Entre projet de corridor de transport et nouveaux échanges énergétiques avec les Etats-Unis, Athènes multiplie ces derniers mois les initiatives pour consolider son rôle de plaque tournante régionale. Un projet qui se concrétise peu à peu.


À l’heure où l’Union Européenne souhaite s’affranchir de sa dépendance au gaz russe, la mise en place d’ alternatives semble urgente. Si cette dépendance est déjà passée de 45% en 2021 à 19% en 2024, ce qui constitue une nette progression, les efforts doivent se poursuivre pour atteindre l’objectif d’un embargo total d’ici 2028.
Un projet de coopération de transport transfrontalier avec la Bulgarie et la Roumanie
Un pacte de coopération entre la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie, sous la supervision de la Commission européenne, devrait être signé d’ici la fin du mois. Le pacte prévoit la construction d’autoroutes et de lignes ferroviaires à grande vitesse afin de créer un corridor de transport transfrontalier qui reliant la mer Égée à la mer Noire, avec une possible extension vers la Moldavie et l’Ukraine.
Le commissaire européen chargé des transports durables et du tourisme, Apostolos Tzitzikostas qualifie la signature du pacte de « priorité européenne absolue ». L’accord incluerait un plan d’action détaillé assorti à des délais stricts pour offrir une voie commerciale plus rapide et plus fiable que les itinéraires actuels passant par le Bosphore.
Ce projet, financé en partie par l’Union européenne, placerait la Grèce au cœur du commerce entre l’Europe et l’Asie, tout en renforçant son rôle dans le transport énergétique. Il représenterait aussi une opportunité économique majeure, en stimulant le tourisme grâce à cette nouvelle liaison directe.
Enfin, Tzitzikostas souligne : « il ne s’agit pas seulement d’une infrastructure, mais d’une nécessité stratégique ». En effet, ces nouvelles routes faciliteraient la mobilité des troupes, des véhicules lourds et des équipements militaires, renforçant ainsi la défense de ces pays voisins de la guerre en Ukraine. Un atout non négligeable alors que la Russie multiplie les provocations envers l’Europe et que l’on parle de plus en plus de « guerre hybride » menée par Vladimir Poutine contre plusieurs Etats d’Europe de l’Est.
Un corridor qui servirait le partenariat énergétique avec les Etats-Unis
Pour s’affranchir de la dépendance à la Russie, Athènes mise sur de nouveaux partenariats énergétiques, notamment avec Washington. À l’occasion du sommet du P-TEC (Partnership for Transatlantic Energy Cooperation), qui s’est tenu les 6 et 7 novembre à Athènes, la coopération énergétique entre la Grèce et les Etats-Unis a été mise à l’honneur.
Les deux pays ont signé un accord à long terme pour l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) américain en Grèce dès 2030 et pour une durée de vingt ans. L’objectif est d’étendre les transferts de GNL depuis les terminaux grecs de Revithoussa et Alexandroupolis vers l’Europe centrale et orientale, en s’appuyant sur les futures axes routiers et ferroviaires menant à la mer Noire. Une opportunité économique de taille pour la Grèce, mais également dans l’intérêt de Washington.
Selon Tom Barrack, ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, l’administration Trump considère la Méditerranée orientale comme un « terrain fertile pour l’intégration énergétique », favorable à la fois aux revenus des Etats de la région et aux entreprises américaines.
En consolidant sa présence dans les flux énergétiques méditerranéens, Donald Trump cherche aussi à faire progresser le corridor Inde – Asie du Sud-Ouest – Europe, présenté comme contrepoids à l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie. Pour rappel, ce projet lancé en 2013 et qualifié de « projet du siècle » par Xi Jinping vise à relier la Chine et l’Europe à travers un vaste réseau de corridors routiers et ferroviaires.





























