Alors qu'ils entament leur 3ème semaine avec sérénité (malgré de petits écarts pendant les jours ensoleillés) Le Petit Journal Wellington a pu échanger avec Déborah, Adélaide, Sabrina, Susan et Doug, tous confinés dans la capitale Néo-Zélandaise. Ils témoignent.
Déborah, 26 ans :
À Wellington depuis presque 2 ans, je travaille dans une boulangerie / pâtisserie française, donc il ne m'est pas possible d'effectuer le télétravail. Je reste à la maison pour le confinement, avec mes 4 super colocs ! L'ayant senti venir, j'ai prévu le coup en revoyant mon budget jeux de société à la hausse pour qu'on ne s'ennuie pas.
Mes 2 colocs chiliens sont musiciens, ils ont réaménagé le salon pour en faire leur studio. On ne s'en plaint pas, ce sont des as de la guitare, mais peut être qu'à la fin du confinement on n’en pourra plus de la musique latine… On va aussi passer beaucoup de temps en cuisine, ce qui ne va pas trop changer de nos habitudes. J'avais aussi prévu le coup de la quarantaine en achetant de gros paquets de farine de 20 kg et pas mal d'œufs. On fait le pain, les pâtes et la sauce tomate maison, du coup on n’a pas eu besoin de « dévaliser » le supermarché comme beaucoup.
C'est comme un air de vacances pour nous, on profite de ce temps pour se retrouver et partager des moments chaleureux tous ensemble. Sans bien sûr oublier tout ce qu'il se passe… Je suis d'ailleurs extrêmement surprise de constater qu'énormément de personnes sortent de chez eux. Il y a de la circulation toute la journée. Sans parler de tous ceux qui se baladent avec leurs enfants ou ceux qui font leur sport (seul ou en groupe). Certes on a encore le droit de sortir mais je m'attendais à un peu plus de respect du confinement en NZ par rapport à la France.
Adelaide, 25 ans :
Néo-zélandaise vivant à Wellington depuis 9 ans, je travaille en tant que Regulatory Advisor pour le gouvernement. J’ai vécu en France à l’âge de 6 ans pendant l’année d’étude de mon père à Paris dans le 15e arrondissement. Je me souviens que j’allais à l’école le matin, et l’après-midi nous allions explorer les musées et expositions.
Les mesures pour le confinement sont arrivées assez soudainement et chaque jour nous avons l’impression de nous réveiller dans un autre monde. Le plus gros impact dans ma vie est le changement de routine, que je ne puisse pas me rendre dans les cafés, en bord de mer, voir mes amis. Professionnellement, j’ai de la chance d’avoir intégré un département assez flexible pour lequel je travaille de chez moi. La transition travail-maison a donc été aisée et mon travail ponctue mes journées.
La vie pendant le confinement est plutôt pas mal, mais il faudra m’interroger dans 2 semaines. Un rythme plus lent est le bienvenu, je n’ai pas l’habitude de rester chez moi habituellement mais cela me laisse le temps pour peindre, regarder des films et lire. J'ai eu 25 ans un jour avant le confinement et ma fête d'anniversaire a été annulée, mes parents et mes amis sont restés chez eux. Le jour d'après, un ami m'attendait sous mon balcon avec des cartes de mes proches, des chocolats et un bouquet de fleurs. C'était un moment très spécial.
Sabrina, 45 ans :
Nous sommes arrivés à Wellington en septembre 2019 où mon mari a été affecté. J'étais professeure d'économie et de gestion à la Réunion et je fais une petite parenthèse en Nouvelle-Zélande en m'occupant de mes enfants qui ont 12 et 7 ans.
Nous étions préparés et n'étions pas étonnés à l'annonce du confinement faite par la PM Jacinda Ardern. Mon mari et moi suivions de près l'actualité en France et en Italie sur l'avancée de la pandémie. En prévision du confinement, j'ai acheté des accessoires (cahiers, crayons, pâte à modeler, laine...) pour faire des activités avec les enfants ainsi que quelques provisions.
J'ai progressivement arrêté mes sorties au cinéma, déjeuners entre copines dès que j'ai entendu parler des premiers cas de personnes contaminées. Mon mari et moi avons décidé de retirer nos filles de l'école avant même que le gouvernement annonce la fermeture de toutes les écoles. Nos enfants suivent les cours de mathématiques et de français avec le CN, l'anglais avec l'école par email. Nous cuisinons beaucoup et nous faisons une petite balade dans le coin de temps en temps pour nous aérer. Dans la journée nous faisons de la gym, dansons, nous lisons, jouons à des jeux de société, regardons beaucoup de films. Nous arrivons à communiquer avec notre voisine à travers nos terrasses et ensemble tous les soirs de nos entrées de maison, nous applaudissons en hommage au personnel médical.
Susan et Doug, 70 ans :
Nous avons la chance d'habiter dans une grande maison avec un jardin où nous pouvons circuler librement et nous isoler. Mon mari Doug et moi allons fêter nos 45 ans de mariage le 11 avril, nous pouvons nous accommoder de cette période de confinement sans stress et apprécions d’être ensemble.
Nous avons tous les deux 70 ans et sommes par conséquent des personnes à risque. Nos voisins nous ont proposé de nous aider et ont fait des courses pour nous, geste que nous avons beaucoup apprécié. Nous marchons un peu le long de la mer avec une certaine distanciation, mais il y a peu de monde finalement.
Je devais assister à un stand up comedy show qui a été annulé, et depuis la semaine dernière je suis des cours virtuels d'écriture de comédie en groupe. Nous avons mis en location un petit appartement via Airbnb et nous avons annulé les réservations faites par des touristes européens et américains. Nous avons préféré prendre une personne intéressée par 6 mois de location en continu. Je pense que nous pouvons être fiers de la façon dont le gouvernement a pris les choses en main en prenant soin de ses concitoyens et de l'environnement.