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Adapter des chansons françaises en Grec, le pari de Nikos.Z

un appartement avec des instruments de musique un appartement avec des instruments de musique
Wes Hicks
Écrit par Hélène Decaestecker
Publié le 13 mai 2021, mis à jour le 14 mai 2021

Peut-on transmettre l’esprit de chansons de ces artistes dans une autre langue, en restant le plus fidèle possible au texte initial ? Nikos en a fait le pari. Georges Brassens, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, Georges Moustaki, Alain Souchon... Nikos.Z, de son nom d’artiste, est un amoureux des chansons françaises et partage cet intérêt dans son pays natal, la Grèce.

 

Nikos Z l'homme qui traduit les chansons françaises en Grec

 

Pour l’amour de la chanson française

Tout commence lorsque Nikos atterrit à Paris dans les années 90, pour y effectuer un DEA à l’université de Paris 1, dans le domaine des philosophies des sciences. “Lorsque je suis arrivé en France, à l’automne 1994, mon premier compagnon c’était la radio, j’écoutais beaucoup Nostalgie !”, se souvient -il. “Lorsque tu débarques dans un pays, tu cherches à te repérer. Ce n’est pas seulement une question de langue mais aussi de culture. Mon Français n’était pas terrible, alors je me suis appuyé sur les chansons comme moyen de m’intégrer à ce pays”, poursuit-il.

 

Ces chansons, Nikos.Z a commencé, petit à petit, à les comprendre, à les aimer.

A l’époque, j’avais une bande d’amis Français et Grecs avec laquelle nous jouions de la guitare et d’autres instruments. Peu à peu, nous avons commencé à intégrer dans notre répertoire des chansons françaises que nous aimions et mes amis français me demandaient toujours ce que racontaient les chansons grecques qu’ils trouvaient belles ! Lorsque je suis rentré en Grèce en 2002, c’était l’inverse ! Mes amis grecs voulaient savoir ce que signifiaient les chansons françaises que je reprenais avec mes amis, en France.” C’est ainsi que l’aventure a commencé.

Passionné de traduction, Nikos se plaisait à traduire au mieux les paroles et l’essence des chansons qu’il aimait. Aujourd’hui la traduction est une activité complémentaire à son métier de fonctionnaire. “Pour traduire il faut comprendre. Ça me permettait aussi de mieux saisir les chansons que j'aimais et de me lancer un défi : Est-ce que je peux transmettre l’esprit des chansons françaises que j’aime dans la langue grecque, tout en restant aussi fidèle que possible au texte initial et de sorte à ce que ce soit agréable à l’oreille ?

Nikos Z l'homme qui traduit les chansons françaises en Grec

 

L’histoire d’un pari

"Ma conviction, en tant que traducteur qui a vécu entre deux cultures, c’est que non, ça n’est pas une fatalité de trahir le texte. On peut y rester fidèle. Bien sûr, la culture imprègne tout : la langue, les mots. Adapter une chanson est une question de sensibilité, de volonté à en transmettre l’esprit. Si tu aimes, que tu investis du temps, de l'énergie, ça peut marcher !” affirme Nikos.

L’une de ses dernières adaptations par exemple, la Chanson pour l’Auvergnat du célèbre auteur compositeur français Georges Brassens, peut sembler intraduisible. Pas de quoi freiner notre chanteur, car pour lui, ce qu’elle dégage est universel. “J’essaye autant que possible de garder le rythme initial de la chanson que je traduis car il fait partie de ce que voulait transmettre l’auteur. Ici, la chanson pour l’Auvergnat est composée de trois “images” (trois temps). J’ai cherché à traduire ces trois images et j’ai ajouté à ma production une introduction pour expliquer l’histoire de cette chanson. Et je crois que ça fonctionne ! “ Assure-t-il.

Si Nikos.Z se considère amateur pour le moment, il aimerait collaborer avec des musiciens, pour améliorer l’adaptation et la qualité artistique de ses productions. “Si à l’inverse, un Français souhaite traduire des chansons grecques dans sa langue, je serais ravi de l’aider ! Je suis limité par ma langue natale, mais nous avons en Grèce de très belles productions. L'originalité de la chanson d'après-guerre est exceptionnelle mais ne passe pas souvent les frontières.” déplore-t-il.

Pour le chanteur, donner, en quelque sorte, une seconde vie et identité à ces morceaux permet aussi de rapprocher les deux pays. Sa page Facebook, intitulée “Τα νατουραλιζέ- Les Frangrecs”, (terme grec qui désigne la naturalisation), est d’ailleurs un clin d’œil à ceux qui, comme lui, ont été confrontés à l’entre-deux cultures.

Pari gagné ? A vous d'écouter !

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