L'être humain s'accomplit dans l'adversité. Nous sommes au début de l'une de ces périodes et nous avons entre nos mains la possibilité d'un futur où l'humain peut se redéfinir. Ce n'est pas une guerre, ni une famine ; ce n'est ni une crise économique ni une crise sociale, c'est un tout petit virus, qui se déploie, se répand sur les cendres d'une humanité qui se perd. C'est aussi une opportunité, une chance de construire un monde dans lequel l'être humain peut être meilleur, peut grandir et devenir.
Le coronavirus. Un virus si petit, si versatile, et qui peut changer la face du monde. Rien n'est fait encore, mais on peut déjà voir apparaître les extrêmes si caractéristiques de l'espèce humaine se manifester aux quatre coins de la planète. Alors cette remise en question mondiale, que va-t-elle enfanter ?
Au YWCA d'Auckland, où je passe mon confinement avec 140 autres personnes venant du monde entier, résidents et équipe de management confondus, le coronavirus a un impact bienfaiteur dans l'ensemble. "Cela fait deux ans que j'ai pris la tête de l'auberge et que je tente d'y créer une communauté internationale. Jusqu'à présent, rien n'y faisais", m'avoue Kerry Barnett, la manager en chef. Pourtant Kerry s'occupe de nombreuses autres associations de jeunes (dont la PHAB NZ, la plus grande organisation d'aide aux jeunes handicapés de Nouvelle-Zélande). Depuis 20 ans, elle en est la manager générale et elle confesse qu'amener les gens à partager des activités, parfois juste se côtoyer, est un travail de chaque instant.
Depuis le début du confinement, elle assiste avec plaisir à un changement qui s'installe lentement mais sûrement. "Cette fois-ci, je n'ai pas fait grand chose. J'ai mis à disposition des résidents des jeux comme des raquettes, des balles, des frisbies, nous avons créé un groupe sur Facebook ; et j'ai patiemment attendu."
Chaque jour, un peu plus de résidents sortent de leurs chambres, et tout en respectant les mesures de sécurité mises en place, commencent à partager. Une partie de UNO rassemble 9 nationalités, dont certaines sont des ennemis sur le plan politique, comme le Pakistan et l'Inde. Un chef cuisinier brésilien offre des cours de cuisine, des cours qui se transforment en voyage culinaire à travers le monde. Un retraité australien procure des cours d'anglais, des parties de tennis internationales et impromptues s'organisent, des résidents permanents en difficulté bénéficient de l'aide alimentaire et morale procurée par l'équipe de management...
Tous ces petits rien qui n'existaient pas auparavant deviennent chose commune dans notre quotidien. Les sourires fleurissent, les peurs et les doutes se dissipent dans la solidarité qui s'exprime face à ce virus. Le coronavirus est-il finalement le virus pour nous rassembler tous ?