aujourd’hui une vraie passionnée d'environnement qui a choisi de mener sa carrière tambour battant dans le monde de l’entreprise, afin d’avoir un véritable impact sur la société et dans le monde. Rencontre avec une française au sommet d’une entreprise néo-zélandaise…
Roseline, quel a été ton parcours avant d’arriver en Nouvelle-Zélande ?
Diplômée de l’Ecole de commerce l’ESSEC, j’ai eu l’opportunité de faire des stages en gestion de projets et logistique dans des grandes entreprises comme Procter et Gamble et Michelin en France mais aussi des missions caritatives comme l’enseignement dans une prison et l’humanitaire en Afrique. Enrichie de ma formation couvrant des sujets transversaux et de mes premières expériences sur des questions environnementales, j’ai commencé ma carrière dans un cabinet de conseil dans l’environnement puis rejoint le service public : l’ADEME.
Quand et comment es-tu arrivée en Nouvelle-Zélande ?
Mon partenaire de l’époque a eu une opportunité qui ne se refuse pas pour venir à Auckland. J’avoue que je n’aurais jamais pensé venir habiter si loin de ma famille mais ayant déjà eu une expérience en Australie que j’avais adorée, j’acceptais cette nouvelle aventure. Nous étions novembre 2011 juste après la Coupe du Monde de rugby que nous avons ratée ici à Auckland. "Damn it!"
Comment s’est passée ta recherche d’emploi ?
Arrivée avec un visa partnership, j’ai bénéficié grâce à l’entreprise de mon partenaire de 12h de coaching personnalisé afin de comprendre le marché de l’emploi néo-zélandais et refaire mon CV qui est assez différent ici. Cet accompagnement a été crucial. La coach m’a bien préparée aux entretiens et trois mois après, j’ai décroché un entretien chez Watercare.
Quel était ton premier emploi chez Watercare ?
J’ai eu un vrai coup de foudre pour l’entreprise et le poste de Sustainability Manager. (Responsable Développement Durable). C’était une création de poste en raison de la pression qu’Auckland Council avait mis sur le développement des questions environnementales. Les enjeux du poste étaient d’améliorer l’efficacité de la consommation d’eau et ensuite j’avais carte blanche sur les autres questions autour du développement durable. Le rêve!
Qu’est-ce qui a joué dans ton recrutement ?
Je pense que c’est vraiment mon expérience dans le développement durable et surtout le fait d’avoir travaillé sur des grands projets à taille européenne qui a joué bien que je n’avais pas une expertise dans le domaine de l’eau. Et ils m’ont recruté plus à cause de mon potentiel que de mon expérience. Une grande différence avec les entreprises françaises en général.
Aujourd’hui ton poste a évolué ?
Mon job a énormément grossi et je gère aujourd’hui une équipe de 20 personnes aux Opérations dans les domaines tels que l’énergie, les effluents industriels, l'efficacité eau et différentes initiatives environnementales. J’aime beaucoup le monde du travail ici, ca doit me réussir !
En tant qu’experte sur ces questions, quel est ton point de vue sur les différences de traitement environnemental entre la France et la Nouvelle-Zélande ?
La question environnementale est traitée de manière différente car les deux pays ont des situations bien différentes. La Nouvelle-Zélande a une densité de population faible et se trouve seule au milieu des océans ce qui permet d’avoir sa pollution diluée par les vents marins.
Par exemple, alors que tout néo-zélandais possède une voiture, la NZ est en retard sur les questions de pollution de l’air car celle-ci n’a pas le temps de se former du fait des vents marins. Ce n’est pas un sujet ici car personne n’en souffre, et de ce fait nous sommes malheureusement le dernier pays de l’OCDE à ne pas avoir de réglementation sur la pollution automobile.
En revanche, le pays est aussi très propre et les questions de biodiversité sont très bien traitées. Le pays a en mémoire l’écosystème originel et veut le préserver ou le recréer. En France, on ne sait plus bien quel est l'écosystème originel.
La Nouvelle-Zélande est en avance sur les sujets de biodiversité et a un pragmatisme extraordinaire pour organiser des opérations d’envergures afin de protéger son environnement (ex: utilisation du poison 10-80 dans les parcs régionaux afin d’éradiquer les mammifères nuisibles, principalement opossums, belettes et rats pour aider à retrouver une population d’oiseaux en voie d’extinction). Un épandage aérien d'appâts empoisonnés paraît peut-être un peu étrange vu de France, mais le nombre de Kokako (un bel et rare oiseau d’ici) a doublé après cette opération dans les Hunua Ranges au sud-est d’Auckland...
Les communautés néo-zélandaises prennent aussi vraiment à coeur de protéger leur environnement et ont une vraie culture du bénévolat. Elles n’attendent pas toujours que le gouvernement agisse. Beaucoup d’actions sont organisées par des groupes locaux avec le soutien financier des mairies ou du gouvernement afin de replanter des arbres ou préserver les oiseaux.
L'agriculture intensive a causé une dégradation de la qualité de l’eau des rivières importantes et celles-ci ne sont plus baignables. La conscience environnementale autour des pesticides est moins développée et il est rare encore de trouver des études approfondies sur la question. Aussi, il n’y a pas eu en Nouvelle-Zélande de gros scandale sanitaire à ce sujet. Mais je crois personnellement que notre horticulture utilise bien trop de produits chimiques.
En NZ, 80% de l'énergie est renouvelable… Ca fait rêver, non ?
Pour finir, quel est ton rêve pour la Nouvelle-Zélande ?
La Nouvelle-Zélande a la chance d’être un petit pays avec une chaîne de décision rapide et pas de greenwashing. Elle a une taille parfaite pour expérimenter et changer les choses rapidement. Je rêve que la Nouvelle-Zélande devienne un pays pilote et démontre ses capacités en matière d'environnement à l’internationale.