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La Grèce et le tourisme : le beurre et l’argent du beurre

tourisme en Grèce tourisme en Grèce
Dimitris Kiriakakis
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 30 juin 2021

Une nouvelle saison démarre pour le tourisme grec avec une épée de Damoclès sur la tête. La Grèce va devoir avancer à tâtons et espère limiter les dégâts après les réprimandes de l’U.E sur sa gestion des touristes non européens. Le tourisme en Grèce pèse pour 22% du PIB.

 

tourisme en Grèce

 

De 18 milliards d’euros en 2019, à seulement 4,28 milliards en 2020, telle est l’astronomique chute des revenus provenant du tourisme l’année dernière en Grèce. Des pertes financières énormes liées à la pandémie qui ont poussé l'État grec à accélérer la vaccination, surtout sur les îles de la mer Égée et Ioniennes. Une campagne d’immunisation sobrement intitulée « Opération liberté », ayant un seul objectif, ne pas revivre le cauchemar de 2020. Effectivement, cet été, le gouvernement grec affiche ses ambitions et compte bien au minimum doubler les bénéfices liés au tourisme. Mais qui dit réouverture aux visiteurs, dit circulation massive de personnes, et ainsi un risque de transmission accru du virus.

 

Le pays est-il réellement préparé à affronter les dégâts sanitaires que le tourisme engendre ? Un afflux de voyageurs, tous déterminés à profiter des plages, des restaurants et des discothèques. Le gouvernement lui s’estime l’être, l’affirme et le clame, en étant l’un des principaux défenseurs du pass sanitaire européen, et en imposant des restrictions. Des mesures instaurées pour limiter la transmission du virus, mais qui sonnent comme un aveu de faiblesse. Comme si la Grèce, désirait s’allouer tous les bénéfices du tourisme sans les désagrément

 

Un Ministère entre confiance et courbette

Harris Theoharis, le ministre du Tourisme grec, affiche fortement sa confiance pour une « très bonne saison touristique » dans les journaux nationaux. Se déplaçant dans de nombreux pays européens clamant à qui veut l’entendre que la Grèce est sûre, que la Grèce est magnifique et prend toutes les mesures pour empêcher la propagation du virus.  Une tournée digne des plus grands groupes de rocks.

 

Tourisme en Grèce et combattre la propagation du virus

 

Toute cette propagande dans un but clair et limpide : promouvoir le tourisme dans son pays. Belle preuve de confiance envers son système de santé, pourtant si éprouvé ces derniers mois. Une assurance à laquelle nous n’avons pas eu droit, le service de presse du ministère ne souhaitant pas communiquer avec des journalistes francophones. 

Ainsi les raisons de ces certitudes sont simples, le pays a défini plusieurs processus mis en place pour la « sécurité sanitaire » des futurs touristes. Le pass sanitaire européen, effectif dès le 1er juillet, en clef de voûte de sa politique de santé touristique, où les visiteurs devront attester d’un certificat de vaccination, d’immunité ou bien d’un test PCR négatif de moins de 72 heures ou un test antigène. Ce pass, couplé au fameux questionnaire PLF, qui a déjà laissé sur le tarmac de nombreux voyageurs, devrait, selon les dires du ministre, réussir à garantir la santé de tous.

 

Malgré toutes ces décisions, considérablement moins de visiteurs sont attendus qu’en 2019, mais les réservations, en constantes augmentations, rassurent nombre de Grecs. Le pays a, a priori, farouchement besoin du tourisme pour continuer à subsister. Pour beaucoup, après la crise du Covid-19 frappant de plein fouet l’économie de ce pays où le secteur d’activité représente quasiment un quart du PIB, cette saison pourrait être un nouveau souffle pour beaucoup.

 

Les hôtels prêts à dégainer

Les hôtels, campings, et autres sont dans les startings blocks. Rouverts depuis le 14 juin après 7 mois de fermeture forcée, les professionnels du tourisme tirent la langue. Ainsi dans le cadre de la reprise de leurs activités, ils se sont vus imposer plusieurs restrictions sanitaires. De bonnes intentions, qui ont le mérite d’exister, mais qui subsistent certainement plus pour apaiser le client que pour assurer sa réelle sécurité. Des mesures simples à exécuter sur le papier, mais qui, en réalité, demandent bien plus d’organisation. À tel point que la question sur l’applicabilité de ces mesures devient pertinente.

