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Un an après l'incendie du camp de Moria, la Grèce face aux critiques

Incendie du camp de Moria en GrèceIncendie du camp de Moria en Grèce
Écrit par AFP
Publié le 6 septembre 2021, mis à jour le 6 septembre 2021

Un an après la destruction par le feu du camp de Moria à Lesbos, alors le plus important d'Europe, la Grèce se targue d'avoir régulé les arrivées et l'accueil des migrants sur ses îles, mais suscite aussi des critiques.

A l'aube du 9 septembre 2020, le camp surpeuplé de Moria, connu pour ses conditions de vie sordides et ses violences inter-ethniques, était ravagé dans deux incendies successifs.

Personne n'est mort mais ce fut l'étincelle de l'exil chaotique de plus de 12.000 demandeurs d'asile laissés sans abri qui se sont déversés sur les routes de Lesbos au grand dam des insulaires en colère.

Le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi avait immédiatement accusé des "demandeurs d'asile" d'avoir allumé le feu.

afp

Selon plusieurs témoins, une dispute avait éclaté alors qu'environ 200 migrants refusaient d'être placés en quarantaine après avoir été soit testés positifs au coronavirus, soit en contact avec un malade.

Six jeunes Afghans ont été condamnés pour incendie volontaire, dont quatre à dix années de prison et deux mineurs à cinq ans.

Mustafa Hosseini est toujours convaincu que son jeune frère est innocent. Mahdi, 18 ans, avait obtenu l'asile, explique-t-il à l'AFP. "Il était sur le point de venir, il était libre de quitter l'île. Alors pourquoi aurait-il brûlé Moria ?", ajoute-t-il.

Ce réfugié de 23 ans qui vit sur le continent grec soutient que les six Afghans ont été injustement dénoncés par un seul témoin pachtoune parce qu'ils étaient des Hazaras, un groupe ethnique minoritaire en Afghanistan.

- Le nouveau camp: solution provisoire? -

La destruction du camp de Moria a conduit à la création de Mavrovouni, un camp construit à la hâte sur un ancien site de l'armée "battu par les vents", selon les habitants de Lesbos, et inondé l'hiver dernier.

afp

Mireille Girard, représentante de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Grèce, reconnaît que beaucoup de travail a été fait pour améliorer l'infrastructure qui n'était initialement pas prévue pour durer. "Les normes sont bien meilleures qu'à Moria et bien meilleures que l'année dernière", précise-t-elle à l'AFP.

"Ceci dit, ce n'est pas une solution durable, il faut sortir des camps de tentes. Personne ne devrait avoir à passer l'hiver dans des tentes. Une tente c'est du provisoire. Des tentes après un feu, oui, mais un an après ?", demande-t-elle.

La cheffe du HCR en Grèce regrette la fermeture, dans les mois qui ont suivi l'enfer de Moria, de deux infrastructures alternatives "à dimension humaine" qui offraient des conditions de vie convenables aux migrants vulnérables à Lesbos.

Le 30 mars 2021, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a annoncé à Lesbos une allocation de 276 millions d'euros de fonds européens à la Grèce pour de nouveaux centres d'accueil des migrants sur cinq îles de la mer Egée face à la Turquie, dont Lesbos.

Le nouveau camp de Lesbos devait être livré avant l'hiver, mais les travaux n'ont pas encore commencé. Celui de Samos doit cependant ouvrir fin septembre.

- Durcissement de la politique migratoire -

Malgré le retard, les autorités se félicitent de la décongestion significative des camps sur les îles. A Lesbos, il ne reste plus que 3.752 migrants, selon les chiffres officiels, contre près de 13.000 il y a un an.

Des centaines de demandeurs d'asile ont été transférés sur le continent pendant que les arrivées baissaient de manière spectaculaire.

"La réduction des arrivées de 84% de même que la décongestion des camps des îles de 79% nous permettent d'entrevoir l'avenir avec optimisme", soulignait mi-août le ministre des Migrations.

Mais les organisations humanitaires fustigent le recours systématique aux refoulements de migrants vers la Turquie.

"Un an après l'incendie catastrophique du camp de Moria et ses conséquences, la Grèce continue de s'opposer fermement aux réfugiés et à leurs droits", déclare à l'AFP Epaminondas Farmakis, cofondateur de l'ONG Human Rights 360, soulignant la multiplication des "témoignages" de refoulements.

Le gouvernement conservateur grec a toujours nié ces accusations.

Vendredi, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, a condamné la Grèce pour un projet de loi visant à accélérer les retours de migrants vers la Turquie, alors que les autorités grecques redoutent une nouvelle vague d'arrivées de réfugiés afghans.

Lors d'un débat sur ce texte au parlement, M. Mitarachi a réaffirmé vendredi que la Grèce ne serait "plus jamais la porte d'entrée du continent européen".

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