Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Ali : « L’Europe n’est pas ce que j’imaginais »

Grèce premier pays pour les refugiés en EuropeGrèce premier pays pour les refugiés en Europe
I.O.M
Écrit par Sarah Fenzari
Publié le 20 juillet 2021

Le pays d'Homère est redevenu la première porte d'entrée des migrants et des réfugiés en Europe, avec près de 75.000 arrivées, par la mer principalement, loin devant l'Espagne et l'Italie.

 

Ali Migrant Pakistanais en Grèce


Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale des migrations, plus de 16 000 migrants ont atteint les côtes grecques depuis le début de l’année, contre 12 000 en Espagne et 3 000 en Italie.

Ali est un migrant pakistanais. Ce jeune homme mate de peau, aux yeux marrons et à la chevelure noire est arrivé en Grèce il y a plus de treize ans et vient d’être naturalisé. A travers un récit riche en émotion, il raconte son quotidien dans un pays qui ne l’accepte pas. 

Ali Migrant Pakistanais en Grèce
Sarah Fenzari 

Quitter la misère pour la misère 

Contrairement à ce que l’on pense, une majorité de migrants sont instruits, et ont une bonne situation dans leur pays. C’est le cas d’Ali, qui lui, a fait des études jusqu’à devenir banquier. « Au Pakistan, je faisais partie de la classe moyenne, je vivais en ville, j’avais une bonne situation. Mes parents m’ont donné la chance de m’instruire pour avoir la meilleure vie possible. » dit-il, nostalgique. 

Lassé de voir la misère s’étaler autour de lui, avec un État inactif, une pauvreté grandissante, de plus en plus de maladies, le trentenaire a tout quitté pour suivre des membres de sa famille partis du pays à la conquête de l’Europe. Un choix qu’il regrette amèrement. 

 

Le rêve Européen

En 2017, plus de 48% des personnes arrivées en Grèce étaient d’origine Pakistanaise. Ce pourcentage s’explique par le fait que la jeunesse pakistanaise rêve de la vie occidentale, et la Grèce est leur porte d’entrée. 

Ali explique que pour eux, vivre et travailler en Europe c’est le rêve absolu, la réussite de toute une vie. 

Lui a finalement découvert que le continent n’avait rien à voir avec ses attentes.

Vivant dans la rue Sofokleous, quartier réputé pakistanais au centre d’Athènes, le jeune homme enchaîne petit boulot sur petit boulot pour subvenir à ses besoins. Dans un excellent anglais, il explique que son niveau de vie a largement baissé par rapport à son pays natal. Café et cigarette à la main, il livre son ressenti. « Ce que je comprends aujourd’hui, c’est qu’il n’y a rien pour nous ici. Même avec des diplômes. J’ai postulé dans d’innombrables banques, je suis cultivé, présentable, mais personne ne veut de moi. J’enchaine alors des petits boulots payés au noir, pour survivre. Être parti du pays n’aura servi à rien. »

 

Son avenir en Grèce, ou pas…

Compte-t-il rester ici pour plusieurs années ? La réponse est un non affirmatif de la part du jeune homme. En riant, il se justifie. « Je mets tout en œuvre pour partir d’ici. Je voudrais aller en Allemagne ou en Angleterre. J’ai de la famille là-bas, et ils ont du travail, une bonne situation. Mais je ne veux pas me précipiter comme la première fois, je veux partir de manière intelligente. J’espère m’envoler pour l’Allemagne à la fin de l’année, si Dieu le veut. »

Ali Migrant Pakistanais en Grèce

 

« On est laissés à l’abandon »

« Je ne suis pas heureux ici. Tous les migrants et les réfugiés vous le diront, personne ne nous intègre. Il n’y a aucun système mis en place. C’est une façade, lorsque l’on demande des renseignements ou bien de l’aide, personne n’est là pour nous répondre. On est laissé à l’abandon. » confie-t-il, la voix tremblante. 

 

Au début de l’année, sous les ordres de l’Union Européenne, la Grèce a réduit de 40 000 à 17 000 le nombre de migrants coincés sur ses îles.

Pour Georges Koumoutsakos, ministre suppléant de la protection des citoyens, chargé des aspects extérieurs de la migration, la politique migratoire doit "respecter les droits de l'Homme mais aussi [...] la sécurité des citoyens grecs et du pays".

Aujourd’hui, environ 70 000 migrants et réfugiés vivent en Grèce, un pays qui compte au total 11 millions d’habitants.

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions