Nous utilisons régulièrement, sans même nous en rendre compte, des expressions imagées pour formuler des notions abstraites. Elles colorent le langage et frappent l'imagination. Toutes les langues en sont truffées. Voici le premier volet de notre introduction aux expressions françaises et à leur équivalent grec…
En ce qui concerne les expressions idiomatiques, les langues s'empruntent mutuellement des mots, ce qui explique des équivalences, voire des similitudes parfaites entre deux langues étrangères. En revanche, certaines expressions sont difficiles à décoder ou sont totalement hermétiques aux non-initiés puisqu'elles renvoient à des images différentes.
«Il ne faut pas courir plusieurs lièvres à la fois»
Il est important de savoir que les origines des expressions sont très diverses : elles peuvent être issues du folklore, de la littérature (La Fontaine pour le français ou Ésope pour le grec), de la mythologie, du quotidien (références rurales, agraires, vocabulaire de la chasse) ou encore du corps humain. Dans certains cas, c'est le français qui s'est inspiré de l'Antiquité grecque.
Par exemple, pour exprimer l'idée qu'il vaut mieux faire une chose à la fois pour éviter de se disperser et ainsi assurer la réussite de son projet, on utilise en français l'expression « Il ne faut pas courir plusieurs lièvres à la fois » ou encore « Qui chasse deux lièvres n'en prend pas un ». Que vous ayez déjà chassé ou pas, vous savez bien qu'il n'est pas possible de viser deux lièvres en même temps…
Le grec de son côté utilise exactement la même expression, une petite nuance en plus : « Όποιοςκυνηγάειδυολαγούςκανέναδεβαρά », soit « Qui chasse deux lièvres n'en tue aucun ».
Si ces deux expressions se ressemblent, c'est probablement parce que le français se serait inspiré du recueil d'Érasme, Les Adages (paru en 1500), compilation d'expressions empruntées aux auteurs grecs et latins de l'Antiquité.
(www.lepetitjournal.com/Athenes) lundi 12 juin 2017

