 

Tourisme en Grèce et combattre la propagation du virus

 

Le groupe Mitsis Hôtel, que nous avons joint, a bien conscience de cette situation « Nous comprenons que toutes les restrictions visent à protéger la santé et la sécurité des clients, ce qui est une priorité absolue pour nous. Nous avons réussi à le faire savoir à tous nos partenaires et c'est là que réside le succès de nos efforts. Il y a suffisamment de personnel formé pour servir rapidement et en toute sécurité ». Un message bien huilé d’une compagnie hôtelière qui n’a aucune raison de sauter les pieds dans le plat consciemment, mais qui témoigne tout de même d’une volonté de suivre les règles imposées. En espérant que dans l’euphorie de la saison, elles demeurent respectées.

 

Ainsi, les transats des piscines et des plages devront être séparés de 2 mètres minimum, les activités physiques, comme le beach-volley, sont déconseillées et les files d’attente dans les buffets des restaurants devront être à éviter. Ajouté à cela la fermeture des discothèques et l’interdiction des bars de diffuser de la musique (pour le moment), la Grèce nous offre un cocktail difficile à avaler pour les futurs visiteurs. L’impression que le pays souhaite s’octroyer tous les bénéfices (financiers) du tourisme, sans les inconvénients sanitaires qui en découlent.

 

Les yeux plus gros que le ventre

Pour en engranger, voilà que la Grèce a décidé d’ouvrir son pays aux touristes non européens avec les mêmes avantages que les européens eux-même. La Grèce en chevalier solitaire a décidé de ne pas respecter les ententes européennes en ce qui concerne les personnes vaccinées avec les vaccins reconnus par l’UE mais aussi l’OMS

 

En avril dernier, le ministre grec du tourisme, Haris Theocharis, a assuré aux Russes que le comité national de vaccination grec incluait le vaccin russe comme équivalent aux vaccins européens pour les voyages.

Harris Theoharis a tenu de ce fait à rassurer son homologue que la Grèce était prête à accueillir les touristes Russes qui étaient vaccinés avec le Sputnik V, sans aucunes autres contraintes. "Il n'y a donc aucun problème pour les citoyens russes qui sont vaccinés à venir sans avoir à subir une procédure de dépistage et des tests supplémentaires", déclaré M. Theocharis.

 

La Grèce reconnaît l'équivalence des vaccins européens avec ceux de Sputnik

Mais les ambitions du Ministre Theoharis, ont vite disparu à la suite des critiques formulées par l'Allemagne et la France. Les deux pays lui reprochent d'être trop laxiste à l'égard des touristes, et notamment de reconnaître le vaccin russe Sputnik V. La Grèce vient donc de décider qu’un test PCR serait obligatoire pour les touristes russes, même s'ils sont entièrement vaccinés avec le vaccin russe.

Le certificat européen COVID-19 ne reconnaît que les vaccins approuvés par l'Agence européenne des médicaments, à savoir Pfizer, J&J, Moderna et AstraZeneca.

Toutefois, il permet à un pays de reconnaître d'autres vaccins s'ils ont été approuvés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou par les autorités réglementaires d'autres États membres de l'UE.

Tourisme en Grèce et combattre la propagation du virus

 

Le vaccin russe Sputnik V n'a pas été autorisé par l'OMS mais d'autres pays européens comme la Hongrie l'ont fait. Dans la pratique, il y a un paradoxe : la Grèce peut accepter un certificat de touristes de Hongrie qui ont été vaccinés avec le Sputnik V, mais pas de pays tiers comme la Russie.

 

Lors d'un sommet la semaine dernière, des rapports ont suggéré que la chancelière allemande Angela Merkel - soutenue par le président français Emmanuel Macron - a reproché à la Grèce d'être trop laxiste avec le vaccin Sputnik V, car il n'est pas approuvé par l'EMA et, par conséquent, son efficacité contre la variante delta de la maladie n'est pas connue.

Cependant, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a rejeté ces rapports comme des "exagérations journalistiques".

" Mon évaluation personnelle, qui je pense est partagée par la majorité du Conseil européen, est qu'il n'est pas nécessaire d'imposer des restrictions supplémentaires sur les voyages en provenance de pays où cette mutation existe déjà et où sa propagation est plus prononcée ", a-t-il ajouté.

 

La Commission a déclaré, que selon la loi, Berlin est correct.

Cependant, sur le plan politique, elle pose de graves problèmes au secteur du tourisme grec qui s'efforce de survivre après les blocages successifs.

Les critiques à Athènes suggèrent que la position de l'Allemagne n'est pas une surprise et accusent Berlin d'adopter une position " paternaliste " sur cette question

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