Tandis que l’expérimentation croissante des semaines de quatre jours et du travail flexible progresse en Europe, la Grèce affiche un tout autre tableau. Malgré les stéréotypes tenaces sur une prétendue fainéantise des Grecs, les données mettent en valeur une tout autre réalité : les quelques 10,4 millions d’entre eux sont ceux qui travaillent le plus en Europe. Et pourtant, leurs efforts sont loin d’être récompensés.


Travailler plus, gagner moins
Une enquête récente d’Eurostat met fin aux clichés : les Grecs affichent le plus grand nombre d’heures de travail hebdomadaires en Europe, mais se retrouvent avec des salaires parmi les plus faibles du continent et un pouvoir d’achat très limité.
En 2024, un salarié grec travaillait en moyenne 39,8 heures par semaine, contre une moyenne dans l’Union européenne de 36 heures. À titre de comparaison, aux Pays-Bas, un employé gagne environ 44 000 € par an pour une semaine de 32 heures, tandis qu’en Grèce, on parle plutôt de 18 000 € pour près de 40 heures. Si l’on ajoute les petits boulots et le travail non déclaré, la réalité dépasse souvent les 46 heures hebdomadaires.
Sans surprise, 61 % des travailleurs grecs déclarent que leur emploi nuit à leur santé mentale et physique. 64 % estiment que le stress professionnel empiète sur leur vie personnelle, et près de la moitié peinent à y faire face.
La semaine de six jours : solution ou fuite en avant ?
Tandis que d’autres pays européens avancent vers la semaine de quatre jours ou des formes de travail plus souples, la Grèce a récemment instauré la semaine de six jours. Cette mesure, ciblant les entreprises à fonctionnement continu, vise moins l’équilibre de vie que le comblement des pénuries de main-d’œuvre. Si cette réforme n’en est qu’à ses débuts et que ses effets restent à évaluer, sa mise en place progressive en dit long sur l’orientation du marché du travail grec.
Des efforts non récompensés
Pour de nombreux Grecs, le travail n’est pas simplement à temps plein : il occupe toute leur vie. Pourtant, les études et expérimentations menées ailleurs en Europe montrent que de meilleures conditions de travail, et surtout moins d’heures hebdomadaires conduisent souvent à une productivité plus élevée.
Le paradoxe grec est frappant : malgré de longues heures de travail, les Grecs restent parmi les moins productifs de l’UE. Non pas par manque de volonté, mais en raison d’outils obsolètes, de conditions de travail pénibles et d’un déficit en innovation et en automatisation. Le burnout ne se combat pas à coups de journées à rallonge, mais c’est pourtant la voie que semble prendre le pays.






















